▪ Cette semaine, nous avons rendu visite à notre fils Edward, qui fait actuellement ses études à l’Université du Vermont. Son colocataire nous a rejoints pour le dîner.
– "Alors… je vais vous expliquer", avons-nous dit. Le colocataire se demandait s’il devait changer de filière et s’inscrire en économie.
"L’économie est une science factice", avons-nous expliqué. "Plus on l’étudie, plus on apprend de sottises… plus on croit en savoir, moins on connaît vraiment le fonctionnement réel d’une économie".
"Voici pourquoi".
"Quand on est un véritable scientifique, on commence avec des choses que l’on peut savoir… et on progresse à partir de là".
"L’eau bout à 100°C au niveau de la mer, par exemple. Les molécules chauffent… passent de l’état liquide à l’état gazeux… et on obtient l’ébullition, n’est-ce pas ? Cela se passe à chaque fois. On peut compter sur ce phénomène. Et avec cette connaissance, on peut construire un moteur à vapeur".
"Et voilà qu’arrive l’économiste simplet, qui dit : ‘hé, une économie, c’est comme une casserole d’eau. On la fait chauffer… on obtient plus d’activité… et l’économie se développe’."
"L’analogie se tient, en surface. On chauffe une économie en allumant le feu. Si on est un banquier central, on baisse les taux d’intérêt. Si on est politicien, on augmente le déficit".
"On sait qu’il y a un risque de surchauffe… ou de bulle. Mais on pense comprendre comment ça marche. On pense pouvoir prédire et contrôler la situation, parce qu’on est un scientifique, utilisant des modèles mathématiques, comme un vrai ingénieur".
"Le problème, c’est qu’on ne sait rien du tout, en réalité. On ne sait pas si une économie est vraiment comparable à de l’eau. On ne sait pas où est le niveau de la "mer économique" — si ça se trouve, on est à la hauteur des Alpes. On ne sait pas non plus si le carburant qu’on ajoute attise les flammes… ou les éteint. L’assouplissement quantitatif, par exemple, peut aider à chauffer une économie. Ou pas. Personne ne le sait avec certitude".
"Et devinez quoi ? Toutes ces petites molécules… vous savez… les gens qui s’agitent dans le grand bassin économique. Dès qu’ils auront compris ce que vous êtes en train de faire, ils modifieront leur comportement économique. C’est la grande différence entre l’eau et les gens. L’eau réagit toujours de la même manière, peu importe ce que vous dites ou faites. Pas les gens".
"Nous avons parlé de l’économie comme étant de l’eau. Maintenant, imaginez le contraire… imaginez que l’eau est une économie réelle. Imaginez si l’eau savait que vous alliez la faire bouillir. Ainsi, au lieu de se transformer en vapeur à 100°, elle pourrait bouillir à 75° ou 50° ou même 12° — en anticipation".
"Et puis après que vous l’avez fait bouillir quelques fois, l’eau se lasse d’être manipulée de la sorte… et entre en ébullition même lorsqu’elle ne fait que soupçonner que vous pensez à la faire chauffer".
C’est à ce moment-là que notre interlocuteur a commencé à gigoter et regarder ailleurs. Il avait peur de s’être retrouvé avec un vieux cinglé qui radoterait jusqu’au lendemain matin.
– "Eh bien, je vais m’en tenir à l’ingénierie, alors", a-t-il dit.
– "Bonne idée."
1 commentaire
« …Dès qu’ils auront compris ce que vous êtes en train de faire, ils modifieront leur comportement économique ».
20 milliards d’euros qui ont disparu des coffres des banques et …60 milliards d’euros de moins en TVA.
Vous ne faites pas le rapprochement?
Je suppose que c’est la même chose dans beaucoup de pays.
Nous sommes à une telle altitude que l’eau bout à 60°…et la casserole se vide.
Ils ont compris depuis longtemps!