Hier la Fed a réussi à calmer les marchés en indiquant que les taux pourraient rester inchangés. Cela sera-t-il suffisant ?
L’Europe a terminé sa journée en lourde baisse avec -3,3% pour le CAC 40. Les dégâts sont plus limités sur les marchés américains.
Après une ouverture à -3% des grands indices de Wall Street, la Fed a laissé entendre que les hausses de taux directeurs pourraient ne pas avoir lieu aussi vite que prévu. Le robinet de l’argent factice pourrait donc continuer à rester un peu ouvert. Sur ces paroles, le carnage a finalement été évité sur les marchés actions.
Mais intéressons-nous au marché obligataire. Comme vous le savez, dans cette bulle universelle, les trois plus grosses sont :
- La dette souveraine des pays faibles de l’Eurozone (France, Italie, Espagne), soit plus de 3 000 Mds€. C’est un problème politique plus que financier et les prochaines élections sont en mai 2019.
- La dette chinoise dont on sait peu de chose. Le bilan du système financier chinois est de 21 000 Mds$ alors que le PIB de la Chine est de 9 000 Mds$. Selon le Conseil de stabilité financière (ou Financial Stability Board), 15% des emprunts les plus risqués au monde, soit 7 000 Mds$, sont en Chine. Les réserves de change de la Chine se montent à 3 000 Mds$ et représentent son seul actif de garantie (avec de l’or).
- La dette d’entreprises aux Etats-Unis, soit 6 000 Mds$
La bulle de la dette d’entreprise aux Etats-Unis commence à donner des signes visibles de faiblesse.
Nous parlons d’un marché qui a mis 50 ans à atteindre 3 000 Mds$. Il a doublé entre 2008 et 2018 pour peser désormais 6 000 Mds$.
Arrivent à maturité 700 Mds$ en 2019 et 750 Mds$ en 2020 alors que la croissance ralentit. Avec quoi vont rembourser les entreprises, sachant que beaucoup d’entre elles se débattent déjà pour rembourser les seuls intérêts ?
Nous nous dirigeons vers la déflation. Non pas une baisse généralisée des prix à la consommation, mais le moment où des dettes devront être détruites car les emprunteurs s’avèrent insolvables.
EdmenJUB [NDLR : La destruction des dettes aura des conséquences très importantes.Tout ceux qui sont créditeur risquent d’y perdre leur épargne et leurindépendance financière : pour prendre les mesures de protection qui s’imposent, cliquez ici.]
Pour le moment, même si Powell renonce à toute hausse des taux, les liquidités baissent sur les marchés financiers puisque la Fed diminue son bilan. Elle revend sur les marchés les bons du Trésor qu’elle avait achetées.
Moins d’argent factice disponible, donc — 375 Mds$ précisément…
Or ce qui avait provoqué le gonflement de la bulle universelle, c’était l’argent factice.
Un peu d’argent vous manque et les bulles se dégonflent, les zombies finissent par faire faillite, les gens sortent dans la rue. Nous vivons dans un monde cruel.
1 commentaire
Madame,
Je vous cite :
« Nous nous dirigeons vers la déflation. Non pas une baisse généralisée des prix à la consommation, mais le moment où des dettes devront être détruites car les emprunteurs s’avèrent insolvables. »
Je partage votre analyse concernant la déflation.
Parmi ceux qui s’alarment, depuis une dizaine d’années, de la crise et de la politique menée par les banques centrales et les Etats, peu songent à la déflation, lui préférant le scénario de l’inflation, voire l’hyperinflation.
Et pourtant… il me semble que la période actuelle ressemble beaucoup plus au surendettement de l’avant crise de 1929 qu’à la crise des années 1970, par exemple.
D’ailleurs, de 2008 à 2015, c’est bien contre la déflation que luttait la Fed au moyen de ses Q.E. et de ses taux à zéro et contre l’insolvabilité générale.
La BCE également, mais sur une période encore plus longue.
Je pense que la destruction des dettes se fera plus probablement par insolvabilité et manque de liquidités que par l’inflation, laquelle, du reste, obéit à certains facteurs psychologiques qui ne sont pas présents actuellement.
Peut être que les banques centrales se lanceront à nouveau massivement dans les Q.E. et la baisse des taux, afin de maintenir les prix à la consommation, mais vont elles pouvoir éviter cette chute des prix comme en 2008 ?
Il faudra qu’elles tiennent compte de l’inertie du système, et comme chacun sait qu’elles ont la fâcheuse habitude de réagir trop tard…
En outre, les pressions déflationnistes risquent d’être d’une toute autre ampleur que dans les années 2008 et suivantes.
Je compare les dangers du système financier actuel aux risques encourus par le Titanic qui fonçait dans la nuit du 14 avril 1912, au maximum de sa vitesse, à 25 noeuds, au milieu des icebergs, ne tenant aucun compte des signaux d’alertes envoyés par six autres navires, notamment le « Californian »…