Cet été, Apple est devenue la première entreprise à 1 000 milliards de dollars de capitalisation. Quelles évolutions escompter pour ce secteur des valeurs dites technologiques ?
Le 2 août dernier, 42 ans après sa création en 1976, Apple a remporté la course aux 1 000 milliards de dollars de capitalisation boursière, largement devant Amazon, Alphabet (Google), Microsoft et Facebook (qui, avec « seulement » 513 Mds $, n’apparaît pas sur le graphique ci-dessous).
Pourtant, l’année passée encore, nombre d’analystes voyaient bien Amazon coiffer Apple au poteau grâce à ses multiples relais de croissance. L’e-commerce ne représentant alors que 8% du commerce mondial, la firme de Jeff Bezos présente en effet un potentiel de croissance immense. Sa capitalisation boursière a d’ailleurs connu la progression la plus fulgurante sur la période 2017-2018.
En face, Apple, dont le coeur de métier est devenu la conception et l’assemblage de téléphones, semblait présenter des perspectives de croissance limitées. Idem pour Facebook et Google dont les revenus proviennent en grande partie de la publicité, un secteur sur lequel ces sociétés n’auront bientôt plus de marge de progression sur la télévision et le papier.
Cependant, 280 millions d’iPhones, iPads et Macs plus tard, c’est bien la firme de Cupertino qui a déchiré le ruban de la ligne d’arrivée.
Sa capitalisation est désormais équivalente à celle des 111 plus petites valeurs du S&P 500, ou encore de l’ensemble des secteurs de l’aviation et des compagnies aériennes, comme l’illustre le New York Times.
Source : New York Times
En l’espace de seulement 10 ans, le tissu économique américain a subi une spectaculaire transformation. Avec les milliards qu’ils dépensent en investissements et en recherche et développement, les GAFAMI semblent avoir définitivement relégué les entreprises industrielles dans le « monde d’avant ». Exit, les pétroliers (ExxonMobil, Chevron), la construction mécanique et électrique (GE)…
Les leaders des secteurs traditionnels de l’énergie, des télécommunications et de l’automobile ont laissé la place à ceux d’internet et de l’informatique en tant que nouveaux poids lourds de la technologie.
Les plus anciens de ces acteurs ont à peine 50 ans : Intel a été créée en 1968, Microsoft en 1975, Apple en 1976, Amazon en 1994, Google en 1998, Facebook en 2004. Tous font partie du Nasdaq, qui regroupe les 100 plus grandes entreprises non financières, et du S&P 500, lequel recense les 500 plus grandes sociétés cotées sur les bourses américaines.
Ces six acteurs écrasent à tel point le marché qu’ils représentaient début août 49% du premier indice et 16,6% du second.
Vous avez sans doute également entendu parler des FAANG, appellation sous laquelle on retrouve les quatre plus jeunes de ces sociétés, accompagnées de Netflix. L’engouement des investisseurs à leur égard a été tel que sans elles, le S&P 500 aurait enregistré une contreperformance de -0,73% au cours du premier semestre 2018.
Les valeurs technologiques ont contribué à 98% de la progression du S&P 500 au cours du premier semestre.
La concurrence potentielle est en Chine, pas en Europe
La Chine est devenue une menace pour les acteurs américains de la tech, alors que l’Europe est restée un nain technologique.
Seule la Chine a su développer des concurrents aux géants américains du secteur. Sur les 20 leaders mondiaux de l’internet, huit sont chinois, tous les autres sont américains. Aucune entité européenne à l’horizon.
L’Europe reste dominée par son secteur financier, lequel représente plus de 20% de la capitalisation totale des marchés actions.
Voilà qui est étonnant, surtout lorsque l’on sait que les banques américaines sont en meilleure santé que leurs homologues européennes.
Sans surprise, tous secteurs confondus, les 10 plus grandes capitalisations boursières mondiales sont exclusivement américaines et chinoises.
(Les changements de valorisation – triangles rouges et verts – sont relatifs au trimestre précédent.)
Source : Wikipedia
Il n’en n’a cependant pas toujours été ainsi.
Transformation géographique des marchés actions : l’Europe fait figure de « vieux monde »
Au début du XXème siècle, les marchés actions britanniques, allemands et français représentaient plus de 50% de la capitalisation mondiale. Après le « suicide de l’Europe », les marchés actions américains ont pris leur envol pour ensuite représenter autour de la moitié de la capitalisation mondiale.
Seul le Japon est parvenu à avoir un poids supérieur aux Etats-Unis au cours du XXème siècle, mais cela n’a pas duré. La Chine quant à elle, avec seulement 2,5% de la capitalisation mondiale en 2018, part de très loin pour concurrencer les Etats-Unis qui dominent toujours les marchés actions de manière écrasante (58%).
Pour ce qui est de la transformation sectorielle des marchés actions, je vous propose de remonter un peu plus loin dans l’Histoire.
La transformation sectorielle des marchés actions depuis 1800
L’observation des marchés actions américains depuis le XIXème siècle permet de constater que les cycles de domination durent grosso modo une cinquantaine d’années, avec quatre périodes.
De 1800 à 1850, les banques et l’immobilier étaient ultradominants sur les marchés actions.
De 1850 à 1910, les banques ont massivement financé les sociétés de chemins de fer, à tel point que le secteur du transport est devenu le plus important du marché.
La période qui s’étend des années 1920 aux années 1970 a quant à elle été marquée par l’explosion de la production industrielle. Celle-ci a notamment été rendue possible par la substitution progressive du pétrole et de l’électricité à la vapeur et au charbon.
Enfin, au cours des années 1970, le secteur de l’électronique a progressivement pris le pas sur celui de l’énergie, qui a néanmoins pesé très lourd jusque dans les années 1990.
Le début des années 2000 a vu le grand retour du secteur de la finance, après l’explosion de la bulle internet en mars 2000. Les sociétés de la tech sont finalement remontées sur la première place du podium en 2005 pour ne plus en redescendre depuis.
Les marchés actions s’étant diversifiés au fil du temps, les secteurs prépondérants successifs pesaient toutefois de moins en moins lourd en comparaison du reste.
Le secteur de la tech a-t-il vocation à préserver sa dominance sur les marchés ? Cela dépendra de la concurrence comme nous le verrons prochainement.
1 commentaire
Toute cette technologie High Tech ne produit rien. Elle survit et surf sur une croissance illusoire. Celle du divertissement. Le divertissement détruit la vraie économie celle des besoins vitaux comme l’agriculture et le savoir et l’Art. Ce sont des parasites inutiles qui rendent addict les jeunes pour des besoins totalement inutile. La chute sera rude car elle sera inévitable. On mange des patates, des pommes, mais en tout cas pas des produits Apple qui eux ne servent à rien sinon à polluer. Demandez au peuple de cultiver des pommes ou des légumes, ils sauront après de longs tâtonnements, mais cultiver des iPhone, iPad ou autre conneries de ce genre ils ne sauront pas. Ce qui me fait peur c’est le bilan de la BNS qui achète des actions Apples. Ils ont perdu la tête ou toute forme de raisonnement cohérent.