▪ Mon frère ne doit la vie qu’au fait que la tour dans laquelle il logeait ait été construite selon les normes anti-sismiques. Le 27 février dernier, il dormait au 17ème étage d’une tour à Santiago du Chili. Si, à l’intérieur de l’appartement, tout s’est effondré, l’immeuble, lui est resté debout. Pourtant, le tremblement de terre qui a secoué le Chili est l’un des plus violents du siècle, avec une magnitude de 8,8 sur l’échelle de Richter. A Haïti, il avait une magnitude de 7,3. Pourtant, les dégâts sont incomparables : 700 morts au Chili, sur une population de 16,4 millions d’habitants, contre environ 230 000 à Haïti, sur une population de 8,5 millions de personnes. La préparation, l’alerte, l’équipement, des infrastructures adaptées… C’est grâce à tout cela qu’il est possible de sauver des vies lorsque surviennent des catastrophes naturelles. Il y a donc des solutions, et heureusement, car les scientifiques l’affirment : le rythme de ces catastrophes s’accélère.
Il suffit d’ailleurs d’écouter les infos, ces derniers mois, pour s’en apercevoir : tremblement de terre à Haïti, au Chili, en Chine, séisme en Grèce et en Turquie… Plus proche de nous, la tempête Xynthia. Les séismes ne sont donc pas la seule menace : éboulement, typhon, cyclone, raz-de-marée ou même tsunami, voilà ce à quoi doivent faire face des populations en augmentation constante. Les groupes spécialisés en constructions "anti-catastrophes" doivent répondre à de plus en plus de chantiers. Et comme ce n’est que le début, c’est maintenant que nous allons nous positionner. Rappelez-vous : acheter au début de la grande tendance…
▪ Le cycle des catastrophes s’accélère
Il n’est pas évident de savoir combien de personnes disparaissent au cours d’une catastrophe naturelle — en particulier dans les pays pauvres qui sont, malheureusement, les plus touchés. J’ai donc choisi de me fier aux chiffres de l’ONU. Et celle-ci a établi qu’entre 1975 et 2008, les catastrophes naturelles ont fait 2 284 000 morts dans le monde. Rien qu’en 2008, la Terre a été frappée par plus de 300 catastrophes. Elles ont fait 236 000 victimes et touché directement plus de 200 millions de personnes.
Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l’ONU, a publié l’année dernière un rapport qui met en évidence que les risques de catastrophes naturelles augmentent. En cause : la dégradation de l’environnement, le réchauffement climatique, l’urbanisation sauvage.
Si les causes des catastrophes sont de plus en plus nombreuses et diverses, les catastrophes elles-mêmes peuvent être de quatre types, selon Richard Posner, un spécialiste de l’économie du droit :
– les catastrophes naturelles, comme les tsunamis ;
– les catastrophes produites involontairement par l’homme au cours de ses activités, comme le réchauffement climatique ;
– les catastrophes volontaires, comme une attaque nucléaire ;
– les accidents liés à une activité scientifique, comme une fuite de matériaux très sensibles et dangereux.
Ce sont les deux premiers types de catastrophes qui nous intéressent ici, car elles touchent déjà en moyenne 200 millions de personnes sur terre par an.
▪ Un tsunami à Marseille
Les catastrophes naturelles frappent plus durement les pays en voie de développement car évidemment, les infrastructures, les logements s’effondrent comme des châteaux de cartes… et les secours sont très longs à s’organiser, et parfois peu efficaces. Ainsi, les trois quarts des personnes qui perdent la vie à cause d’inondations se trouvent dans trois pays asiatiques : le Bangladesh, la Chine et l’Inde.
Etrangement, les constructions sont toujours plus nombreuses près des zones à risque. Mais ce n’est pas uniquement l’apanage des pays en voie de développement. Je me souviens d’un reportage sur la Californie, parlant du risque du "Big One", ce tremblement de terre qui pourrait détruire la côte ouest américaine. Le journaliste allait dans des villes nouvelles construites au bord de la faille de San Andreas. Il interrogeait des familles, qui expliquaient être venues s’installer là car l’immobilier était abordable et que cela leur permettait d’avoir une maison avec un jardin. Quant à la faille, qui se trouve pratiquement au bout de leur fameux jardin, elles n’en avaient que vaguement entendu parler.
Alors comme l’exemple des Etats-Unis le montre, les pays développés sont loin d’être protégés. La Méditerranée, par exemple, n’est pas à l’abri d’un tsunami. La France est aussi exposée dans ses DOM-TOM. Quant au Canada, sa Chambre des Communes rédigeait un rapport alarmant en 2000. Ce dernier explique qu’au "cours des deux dernières décennies, les paiements au titre des secours aux sinistrés dans notre pays ont doublé tous les cinq à 10 ans". Le pays est en effet soumis à de très fortes inondations. Entre 1996 et 1999, plus de quatre millions de Canadiens en ont souffert et le gouvernement a dû débourser plus de 500 millions de dollars par an pour réparer les dégâts.
Dans les Caraïbes, les ouragans sont fréquents et ravageurs. Il suffit de regarder ce qui était arrivé à Sainte-Lucie en 1994. L’île a été ravagée par l’ouragan Debby, qui avait causé des inondations et des glissements de terrain. Les pertes agricoles se sont montées à 12% du PIB de l’île en 1993.
▪ La destruction coûte cher et fait reculer le développement des pays
Certains pays ont parfois presque tout perdu à la suite d’une catastrophe naturelle. Récemment, on pense bien sûr à Haïti. Avant cela, le Nicaragua, le Honduras ou encore le Guatemala avaient perdu presque l’intégralité de leur PIB à cause de l’ouragan Mitch, en 1998. D’après l’ONU, "cette unique tempête a fait reculer de plusieurs décennies le développement de la région".
Le problème est que le coût des catastrophes naturelles ne cesse d’augmenter. Au Chili, on estime ainsi que la reconstruction du pays à la suite du tremblement de terre nécessitera environ 30 milliards de dollars. Quant à celle d’Haïti, elle pourrait demander 10 milliards de dollars. Au niveau mondial, les chiffres sont plus impressionnants encore. Selon Global Change Strategies International, entre 1960 et 2000, le nombre de catastrophes naturelles liées au climat a augmenté de quatre à six fois au cours de cette période et ont causé des dégâts équivalents à plus de 1% du PIB mondial.
Nous verrons la suite dès lundi…