De Rerum Natura, de la nature des choses, a inspiré des générations de penseurs. C’est un ouvrage qui contient en germe la notion d’ordre spontané.
« Ce n’est certes pas par un dessein préconçu, par la réflexion d’un esprit sagace, que les éléments des choses se sont coordonnés ; ils ne sont point convenus par traité de leurs mouvements respectifs. Partout, à jamais, poussés des par chocs innombrables, s’essayant à tous les genres de mouvements et de combinaisons, ils arrivent enfin à ces agencements qui constituent l’ordonnance présente des choses. Il faut bien que la force de la matière soit infinie comme elle. »
— Lucrèce, De Rerum Natura
Le marché boursier ne bouge guère, dans un sens ou dans l’autre. Les investisseurs semblent attendre de voir ce qui va se passer ensuite.
Un nouveau shutdown gouvernemental ? Un accord commercial avec la Chine ? Un mur ?
En attendant, le monde tourne… les oiseaux continuent de chanter dans les arbres… et nous les humains, nos cœurs pleins de passion, de jalousie et de haine… eh bien, il se passe des trucs.
Nous sommes de passage à Paris, en route vers l’Amérique du Sud.
Hier, nous sommes allé de notre hôtel dans le septième arrondissement à l’Opéra par le pont enjambant la Seine, près des Tuileries.
Là, des enfants couraient parmi les arbres en poussant des cris de joie, des amoureux se promenaient main dans la main, s’arrêtant de temps en temps pour se prendre en photo. Et au-dessus de la Seine, ils accrochaient des cadenas à la balustrade elle-même.
Les cadenas sur le pont au-dessus de la Seine
Cal + Beth
Ces cadenas signalent de remarquables actes de foi, d’espoir et de délire. Cal et Beth affirment qu’ils s’aimeront pour toujours. De même pour Jenny et Eric, Bridget et John, K et R, et des milliers d’autres.
Evidemment, aucun d’entre eux ne connaît les surprises que la vie lui réserve.
Cal s’apercevra peut-être qu’il déteste la moue de Beth ; Jenny va peut-être découvrir qu’Eric est un tordu ; les tendances lesbiennes latentes de R. prendront peut-être le dessus.
Il se passe des trucs.
Les Belles Lettres mènent le monde
Les lecteurs ayant un sens aigu de la géographie auront vite remarqué que nous ne vous disons pas tout. Pourquoi sommes-nous à Paris ?
La distance la plus courte entre deux points, c’est la ligne droite. Et si l’on traçait une ligne entre les marécages du Maryland et les pampas argentines, elle n’approcherait pas de l’Europe.
Mais nous avons des affaires à régler. Nous sommes allé en Irlande vérifier notre nouvelle maison… notre foyer pour les cinq années à venir.
Nous sommes ensuite passé à Paris pour préparer une fête. Bientôt arrivera le 100ème anniversaire de l’une de nos entreprises parisiennes, la maison d’édition Les Belles Lettres.
La société, que nous avons acquise presque par accident, a été fondée durant la Première Guerre mondiale pour publier les classiques grecs et latins — dans leur version originale.
A l’époque, les Allemands dominaient ce secteur de l’édition. Les amateurs de lettres classiques français, dans les tranchées, auraient préféré mourir qu’être surpris avec un livre allemand en poche — une chose qui avait d’ailleurs toutes les chances de se produire. Ils ont donc monté leur propre maison d’édition.
Cependant, publier des livres en grec et en latin n’est pas une affaire très profitable. Qui lit L’Iliade en version originale ? Bien peu de gens, hélas.
Les Allemands ont eu le bon sens de laisser tomber il y a des années, de sorte que notre petite entreprise s’est retrouvée leader mondial en la matière.
Nous nous préparons à marquer cet anniversaire par un gala en avril ; il se pourrait que le président de la France soit présent.
De Rerum Natura une nouvelle fois oublié
L’un des ouvrages publiés par Les Belles lettres est un ouvrage d’une stupéfiante intuition, De Rerum Natura, de Lucrèce — une lecture indispensable. Le texte, perdu pendant plus de 1 000 ans, était si prisé de Thomas Jefferson qu’il en avait cinq exemplaires dans sa bibliothèque.
