Les banques italiennes coulent et l’inertie des déposants lésés paraît étonnante. Aucune panique, aucun krach financier. Les victimes seraient-elles consentantes ou inconscientes ?
Titre du Figaro du mercredi 27 juillet :
L’Europe face au risque d’une crise italienne. Bruxelles et Rome négocient pour trouver un accord sur la recapitalisation des banques en Italie, lestées par des créances douteuses.
Titre de L’Agefi du 27 juillet :
Les banques européennes abordent les stress tests avec sérénité. Leurs résultats devraient être en amélioration par rapport à 2014. Les regards sont braqués vers l’Italie et l’Allemagne.
Si vous lisez Le Figaro vous êtes « informé » du fait que les banques italiennes ne sont pas dans une forme brillante. Si vous lisez L’Agefi, aucune inquiétude : vous baignez dans la zénitude et l’huile d’olive.
Les banques italiennes sont en faillite. Recapitalisation est le terme anodin pour exprimer que les contribuables et/ou les déposants vont devoir leur donner de l’argent. Les actionnaires ont vendu à tour de bras comme en témoigne la chute des actions bancaires. Le « capital » ne viendra pas des actionnaires ! Les banques allemandes sont également dangereuses et les banques françaises tout aussi fragiles.
Huit ans après la plus grave crise financière mondiale, rien n’est réglé malgré une création de crédit sans précédent : plus de 3 000 milliards d’euros.
Ce qui était impensable il y a moins de 10 ans devient la norme. Aucune panique, aucun krach financier. Tout le monde semble immunisé ou anesthésié.
Je lis un ouvrage très édifiant « La langue des medias – Destruction du langage et fabrication du consentement »*. L’auteur, Ingrid Riocreux, est agrégée de lettres modernes, docteur de l’Université de Paris-Sorbonne et chercheur associé à l’Université de Paris IV. Le livre commence par une métaphore efficace : les medias sont comme une vitre.
« L’inconvénient des vitres trop propres : elles sont hypocrites, elles se font oublier. On regarde à travers la vitre, mais on ne regarde pas la vitre.
Ayez sur le nez ces lunettes de soleil à verres jaunes. Pour peu qu’elles soient propres et confortables, vous oublierez que vous les portez. Et vous prendrez la plage de Dunkerque pour celle de Miami.«
Que savons-nous vraiment des banques italiennes ? Représentent-elles un danger pour l’euro et pour nous ? Les vitres proprettes du Figaro et de L’Agefi ne nous disent rien.
Le président du conseil d’administration de la Société Générale, l’Italien Lorenzo Bini Smaghi, ancien membre du directoire de la BCE, a admis le 6 juillet dernier que « le système bancaire tout entier était sous pression ». Il l’a dit en anglais sur Bloomberg… Un tel aveu d’un triple insider (Italie-Banque-BCE) est étonnant.
Le système monétaire et financier est devenu complexe, et combien de journalistes ont une véritable formation et expérience financière ? Combien font l’effort de chercher l’information, le plus souvent dans une langue étrangère ? Combien s’efforcent de recouper les chiffres et les statistiques, d’aller au-delà du communiqué de presse prémâché ?
Depuis les débuts de l’histoire monétaire ou financière, on sait que la création monétaire (que ce soit sous forme de papier ou de lignes de crédit) n’a jamais résolu quoique ce soit. Mais l’expérience ne se transmet pas, elle s’acquière. Pour le moment, en Europe, peu de gens se souviennent des conséquences d’une destruction monétaire. Quelques très vieux Hongrois, quelques Allemands… Qui d’autre ?
Faute de mémoire et de connaissance, aucune révolte, aucune opposition de la part des futures victimes du désastre monétaire qui s’annonce. Elles sont consentantes. La « Parasitocratie » sait fabriquer ce consentement.
Exercice pratique : recherchez sur Google des photos de protestation des déposants des banques italiennes…
Quelques rares personnes isolées, deux ou trois photos vendues de piètre qualité par Getty Images. Un peu plus de choix si vous cherchez en italien « rispamatiori banca« .
Un blog en langue anglaise publie celle-ci avec le titre « Dans la dernière crise de la Zone euro, l’Italie est déchirée entre épargner les banques ou son peuple ».
Mais cette dame n’est-elle pas bien seule ? Est-elle « le peuple » ?
Pour le moment tout va donc bien puisque les victimes sont inconscientes et consentantes.
Lorsque le mythe s’évaporera, lorsque les gens réaliseront que les taux négatifs organisent leur spoliation, lorsqu’ils réaliseront que la complexité financière ne cache que l’escroquerie, le mythe du créditisme tombera. La purge indispensable à l’assainissement se produira alors. Ce sera violent.
Combien de temps les assureurs peuvent-ils résister aux taux nul ou négatifs ? Que faire de votre contrat d’assurance vie ? Comment vous organiser ? Les réponses sont ici.
* Editions de L’Artilleur
2 commentaires
Mme Wapler:
Il semble que vos thèses se répandent.
Voici un article sur un blog
http://www.gilbertcollard.fr/blog-2/jean-goychman-lor-fausse-monnaie/
En 1965, de Gaulle, au cours d’une conférence de presse, exercice rituel dans lequel il faisait passer ses messages sans intermédiaires, s’en est pris, sans la nommer, à l’oligarchie financière qui dirigeait la politique monétaire américaine. (1) Il pressentait le « coup de Jarnac » que la Réserve Fédérale allait faire le 15 aout 1971 en annonçant officiellement, par la voix du Président Nixon, l’abandon de la parité-or du dollar. En un sens, cela ne faisait guère qu’un pays de plus qui allait déconnecter sa monnaie de l’étalon-or. La France, comme l’Angleterre l’a fait dès 1914, en raison des dépenses liées à la guerre. L’impression massive de billets ne permettait plus de garantir la couverture-or de ceux-ci. (2)
2) en étudiant la parasitose on s’aperçoit que dans la nature, tout parasite a comme tâche primordiale de se faire accepter par le corps hôte et de leurrer les anticorps. Il en résulte une certaine apathie.
C’est exactement ce que font nos Poly-Tiques.