Un peu plus de transparence dans les frais et une forte baisse des coûts d’assurance de vos prêts, voici ce que vous apporte la récente législation.
Précédemment, nous avons évoqué quelques maigres avancées qui ne méritent pas de sabler le champagne, mais qui vont tout de même dans le bon sens de l’épargnant. Aujourd’hui, nous allons passer en revue quelques évolutions plus importantes.
Les clients de la banque privée ont tendance à se sentir plus choyés que ceux de la banque de réseau. En réalité, si le conseil est certes plus élaboré (enfin, surtout si vous êtes un assez gros poisson pour avoir accès au service d’ingénierie patrimoniale) et la moquette un peu plus épaisse, la taille du gourdin reste la même pour ce qui est des frais. Je m’explique.
Un peu plus de transparence dans les frais de la banque privée
La directive MIF 2 sur le marché des instruments financiers, adoptée au niveau européen en 2014, est entrée en vigueur le 3 janvier 2018. Entre autres obligations, elle impose aux banques de communiquer à leurs clients l’ensemble des frais et charges liés à chaque produit financier proposé à la vente. Vous recevrez également un relevé annuel récapitulant les frais payés sur chacun de vos placements.
Cependant, Les Echos relevaient déjà au mois de mai que :
« Depuis l’entrée en vigueur de la régulation, près d’un tiers des clients a constaté une hausse des tarifs et une restriction de l’offre de leur banque privée. […]Dans le détail, 29% des quelque 250 clients de banque privée interrogés par l’institut OpinionWay pour Swiss Life Banque Privée ont constaté une ‘évolution à la hausse de la tarification des services délivrés’ par leur banque à l’occasion du passage à MIF 2. »
Rendez-vous au 31/12 pour un choc sans doute un peu plus retentissant !
Albert d’Anthoüard, directeur de la clientèle privée chez la fintech Nalo, expliquait au mois de juin sur h24finance pourquoi MIF 2 est une mauvaise nouvelle pour les banques :
« Cette réglementation met notamment un terme aux rétrocessions que touchait la gestion privée […] en investissant leurs clients dans des fonds d’autres sociétés de gestion, appelés ‘fonds externes’. Les conséquences sont doubles.
D’une part, la gestion privée voit désormais ses revenus diminuer et a déjà réagi en augmentant ses tarifs.
D’autre part, pour améliorer leur rentabilité, ces établissements peuvent être amenés à abandonner progressivement la distribution des fonds ‘externes’ et investir leurs clients plutôt dans leurs fonds ‘maison’, gérés par exemple par la filiale de gestion d’actifs des banques privées. Or, en augmentant leurs tarifs et en limitant leur offre en architecture ouverte, la gestion privée perd en attractivité auprès de ses clients. […]
Le danger pour ces établissements est donc qu’une partie de leurs clients décident de se passer de leurs services pour se tourner vers des alternatives moins onéreuses et plus personnalisées. »
Albert d’Anthoüard fait bien sûr référence aux fintechs.
Résiliation annuelle de l’assurance emprunteur : nouvelles du front
J’ai déjà évoqué à deux reprises dans ces colonnes le feuilleton du big-bang de la résiliation annuelle de l’assurance emprunteur. Je vous indiquais dernièrement qu’« un point reste incertain : aucune source du droit ne vient spécifier quelle date de référence fait foi pour l’échéance de la résiliation annuelle. »
Mi-juin, la Fédération bancaire française (FBF), qui s’était mise en branle-bas de combat contre la mesure jusqu’à la porter devant le Conseil constitutionnel, a décidé de replier quelques troupes en publiant mi-juin un « bon usage professionnel ». Ce document, qui engage les banques, apporte des précisions concernant la définition de la date d’échéance.
Pour ce qui est de la détermination de la date anniversaire des contrats qui ont vocation à être souscrits, la FBF laisse aux banques le choix du critère déterminant (date de signature du contrat, date d’effet du contrat, date de signature de l’offre de prêt, date de signature de dernier avenant au prêt…). Elles sont cependant dès à présent tenues d’indiquer a minima sur leur site internet quel est l’évènement retenu.
Pour ce qui est des contrats déjà souscrits, la FBF prévoit plusieurs possibilités. Comme il s’agit de considérations très techniques, je renvoie le lecteur intéressé aux explications de Previssima et de cBanque. Retenez tout de même, comme l’explique cBanque, que cette publication a le mérite de mettre un peu d’ordre dans une pratique qui était jusqu’alors pour le moins « hétérogène ».
Ce qui est sûr, c’est que le gouffre financier qui s’annonçait pour les banques est bien en train de se creuser. Fin mars, soit trois mois après l’entrée en vigueur de la mesure, BFM TV nous apprenait que le courtier Réassurez-moi (moins de 10% de parts de marché) a fait perdre 28 M€ aux banques traditionnelles pour à peine 3 000 contrats résiliés. En d’autres termes, chaque assuré perdu coûte en moyenne à 9 000 € aux établissements bancaires. Les acteurs les plus exposés sont le Crédit Agricole, la Banque Postale et la Caisse d’Epargne.
Début juillet, un intervenant du Blog Patrimoine relevait qu’entre 2017 et 2018, les taux des assurances de prêts immobiliers ont en moyenne baissé « entre 20% et 30% » !
S’il fallait encore une preuve du fait qu’il n’y a rien de tel que la concurrence pour faire baisser les prix, la voilà !
Le changement provient aussi du comportement des clients
Plutôt que d’attendre que l’amélioration de votre condition d’épargnant-contribuable vienne d’en haut à force d’amendements, il est de loin préférable de prendre vous-même les choses en main !
Les moeurs sont peut-être d’ailleurs enfin en train d’évoluer sur le plan des contrats d’assurance-vie. Voici ce que conclut une étude qui date de mi-juin :
cBanque relève que « les contrats d’assurance-vie ‘grand public’, souvent commercialisés par les banques, sont en décollecte en 2017. » Il s’agit, comme je vous l’ai rappelé à maintes reprises, des contrats dont les fonds euros sont les moins performants.
Ce constat ressort de l’édition 2018 du baromètre de l’épargne-vie individuelle publié par le cabinet Facts & Figures. Cela faisait cinq ans que les bancassureurs n’avaient pas enregistré de décollecte sur leurs contrats « grand public ».
Comme je l’écrivais précédemment, les clients captifs ont de toute façon vocation à se faire de moins en moins nombreux dans le secteur.
Prochainement, nous verrons vers quel type de concurrence vous pouvez transférer votre épargne si vous avez décidé qu’il est grand temps de reprendre les choses en main.