La tendance inflationniste enfle et se précise… et pourrait durer plusieurs décennies. Les premières victimes seront les épargnants et les retraités : comment mettre efficacement votre argent à l’abri ?
Nous avons vu hier que les autorités sont confrontées à un casse-tête insoluble, entre l’inflation et la déflation.
Quoi qu’elles fassent, elles ne peuvent pas lutter contre la démographie – et une tendance inéluctable : un monde de faible croissance et de déclin de la population en âge de travailler.
Cela ne signifie qu’une chose : des salaires plus élevés. Et des salaires plus élevés dans un environnement de faible croissance, cela veut dire de l’inflation.
On ne peut éviter une forte tendance inflationniste susceptible de persister pendant vingt ans ou plus, comme cela a été le cas de 1965 à 1985. L’inflation est l’environnement au sein duquel toutes les autres variables seront suivies, sur le plan des politiques.
Les banques centrales ne peuvent rien faire pour stopper cela.
Les travailleurs qui n’obtiennent pas les augmentations de salaire qu’ils souhaitent partiront ailleurs. Ils auront l’embarras du choix, dans un monde où il y aura une pénurie de main-d’œuvre.
Et on ne peut pas compter sur les autorités pour remédier à la situation…
Les banques centrales tarderont à identifier cette tendance (comme d’habitude). L’inflation les prendra de court. Il se peut qu’elles commencent à relever les taux, pour la gérer, mais cela aura un impact dévastateur sur les finances publiques en raison des ratios d’endettement élevés.
Personne ne s’est préoccupé de la dette lorsque les taux étaient à zéro ou 1%. Si la dette doit être refinancée à des taux se situant dans une fourchette de 7% à 8%, il faudra encore plus d’émission d’argent et d’assouplissement monétaire pour faire face. Ce qui aggravera encore plus l’inflation.
Les banques centrales découvriront peut-être que l’inflation n’est pas totalement un problème, dans la mesure où elle réduit la valeur de la dette publique. Les gouvernements pourraient être gagnants, dans ce scénario.
Epargnants et retraités, les principaux perdants
Les perdants seraient les petits épargnants, les retraités et ceux qui s’appuient sur l’assurance, les rentes, les pensions et les obligations à taux fixe pour régler leurs factures.
Contrairement à ce que croit la plupart des gens, la performance des actions est médiocre, dans un contexte inflationniste. Le coût des salaires, des stocks, des immobilisations, des intérêts et des loyers, a tendance à grimper plus vite que le chiffre d’affaires, ce qui contracte les marges bénéficiaires.
Les plus grands gagnants seront ceux qui possèdent des actifs tangibles tels que du pétrole, des ressources naturelles, de l’or, de l’argent et de l’immobilier. Certains secteurs du marché actions pourraient aussi surperformer, notamment celui de la santé.
Cette vague inflationniste mondiale et historique ne va pas s’abattre du jour au lendemain.
Les vagues démographiques évoluent lentement, et leurs conséquences économiques font de même. Mais tout comme un glacier, leurs dynamiques sont puissantes, et le mouvement est inexorable.
Comment réagir ?
L’année qui vient se caractérisera encore par les dynamiques déflationnistes et inflationnistes apparues avec la pandémie. Cela sonne le glas de 30 ans de déflation tendancielle.
Dès 2022, nous commencerons à voir les premiers signes de cette vague inflationniste. Elle durera 20 ans ou plus.
Les banques centrales continueront à deviner les taux naturels, les contraintes de rendement, les taux directeurs et les taux de change. La plupart du temps, elles se tromperont en devinant, mais ce processus visant à tenter de deviner juste limitera leurs actions.
A la fin, les taux nominaux augmenteront pour combattre l’inflation, les taux réels augmenteront pour susciter des investissements de capitaux (nécessaires pour compenser les pénuries de main-d’œuvre), les salaires augmenteront et l’inflation dépassera les augmentations de taux d’intérêt.
Les actions, les obligations et les retraités seront pénalisés. Les actifs tangibles et les Etats très endettés seront gagnants.
Comme toujours, ceux qui se seront positionnés les premiers avant ces vagues seront les plus gagnants. L’inflation représentera l’environnement mondial pendant les décennies à venir.
Tout le reste ne sera, au mieux, que du contenu politique et, au pire, un vulgaire bruit de fond.