La politique monétaire de la Fed a acheté une prospérité factice. Les salaires n’ont pas retrouvé leur niveau d’avant 2008 et chutent encore.
Tout va très bien aux Etats-Unis. Les marchés financiers sont au zénith, la croissance est retrouvée, l’inflation est maîtrisée. Le déficit commercial est en passe d’être jugulé par la Guerre commerciale déclarée par Trump.
Quant au déficit budgétaire, ce ne sera qu’un problème de court terme puisque les baisses d’impôts vont produire leurs effets. Tout ceci vous est relaté chaque jour par les grands médias. Gloire à la Fed, gloire à Trump, gloire à l’économie administrée.
Il y a simplement un petit os… Les salaires chutent.
Depuis la crise financière, les salaires réels ont diminué de plus de 9% aux Etats-Unis et les baisses d’impôts des entreprises n’ont pas été utilisées pour augmenter les salaires.
L’argent généreusement imprimé par la Fed a-t-il alors été employé à des investissements augmentant la productivité ? Non plus : selon une étude du FMI (1), les gains de productivité ont ralenti depuis la période 2000 – 2007.
Mais vous savez, vous, cher lecteur fidèle, à quoi la fausse monnaie a été utilisée : à des rachats d’actions par les entreprises – ce qui explique le niveau actuel des marchés actions ; à prévenir la faillite de zombies, ce qui explique que les défauts se font rares sur le marché obligataire.
Par conséquent, les taux ne montent pas, les actions sont hors de prix, l’épargne et la prise de risque sont punies au lieu d’être justement rémunérées.
Concernant les achats d’actions à crédit, la « dette sur marge » rapportée à la taille de l’économie comme à la capitalisation des entreprises est à un niveau jamais vu depuis… la bulle de 1929.
Cette dette sur marge représente actuellement 3,27% du PIB et 2,17% de la capitalisation (2).
20 000 milliards de dollars plus tard, la baisse des salaires réels, malgré des statistiques d’emploi et de chômage flatteuses, nous révèle bien que les politiques monétaires sont incapables de créer une vraie prospérité.
Les politiques monétaires créent une croissance factice, une économie Potemkine mais pas plus. La vraie prospérité se mesure en PIB par habitant, en salaire par habitant en pouvoir d’achat. Pas en fausse monnaie.
1-Abdih and Danninger, WP/18/138, Understanding U.S. Wage dynamics
2- https://www.moneyshow.com/articles/tradingidea-49009/
2 commentaires
L’économie administrée c’est (notamment) quand le gouvernement s’accapare les profits des entreprise pour en décider l’allocation à leur place, pas quand cette part est précisément réduite de façon à laisser les entreprises décider elle même de l’usage qui est fait de leurs profits.
« Concernant les achats d’actions à crédit, la « dette sur marge » rapportée à la taille de l’économie comme à la capitalisation des entreprises est à un niveau jamais vu depuis… la bulle de 1929. »
Ce qui n’est pas si étonnant, en effet cette crise ressemble de plus en plus à la crise de 1929 telle qu’elle s’était déroulée aux Etats Unis.
La différence étant qu’elle va se dérouler au niveau mondial et à la puissance 10, puisque toutes les banques centrales du monde ont imité la Fed dans ses errements.
Outre les records de la dette sur marge, un autre indicateur notable, le PER de Shiller de son côté, a déjà dépassé son niveau de 1929.
La situation actuelle est similaire à celle qui a précédé le krach de 1929 :
Même euphorle ( la prospérité est au coin de la rue), même progression démesurée des indices ( voir le Dow Jones de 1921 à 1929), même surendettement global ‘( plus de 370% du PIB en 1929), une expansion insoutenable du crédit et de la Bourse, l’hypertrophie du secteur financier, la spéculation remplaçant l’investissement industriel, la mise en oeuvre de mesures protectionnistes ( comme autrefois le Hawley-Smoot Tariff Act) entraînant une augmentation des droits de douane sur les importations, mêmes records de la dette sur marge, laquelle va démultiplier la future dégringolade des actions, système bancaire en proie à de graves difficultés, hausse des taux de la Fed ( comme par hasard), etc…
Tous les ingrédients sont là pour une explosion thermonucléaire, probablement le krach le plus spectaculaire de l’Histoire monétaire.
La réaction des banquiers centraux à partir de 2008 s’avère maintenant être une bourde absolument monumentale consistant à faire marcher la planche à billets à plein régime durant 9 ans, sur les conseils de Milton Friedman ( notamment) lequel dénonçait la politique restrictive mise en oeuvre par la FED dans les années 30, la Fed aurait dû selon lui, à cette époque, inonder les marchés de liquidités comme elle l’a fait à partir de 2008 jusqu’à 2015.
Et maintenant, le monde entier se trouve dans le pétrin, avec une montagne de dettes impossible à rembourser.
C’est la réédition de 1929 en infiniment plus grave, on notera au passage un parallèle supplémentaire, à savoir que les Etats Unis sont encore une fois à l’origine de la crise, avec parmi les éléments déclencheurs, une véritable phobie de l’or totalement irrationnelle des banquiers de ce pays.
Phobie qu’ils vont payer très cher, et nous aussi.
Alors, hyperinflation ou déflation ?
Personnellement; les mêmes causes produisant les mêmes effets, et compte tenu des similitudes évidentes avec la crise de 1929, je penche plutôt pour la déflation, les dettes se termineront par des défauts de paiement plutôt que le remboursement avec de la monnaie de singe.
D’autant plus que la mondialisation est essentiellement déflationniste, avec la mise en concurrence des pays développés avec des pays émergents ( la Chine, par exemple) capables de produire à moindres coûts, même si Trump commence à taxer leurs produits.
En outre, je crois que l’inflation ne peut pas sévir durablement en cas de stagnation, a fortiori diminution des salaires, comme c’est le cas aux Etats Unis depuis la crise financière.
D’où l’extrême gravité de la crise actuelle, la déflation en situation de surendettement étant mortelle pour les Etats et les Banques en alourdissant le poids d’une montagne de dettes.
Irving Fisher semble de plus en plus d’actualité, avec sa déflation par la dette.