▪ Vu dans le Wall Street Journal : "l’or contre la Fed : les chiffres sont clairs".
Oui, les chiffres sont clairs. La devise de la Fed perd du terrain par rapport à la devise de la nature depuis 10 ans. En gros, si vous vous en étiez tenu à l’or, vous auriez cinq fois le pouvoir d’achat que vous avez avec le dollar.
Plutôt clair, non ?
Mais on pourrait revenir en arrière et observer l’histoire de toutes les devises purement "papier". Regardez comment elles se sont comportées par rapport au métal jaune : c’est toujours la même histoire. Il n’y a pas d’exception. Une fois qu’on laisse des êtres humains imprimer de "l’argent" à volonté, ils en imprimeront beaucoup. Et à moins d’annuler les lois des rendements décroissants, de l’utilité marginale et de l’offre et de la demande, la devise fiduciaire sera perdante.
La loi des rendements décroissants nous dit que plus vous faites une chose, moins elle vous réussit. Nous ne sommes pas certains que ce soit vrai pour tout… mais en tout cas, ça s’applique à l’impression de billets de 100 $.
La loi de l’utilité marginale n’est qu’une manière différente d’envisager le même concept. Elle nous dit que lorsqu’on a une chose en quantité croissante, chaque unité supplémentaire a moins de valeur que celle qui l’a précédée. On peut voir comment ça fonctionne dans le cas d’un dessert, par exemple. Le premier gâteau au chocolat est délicieux. Le dixième vous rend malade. A ce stade, on a dépassé l’utilité marginale diminuée pour en arriver à l’utilité marginale négative — qu’on obtient aussi avec le crédit bancaire, mais c’est une autre histoire.
Nous connaissions un homme très riche. Il s’était présenté au poste de gouverneur de l’état de New York. Nous lui avions demandé pourquoi il se donnait tant de peine. Il n’avait pas besoin de voler les contribuables — il avait déjà bien assez d’argent.
"Oui", avait-il répondu, "mais c’est exactement là qu’est le problème. J’ai atteint un stade où l’utilité marginale de tout argent supplémentaire est extrêmement basse. J’ai besoin de faire autre chose".
Il n’a pas gagné.
Mais l’idée, c’est que le x-millionième dollar des autorités américaines vaudra bien moins que le premier. Plus elles en imprimeront, plus vous souhaiterez avoir de l’or.
Et vous connaissez la loi de l’offre et de la demande. Une certaine quantité de biens et de services est disponible. Cette quantité peut être augmentée — mais pas du jour au lendemain. Il faut du temps, des investissements, de l’expertise… et ainsi de suite.
En revanche, les autorités peuvent augmenter l’offre de dollars quasi-instantanément. Il leur suffit d’ajouter un zéro pour multiplier cette masse par 10. Ces nouveaux dollars font concurrence aux anciens pour les biens et les services disponibles. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, les prix grimpent — rapidement.
▪ Oh, si seulement c’était aussi simple ! Le problème, c’est qu’il y a aussi la vélocité de la devise. Lorsque l’économie connaît une douche froide, la vélocité de la devise ralentit. Les autorités peuvent alors ajouter autant de nouvel argent qu’elles le souhaitent : il ne circule pas nécessairement aussi rapidement que l’ancien. Tout le monde s’y cramponne. Les banques se contentent de conserver ces nouveaux billets dans leurs coffres. Les ménages les gardent sous leurs matelas et dans leurs porte-monnaie. Tous se disent qu’ils pourraient bien en avoir besoin.
Lorsque les problèmes ont commencé, en 2007, le secteur bancaire américain avait seulement 2,3 milliards de dollars de réserves excédentaires (de l’argent dépassant les critères légaux) — juste assez pour se payer un verre dans un bon bar. Aujourd’hui, on pourrait y nager : les banques américaines ont 976 milliards de dollars de réserves excédentaires. Comment se fait-il que les prix à la consommation n’aient pas pris le mors aux dents ?
Et tant qu’on y est… d’où provient cet argent ? La Fed a déjà administré à l’économie une grosse dose de devise fiduciaire. Les autorités craignaient de voir les banques faire faillite. Elles avaient raison d’avoir peur — mais tort d’essayer d’y faire quelque chose. Il aurait mieux valu laisser les choses suivre leur cours… maintenir l’intégrité des finances gouvernementales et protéger le dollar. Il y avait assez de banquiers intelligents et ne manquant pas de trésorerie pour ramasser les morceaux des institutions ayant fait faillite et en faire quelque chose de plus solide.
Et tant qu’on y est, bis : ce n’est pas notre seul avis. Le Mexique et le Chili ont connu une crise similaire au début des années 80. Le Mexique a fait exactement ce que feraient les Etats-Unis un quart de siècle plus tard. Il "a permis à son système de faillite archaïque de perpétuer l’existence d’entreprises perdant de l’argent, et a alloué le crédit selon les instructions du gouvernement", déclare le Grants Interest Rate Observer.
Et le Chili ? Il a laissé les entreprises faire faillite et permis à ses marchés de s’éclaircir.
La différence de résultats ? Une décennie plus tard, le Chili était à nouveau sur les rails, sa croissance dépassant rapidement sa tendance pré-crise. Le Mexique, en revanche, ne s’est jamais complètement remis. Il est toujours 30% sous la tendance.
Exactement ce à quoi on pourrait s’attendre, en d’autres termes.