Qu’avait-il de si important ? Qu’est-ce que Jefferson a trouvé dans l’œuvre d’un homme mort depuis de 2 000 ans qui l’a aidé à comprendre le monde et à poser les fondations de l’un des pays les plus prospères de l’Histoire ?
Est-ce que Nancy Pelosi, Donald Trump et d’autres dirigeants actuels en ont entendu parler ? A côté de quoi passent-ils ?
Ah, cher lecteur, vous nous en demandez trop. Les érudits débattent de ce que Lucrèce voulait dire et pourquoi depuis des centaines d’années.
L’idée de base est simple : les choses arrivent quoi qu’on en pense — notamment l’amour.
« Nous nous sommes rencontrés durant un cocktail », a déclaré une femme qui fêtait récemment ses 50 ans de mariage. « Je ne sais pas ce que nous pensions… ou si nous pensions… mais un mois plus tard, nous étions fiancés ».
Ils ont à présent quatre enfants et 23 petits-enfants.
Lucrèce, suivant le penseur grec Démocrite et le philosophe Epicure, voyait le monde entier comme une série de collisions aléatoires (laissant toutefois un peu de place pour les choix conscients et ce qu’il appelait les « embardées »).
Ecrivant avant la naissance du Christ, il avait plus ou moins anticipé à la fois la théorie atomique et la théorie de l’évolution.
Il avait également vu l’effet « féminisant » de la civilisation ; il ouvre son poème épique en conseillant à Vénus de calmer Mars et d’épargner de nouvelles guerres à Rome.
Votre cerveau vous prouvera les préjugés que vous voulez
Avec tout cela, il ne reste guère de place pour nos pensées pathétiques. Pour les choses les plus importantes, de toute façon, mieux vaut probablement ne pas réfléchir du tout.
Nous n’avons pas conçu les atomes… pas plus que nous contrôlons l’évolution… ni même (avec un peu de place pour le libre arbitre) nos propres pensées.
Réfléchir ne fait que justifier et rationnaliser vos préjugés et instincts. Si vous pensez que Nancy Pelosi est une canaille… si vous voulez faire la guerre à l’Iran… si vous avez le sentiment que Donald Trump est un homme très « moral » — il ne faut pas longtemps à votre cerveau pour vous le prouver !
Un dicton : nous en venons à penser ce que nous devons penser lorsque nous devons le penser. Dieu merci ! Sinon, la plupart d’entre nous ne penseraient pas du tout.
Et Dieu merci pour Jenny, John, K, Cal, Eric, Bridget, R… et tous les autres amoureux. Sans eux, le rideau tombe et le spectacle s’achève… pour toujours.
1 commentaire
Les évènements arrivent quand ils doivent arriver. Le fruit tombe quand il est mûr. Le froid et le chaud s’installent dans les hémisphères opposés lorsque la Terre bascule sur son axe en tournant autour du Soleil, etc.. La Grande Crise Financière – GCF – arrivera lorsque les facteurs nécessaires à sa venue seront en place. Risquons une hypothèse : Quand ceux qui y auront intérêt le décideront. Jusqu’à maintenant, tout est fait pour que cela n’arrive pas. Les digues sont renforcées dès que le niveau de risque monte. C’est là que le perturbateur Trump intervient. Ce n’est pas lui qui va décider d’ouvrir les vannes mais c’est lui qui en sera tenu pour responsable. Le grand capital gagne de l’argent en exploitant les pauvres des pays du Tiers Monde – dit « en développement » – Trump et sa guerre commerciale est un caillou dans leur chaussure dont ils veulent se débarrasser. Le jour J de la GCF, les hommes du Grand Capital déclencheront l’hallali contre leur bouc-émissaire en vendant massivement ce qui leur restera de papier. Ils auront évidemment pris leur précaution avant en échangeant le plus gros de leur papier en liquidités et actifs tangibles et négociables. Quand ? Avant les primaires serait le bon moment, ce qui veut dire au cours du dernier trimestre 2019. Ceci n’est pas un conseil d’investissement mais une simple hypothèse car ce qui doit arriver…