Selon Jeffrey Gundlach, un gérant obligataire qui pèse 116 Mds$, les illusions des marchés pourraient durer encore cinq ou six ans.
Jeffrey Gundlach, le roi de l’obligataire, 116 Mds$ sous gestion, s’est livré lors d’un entretien à l’occasion du Vanity Fair’s Establishment Summit (*).
Dans la première moitié de cet entretien, vous y apprenez que Gundlach apprécie Mondrian et Escher et « ces gens qui vont nulle part ».
Mais hélas, il nous faut parler finances et marchés…
C’est l’objet de la seconde partie dans laquelle Gundlach se lâche.
« Je n’ai jamais vraiment aimé les obligations durant ces quatre dernières années, même si je les gère en portefeuille et que les institutions doivent en posséder pour diverses raisons »
Comme vous le savez, deux stars de la gestion obligataire, Mohammed El-Erian puis Bill Gross du fonds Pimco, ont démissionné en janvier et septembre 2014. Ces deux gérants estimaient que les politiques monétaires des banques centrales ne leur permettaient plus d’exercer leur métier correctement.
Depuis 2014, les taux n’ont fait que baisser, rendant le métier encore plus difficile pour les gérants « non-grévistes ». Le problème, insoluble, est le suivant : comment garantir aux gens qui vous confient de l’argent en vue de leur retraite un rendement convenable ?
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Gundlach évoque les rendements obligataires et souligne l’absurdité dont nous avons déjà parlé : les junk bonds des entreprises européennes rapportent moins que les bons du Trésor à 10 ans.
« Le monde de l’investissement est plein de fausses idées, de figures impossibles, comme cette fourchette du Diable des années 1960. »
Ces rendements constituent une figure impossible. Gundlach compare les principaux chiffres de l’économie allemande et de l’économie américaine : PIB, inflation… Ce résultat artificiel est simplement dû aux manipulations de Draghi.
« Une fois que M. Draghi aura réalisé que cela ne peut pas continuer, l’ordre du système financier s’en trouvera bousculé.«
2018 est l’année où les banques centrales devraient globalement réduire leurs bilans. La fourchette du diable apparaîtra alors pour ce qu’elle est : une illusion.
Les investisseurs doivent lâcher les obligations selon Gundlach, mais les actions américaines sont aussi très surévaluées même si 40% de leurs bénéfices sont faits à l’étranger. Elles représentent 50% de la capitalisation mondiale tandis que l’économie américaine ne représente que 23% de l’économie mondiale.
Pour Gundlach, les moins mauvaises directions pour les investisseurs sont les actions des marchés émergents et le grand choc financier est à cinq ou six ans devant nous.
« Les événements mettent tellement plus longtemps que ce qu’on pense à se dénouer. En matière d’investissement, celui qui a raison trop tôt a tort« .
Gundlach termine en citant Hemingway :
« Comment avez-vous fait faillite ?
De deux façons, d’abord progressivement puis subitement.«
Nous sommes encore dans le mode « progressivement ».
(*) Interview en anglais ici : https://thescene.com/watch/vanityfair/the-new-establishment-summit-jeffrey-gundlach-and-the-weight-of-a-global-us-market