Trump et Powell sont des personnages prévisibles contrairement à M. le Marché. Mais lui seul sait remettre à leur place escrocs, clowns, vagabonds et rêveurs.
Nous avions commencé à en parler hier : la Fed a finalement décidé de continuer sa hausse de taux… suggérant toutefois qu’elle ferait peut-être une pause en 2019.
La Fed n’a pas seulement augmenté son taux directeur de 25 points de base ; elle a également annoncé que l’économie n’était peut-être pas aussi solide qu’annoncé. Et l’humeur s’est visiblement assombrie sur Wall Street. Le Washington Post nous en dit plus :
« … [cette] décision que le président Trump a qualifiée d »idiote’ mais que la banque centrale américaine a jugée nécessaire pour maintenir la prospérité de l’économie américaine. Cependant, la Fed a également réduit ses perspectives économiques pour 2019, déclenchant une baisse radicale sur les marchés.
Signalant que les vents sont en train de tourner, la Fed a abaissé ses prévisions de croissance pour l’an prochain, passant de 2,5% à 2,3% et indiquant qu’elle ne procéderait qu’à deux hausses de taux en 2019, par rapport à trois précédemment prévues ».
Et dans le Duluth News Tribune :
« Powell a cependant reconnu qu’il existe ‘un degré d’incertitude relativement élevé’ sur la direction que prennent l’économie et les taux. Powell a spécifiquement souligné l’affaiblissement de la croissance à l’international, ainsi que le déclin marqué des marchés ces dernières semaines ».
Un ridicule sublime
Ce spectacle est à la fois d’une importance remarquable… et d’un ridicule sublime. Même avec cette nouvelle augmentation de taux, la Fed prête encore sous le taux d’inflation des prix à la consommation.
Idem pour les autres grandes banques centrales de la planète. Le « resserrement » est plus un slogan marketing qu’une réalité.
Tout de même, l’économie imbibée de dette est si fragile que même un soupçon de hausse des taux agit comme une cigarette sur une flaque de carburant.
La décision de la Fed a mené les actions à leur plus bas de l’année… et semble faire de ce mois de décembre le pire depuis 1931.
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Dans notre branche d’activité, nous vivons avec un degré d’incertitude relativement élevé. Sur les marchés financiers, les gens découvrent les prix grâce au trading quotidien… et les gens peuvent changer d’avis.
Mais lorsqu’il s’agit de l’incertitude normale des économies de marché, on nous encourage à préférer les schémas plus prévisibles de la réalité politique.
En d’autres termes, nous ne savons peut-être pas ce que va faire M. le Marché, mais nous pensons quand même savoir ce que vont faire messieurs Trump et Powell.
Quant au premier, il n’en fait aucun mystère : il veut des taux d’intérêt plus bas. Et il fera tout son possible pour s’assurer que M. Powell paie les conséquences s’il n’obtient pas ce qu’il veut.
Pour sa part, M. Powell – qui n’est pas idiot non plus mais est nettement moins doué pour le spectacle – ne veut pas passer pour une carpette aux ordres du président.
Nous sommes d’avis qu’il aurait préféré faire une pause hier. Il n’a pas pu le faire parce qu’il ne pouvait pas laisser penser qu’il compromettait l’indépendance et la dignité de la Fed – s’il lui en restait.
De l’importance des données
A présent, M. Trump va continuer à exiger des taux plus bas (même si c’est justement des taux trop bas pendant trop longtemps qui ont provoqué ce gâchis – l’Erreur n°1 de la Fed).
Et M. Powell, qui n’en sait pas plus long que nous sur la direction de l’économie, continuera à observer les cours… parfois gonflés d’optimisme injustifié, et souvent malmenés par la réalité sans pitié d’un marché baissier.
Ce pauvre M. Powell a continué sur la voie de ces prédécesseurs, « fondée sur les données ». Ce qui signifie qu’au lieu de normaliser les taux par principe, il pliera comme une chaise de jardin lorsque le temps se gâte, simplement parce que c’est plus pratique.
Seul M. le Marché, impénétrable comme toujours, reste imprévisible. C’est bien dommage. Il est le seul à avoir de la dignité ou de l’intégrité.
Mais si nous ne savons pas ce qu’il va faire, nous savons qu’il a un sens de l’humour assez aigu. Et un sens durable de la justice.
Il pose des peaux de banane sur le trottoir et attend l’arrivée des escrocs et des clowns… des vagabonds et des rêveurs.
Messieurs Trump et Powell ne devraient pas tarder à arriver.