Les marchés financiers sont en mode rebond. Mais ce pourrait bien être un piège pour les optimistes car l’environnement a changé par rapport à 2015-2016.
Non seulement le resserrement monétaire n’est maintenant plus du tout à l’ordre du jour mais Donald Trump promet de s’arranger avec la Chine. Il n’en faut pas plus pour que les marchés financiers renouent avec la hausse.
Me serais-je trompé ? Aurais-je dû, moi aussi, grappiller des miettes de plus-values bidons reposant sur de l’argent bidon plutôt que d’agiter en début d’année ce drapeau noir « alerte au krach » ?
Ha, vous connaissez la réponse, cher lecteur : trop tôt encore pour le dire. Si le Standard & Poor’s 500 dépasse 2 900, je me couvrirai la tête de cendres et j’irai panser mes blessures d’amour-propre très loin dans un endroit isolé où les sangliers ne me connaissent pas.
Pour les amateurs d’analyse technique, voici quelques éléments graphiques.
Evolution de l’indice S&P 500 depuis 20 ans
La ligne rouge est la « moyenne mobile exponentielle » : lorsque l’indice passe en dessous comme en 2001 ou en 2008, c’est mauvais signe. Mais il s’agit aussi quelquefois de fausses alertes comme en 2011, 2012, 2015 ou 2016.
Et puis, il y a les « indicateurs MACD » censés prévenir de l’arrivée des marchés baissiers. Dans un marché baissier, la ligne noire est en dessous de la ligne rouge.
Autrefois, l’analyse technique était réservée à une élite qui savait effectuer des calculs complexes demandant beaucoup de temps.
De nos jours, n’importe qui accède à ces courbes qui sont surveillées par de puissants ordinateurs programmés par les traders. L’analyse technique justifie beaucoup de choses a posteriori…
L’instant du retournement est celui où les émotions changent, pas les chiffres
Prévoir l’instant exact d’un retournement de tendance est quasiment impossible. Il s’agit, tout simplement, d’émotions.
Mon collègue américain Jeff Clark, qui travaille pour Bonner & Partners, raconte la blague suivante.
En préambule, rappelons que l’ours est, pour les Américains, le symbole du marché baissier (bear market).
Deux chasseurs dérangent un vilain grizzli dans les bois qui se dirige vers eux, menaçant.
Le premier chasseur jette ses bottes et sort des baskets de son sac à dos qu’il enfile prestement.
Le second lui dit : « mais que fais-tu, tu ne courras jamais plus vite que ce grizzli ? »
A quoi le premier répond : « pas besoin de courir plus vite que l’ours, il suffit de courir plus vite que toi ».
Jeff Clark dit qu’il faut préférer être le premier chasseur…
Si nous sommes dans la configuration 2015-2016, nous avons quelques mois de secousses avant que la reprise du marché haussier se confirme. Il n’y a pas beaucoup à gagner et il sera toujours temps de rentrer.
1 commentaire
Le problème c’est qu’un signe noir peut mettre des années avant de se produire, en attendant le PER sur le SP500 se situe aujourd’hui juste en dessous de 20 (tout juste 20% au-dessus de la moyenne historique), soit un Earning Yield de 5%, quand les taux réels sont à 0 (l’earning yield doit être comparé au taux réel et non au taux nominal car les sociétés comportent une protection inerrante contre l’inflation, comme l’explique notamment Benjamin Graham, la valeur des actifs et le chiffre d’affaires augmentant mécaniquement avec la hausse des prix). Au 20éme siècle il y a déjà eu deux marchés haussiers ayant durés sur 2 décennies (18 ans chacun exactement).