Les marchés grimpent et grimpent, s’appuyant sur l’argent gratuit distribué par les autorités américaines – et favorisant la spéculation sur toutes sortes de supports. Mais parallèlement, l’économie réelle s’enfonce dans le marasme…
Toutes les semaines, des chiffres macro sortent partout dans le monde et, c’est pareil, nos spécialistes sont à chaque fois surpris.
Le mois dernier, aux Etats-Unis, les analystes s’attendaient à une légère baisse des ventes au détail et à une reprise de la production industrielle… Malheureusement, c’est une baisse contre toute attente de 3,5% des ventes au détail qu’on a affaire ; le consensus était à -0,9%. Et, surtout, une baisse de 2,2% de la production industrielle, alors qu’elle était attendue à +0,6% !
Cette baisse de la production industrielle fait replonger le chiffre d’utilisation des capacités à 73,8%. Ce dernier chiffre est important car il vous explique pourquoi il ne peut y avoir d’inflation.
En effet, l’inflation ne peut venir que si l’appareil productif est engorgé.
Est-ce bien le cas ?
Le graphique ci-dessous explique aussi pourquoi il n’y a pas de tensions sur les salaires ; vous pouvez constater que le marché du travail est à son niveau de 2008 selon les données officielles (rouge). Vous pouvez même constater que selon les données retraitées pour coller au réel, il n’y a JAMAIS eu de retour à des niveaux inférieurs.
En récession depuis le début du siècle
En dépit d’une impression monétaire gigantesque – 39% des dollars existants ont été créés sur la seule année 2020 et cela continue en 2021 –, les Etats-Unis ne sont pas en croissance, ils sont en récession. Toujours en se basant sur des données plus proches de la réalité, on voit qu’ils le sont depuis le début de la décennie 2000.
Dans le graphique ci-dessous, vous avez les derniers chiffres de la Fed concernant la dette totale (privée et publique) en 2020. Dette qui a encore considérablement augmenté sur le premier trimestre en cours. La dette totale est de 83 500 Mds$, soit près de 400% du PIB. La dette publique est de 128% du PIB, à 26 800 Mds$. On devrait finir l’année 2021 avec plus de 30 000 Mds$ de dette publique.
En fait, on vous fait passer pour de la croissance ce qui n’en est pas.
Les banquiers centraux créent une illusion de croissance en imprimant ce qui devient de la dette. Ils en donnent une partie au monde de la finance et une partie directement à la population. Sachant que, dans l’équation, ce qu’ils donnent à la population se retrouvera très vite dans le système financier.
Si on ne creuse pas la question, on pourrait croire que c’est finalement une bonne chose de donner directement à ceux qui en ont besoin. C’est ce que l’on nomme l’« helicopter money » et que certains « économistes de gauche » appellent de leurs vœux depuis longtemps.
Les conséquences de l’argent gratuit
Avant The Walking Dead, il y avait monsieur Trump, ce « malfaisant, raciste, fou, non belliqueux, même pas Nobel de la paix, agent russe » et j’en passe, qui a envoyé des chèques à tous les Américains qui travaillaient.
Quel en a été le résultat ?
D’abord, de maigrement compenser l’effondrement de huit années d’Obama. Mais, surtout, cet argent a été utilisé pour ouvrir des comptes Robinhood, ce qui a permis de gonfler les actifs boursiers encore plus pour que les gros puissent sortir et réaliser leurs plus-values.
Cela a contribué à l’inflation des actifs financiarisés – dont l’immobilier et les matières premières alimentaires. Cela revient à reprendre d’une main ce que vous avez donné de l’autre.
Cela contribue à concentrer les richesses dans un petit nombre de mains, celles qui détiennent les actifs. Et ce n’est pas la majorité de la population, mais bien les 0,1% les plus riches…
Toujours plus de liquidités, toujours moins de liberté
Je rappelle que plus de la moitié des Américains n’ont pas 400 $ devant eux.
Ce phénomène d’augmentation des prix des matières premières alimentaires et de l’immobilier aura de graves répercussions sur la pauvreté dans les pays occidentaux et déclenchera des famines dans les pays sous-développés.
Comme si cela ne suffisait pas, depuis décembre 2020, la Bourse de Chicago a eu une idée géniale : il est désormais possible pour les investisseurs d’acheter de l’eau sur les marchés financiers. Les contrats Veles California Water, des futures adossés à l’indice Nasdaq, s’échangent au Chicago Mercantile Exchange.
Evidemment, on présente cette nouvelle occasion de trading comme suit :
« Elle fournira aux utilisateurs agricoles, commerciaux et municipaux d’eau une plus grande transparence, une meilleure détermination des prix et un meilleur transfert des risques, ce qui peut contribuer à aligner plus efficacement l’offre et la demande de cette ressource vitale. »
Ne vous inquiétez pas bonnes gens, cet instrument ne servira nullement à spéculer sur une ressource vitale, mais seulement pour des opérations de couverture. Quand on aura assisté à un triplement (ou plus) du prix de l’eau et que cela la rendra inaccessible pour beaucoup, que fera-t-on ?
On dira la bouche en cœur que c’était « unexpected »…
Décidément, dans la finance, on n’est jamais à court de blagues !!