▪ Vaccination ou pas ? Si vous vous posez toujours la question pour la grippe A, n’attendez plus pour donner des défenses à votre portefeuille. Les fabricants de vaccins visent un marché dont la croissance est attendue à deux chiffres. Certains se piquent d’une avance qui pourrait assurer votre prospérité.
Nos carnets de vaccination sont à jour. Les pays développés sont des marchés matures, à la démographie calme. Au premier trimestre 2009, les ventes de vaccins ont augmenté de seulement 6% en Europe et baissé de 19% en Amérique du Nord (données d’IMS Health sur douze mois). Pour nous, les chercheurs travaillent sur des vaccins presque secondaires, mais qui pourraient rapporter gros. Bientôt, il existera même des vaccins contre les effets du tabac et de la cocaïne.
Le vaccin anti-nicotinique le plus avancé est développé en partenariat entre un laboratoire américain et le géant GlaxoSmithKline, lequel pourrait verser douze fois la somme de son premier chèque (40 millions de dollars) en fonction du succès. Les fabricants de vaccins travaillent sur des affections plus sérieuses. Ils pointent leurs microscopes sur les maladies nosocomiales, contractées en milieu hospitalier. Se faire vacciner contre le mélanome, un type de cancer de la peau, pourrait bientôt être possible.
Le Gardasil est un bon exemple. Gardasil, de Merck, ou son concurrent, Cervarix, visent le papillomavirus, qui peut être la cause d’un cancer de l’utérus, rarement grave. Le battage médiatique — vous n’avez pas pu manquer la publicité télévisée — n’a pas fait taire la polémique relative à son utilité. Aux Etats-Unis, bien que ses ventes aient "atteint la respectable somme de 1,4 milliard de dollars l’an dernier", écrit BusinessWeek, elles n’ont cessé de baisser.
▪ La demande en vaccins viendra des pays émergents
Le relais viendra des zones émergentes. Entre janvier et mars 2009, les ventes ont progressé, en douze mois, de 21% en Afrique, Asie et Pacifique (IMS Health). Les pays émergents ne manquent pas d’atouts pour les fabricants. Ce sont d’importants réservoirs de population en constante augmentation, confrontée à de nombreuses maladies (épidémies, infections dues au manque d’hygiène). "Par le passé, les vaccins dans les zones émergentes se limitaient aux injections élémentaires contre la poliomyélite, la rougeole et la tuberculose", rappelle The Wall Street Journal.
Actuellement, cent vingt vaccins sont disponibles, quatre-vingts seraient en développement. Paludisme, dengue, typhoïde, choléra, SIDA sont de ces terribles maladies qu’une vaccination massive pourrait un jour éradiquer. Moyennant finance : la demande annuelle en vaccins contre le paludisme pourrait atteindre un milliard de dollars, selon son fabricant Crucell. Les gouvernements des pays émergents, de plus en plus sensibilisés, ont compris que la vaccination est souvent plus économique que le traitement.
Un exemple : éradiquer la variole a coûté 100 millions de dollars entre 1967 et 1977 et a permis d’économiser 1,3 milliard de dollars en frais de traitement et de prévention, au niveau mondial. Enfin, les flux de voyageurs constituent également une cible. La turista touche près d’un touriste sur trois, soit 20 millions de personnes chaque année ! Cette diarrhée aiguë est aussi la cinquième cause de mortalité infantile dans les pays pauvres. Intercell, le spécialiste autrichien, espère commercialiser son vaccin en 2013 et vise 500 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel.
Ces perspectives font saliver les géants pharmaceutiques. Ils y emploient les moyens : un budget de recherche-développement de un million d’euros par jour pour Sanofi Pasteur. Ils s’allient à des fabricants spécialisés, comme Intercell ou Crucell, ou locaux. Cet été, Sanofi-Aventis a ainsi pris la majorité de l’indien Shantha Biotechnics, espérant en tirer une croissance à deux chiffres. Novartis s’est adjugé 85% d’un fabricant chinois, dans un marché qui pourrait croître de 25% par an, selon la banque d’investissement Zero2IPO.
"Le marché des vaccins est estimé à 23 milliards de dollars. Il devrait augmenter de 10% par an d’ici à 2015",explique Guillaume Charbonnier, gérant du fonds Gestys Biotech. Dans cette course bien lancée, Intercell est le challenger sur lequel miser.