Le pouvoir d’achat des Français repose sur la dette publique et les émeutes des gilets jaunes sont vues avec perplexité par les investisseurs étrangers.
Depuis l’étranger, on s’inquiète de la France… « Cette fois c’est vraiment grave ? » me demande-t-on au Congo, d’où j’écris en ce moment ces chroniques.
Les messages, photos et vidéos qui circulent donnent une image confuse de la situation.
Par exemple :
L’auteur se décrit @Hugues_Serraf Bobo hors-sol et cosmopolite circulant à vélo mais pro-Linky. Journaliste et écrivain par ailleurs.
Ce tableau, quoique confus, correspond pourtant bien à la réalité où les idées sont également très confuses, voire fumeuses.
A l’origine de ce mouvement, une révolte contre la taxe sur le diesel. Depuis, une révolte pour le « pouvoir d’achat », le déclassement… : les motifs deviennent de plus en plus larges et les solutions de plus en plus folles.
Tout et son contraire sont réclamés. Plus d’aides, plus d’allocations mais aussi moins de taxes. Même l’énarchie en est déroutée ; la coutumière promesse par le sommet de fournir des subventions à quelques-uns afin de faire passer la pilule amère pour tous a été accueillie avec sarcasmes par la base.
Pour une raison très simple : cela ne fonctionne pas, comme le démontre la dernière étude de l’INSEE…
« Le constat est cruel. Alors que la France célèbre ce 1er décembre les 30 ans de la création du Revenu minium d’insertion (RMI) et les 10 ans de celle du Revenu de solidarité active (RSA), le pays n’a jamais compté autant de pauvres.
[…]
Avec 714,5 milliards d’euros de prestations sociales versées en 2016, la France est pourtant le pays européen qui dépense le plus en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion, de logement, d’emploi, de famille, mais aussi de santé et de retraites. Ce montant représente 32,1 % du PIB, contre une moyenne de 27,5 % pour l’Europe des vingt-huit, selon les chiffres du ministère des Solidarités. L’aide et l’action sociales représentent 10 % de ce montant, soit 70 milliards ».
Le Figaro
Après 30 ans, même les plus obstinés de la base commencent à comprendre qu’il y a anguille sous roche.
Dans mon livre La Fabrique de pauvres (*), j’expliquais comment les politiciens professionnels avaient besoin d’entretenir la dépendance et donc la pauvreté. C’est leur gagne-pain.
La propagande pro-étatique est cependant très bien menée. A chaque fois que quelqu’un demande comment font les autres, dans les autres pays, il lui est répondu que nous ne pouvons pas renoncer à notre modèle social que tout le monde nous envie.
Si vous demandez « dans ce cas, pourquoi personne ne nous copie ? », vous obtenez un blabla bien rodé qui conduit à faire croire que nous, Français, sommes généreux au contraire de tous les autres qui sont cruels et mercantiles. En Allemagne, il y a des « travailleurs pauvres » ; au Royaume-Uni, les gens ne sont pas soignés ; la Suisse est un petit pays où il n’y a que des riches, on ne peut pas comparer, etc.
Le marché que haïssaient tant Mitterrand et Hollande va cependant peut-être se charger de remettre les idées en place, car on ne peut pas vivre éternellement avec l’argent des autres ou avec de l’argent qui n’existe pas.
« Il n’y a pas de vraie demande pour les obligations de l’Eurozone à ces rendements.
Les risques explosent en Italie en dépit des rachats massifs de la Banque centrale européenne.
L’Espagne, le Portugal et la France cherchent à augmenter leurs déficits.
Des pays doivent trouver un programme de réforme musclé ».
La situation actuelle ne tient que par les manœuvres de Mario Draghi. Hors euro, il y a longtemps que notre taux d’emprunt aurait flambé à 10% et que nous aurions dévalué (renchérissant d’autant les hydrocarbures).
Il y a deux échéances politiques importantes pour votre épargne : les élections européennes en mai 2019 et le remplacement de Mario Draghi à la tête de la BCE le 21 octobre 2019.
Pratiquement, l’évolution des taux d’intérêt sur la dette française sera déterminante. Déjà en juin dernier et en octobre, les rendements des emprunts à 10 ans ont dépassé ou se sont approchés de 1% avant de rebaisser. En attendant, si les investisseurs étrangers décident de bouder la dette française, Mario Draghi aura fort à faire pour endiguer la crise — si tant est que ce soit possible.
Malgré toutes les manipulations financières, on ne peut pas indéfiniment avoir le beurre et l’argent du beurre, une chose et son contraire, moins d’impôt mais plus d’Etat.
Le véritable pouvoir d’achat se gagne avec des feuilles de paye, en veillant à ce qu’elles soient le moins amputées possible par l’Etat. En complément, l’épargne, qui représente le sacrifice d’une consommation différée, doit être rémunérée et non punie.
(*)https://www.amazon.fr/fabrique-pauvres-comment-prendre-lengrenage/dp/2875152491
5 commentaires
» En complément, l’épargne, qui représente le sacrifice d’une consommation différée, doit être rémunérée et non punie. »
Oui, raison pour laquelle un jubilé doit absolument être évité.
Puissent nos amis congolais continuer de s’inquiéter et faire partager cette saine inquiétude aux repubiques francophones alentour,le message subliminal etant: ça va etre dur de prendre soin des nouveaux arrivants……quand au reste continuez de tenir bon la barre de votre chronique votre amour des chiffres nous aident à synthétiser ce bourbier.Les banques centrales ont toujours annoncées qu’elle voulaient de l’inflation;c’est fait mais juste pas ou il faut!
Cordialement
Mme Wapler, je vous ai connu plus inspirée.
Les français ne demandent pas le beurre et l’argent du beurre.
Mais simplement de pouvoir mettre du beure sur le pain.
Ils n’ont pas choisi cette Europe et cette mondialisation qu’on leur impose.
Dans tous les systèmes, politiques, économiques, ceux d’en bas qui travaillent, sont exploités et spoliés.
Mais une partie du peuple français a dans le sang un sens plus aiguisé de l’équité.
Tout cela finira très mal, et pas seulement économiquement.
Vous vous trompez,les gens ne réclament pas plus d’aides,mais moins d’impots.Seuls les médias véhiculent ce genre d’intox.
Bonjour
Tout a commencé dans les années 1970 qui ont été le départ des grandes délocalisations en France avec le textile. Mr Maurice Allais l’explique très bien et très simplement avec ce qu’il appelle « la rupture de 1974 ».
Les délocalisations voulues et imposées par nos gouvernements depuis 40 ans sous le dicta de Bruxelles sont en grande partie les causes de la montée du chômage et de l’endettement de la France.