▪ Nous nous demandions vendredi ce qui est arrivé à l’indice des prix à la consommation (IPC) américain… Voici quelques éléments de réponse.
De petites distorsions innocentes ont grandi jusqu’à devenir grotesques et monstrueuses. Mais les autorités ne peuvent l’admettre. Il y a trop de choses en jeu. Peter Schiff, de la maison de courtage Euro Pacific Capital Inc., décrit ce qui s’est produit :
« Depuis les années 70, les mesures d’inflation privilégiées par le gouvernement ont changé si fondamentalement qu’elles n’ont plus qu’une vague ressemblance avec celles utilisées durant les années Carter. Le gouvernement et les universitaires défendent l’intégrité et l’exactitude des méthodes modernes et balaient les critiques comme pure théorie du complot. Mais étant donné les gigantesques enjeux, il est difficile de croire qu’un biais institutionnel ne joue aucun rôle. C’est aux statisticiens gouvernementaux que l’on doit l’invention de la méthodologie et des chiffres ; lorsque les chiffres de l’inflation sont bas, cela peut considérablement aider leurs supérieurs. Le comportement humain est toujours influencé par de tels facteurs ».
« A partir du début des années 80, les méthodologies ont été modifiées pour compenser toute une variété de comportement des consommateurs. Le nouvel IPC ‘pondéré en chaîne’, par exemple, incorpore les changements dans les dépenses relatives, le biais de substitution ainsi que des améliorations subjectives à la qualité du produit. Fondamentalement, ces mesures ne rapportent pas uniquement les mouvements de prix mais également les habitudes de dépenses, les choix des consommateurs et les changements des produits. C’est très bien si l’objectif est de mesurer le coût de la survie. Mais ce n’est pas l’objectif pour lequel ces données sont censées être utilisées ».
Les bonnes intentions étaient là… mais l’enfer aussi. Pour y voir clair, Schiff a essayé de calculer à quel point les chiffres avaient vraiment changé :
« Nous avons identifié des changements aléatoires sur 10 biens et services du quotidiens, concernant deux décennies séparées, puis nous avons comparé ces évolutions aux changements rapportés dans l’IPC sur la même période. Les 10 éléments que nous avons sélectionnés sont : les oeufs, les nouvelles voitures, le lait, le carburant, le pain, le loyer d’une résidence principale, le café, les services dentaires, les pommes de terre et l’électricité ».
« Entre 1970 et 1980, l’IPC officiel a grimpé de pas moins de 112% tandis que les prix de notre panier de biens et de services grimpait de 121%, à peine 8% plus rapidement que l’IPC. Par contraste, entre 2002 et 2012, l’IPC n’a grimpé que de 27,5%. Mais notre panier a grimpé de près de deux fois ce chiffre — 52,1% ! Les méthodes utilisées dans les années 70 pour calculer l’IPC capturaient donc efficacement les changements de prix de nos biens, mais n’ont détecté que la moitié de ces mouvements récemment. C’est bien pratique ».
« Pour avoir une certitude, nous avons fait la même expérience avec 10 biens et services différents. Cette fois-là, nous avons choisi : le sucre, les billets d’avion, le beurre, la bière en bouteille, les pommes, les transports en commun, les céréales, les pneus, le boeuf/le veau et les médicaments sur ordonnance. Les résultats étaient à peu près similaires. Le panier a augmenté 1% plus rapidement que l’IPC entre 1970 et 1980, et 32% plus rapidement entre 2002 et 2012. Dans les deux cas, nous avions une sélection aléatoire d’éléments alimentaires et non-alimentaires ».
▪ New York-Buenos Aires, un voyage inflationniste
Aujourd’hui, grâce aux petits changements de cap décidés par le Bureau américain des statistiques dans les années 80, l’IPC est loin de là où il devrait être. Il est parti en direction de New York… et est arrivé à Buenos Aires. Si les statisticiens alternatifs, John Williams (de ShadowStats) et Chapwood Finance, ont raison… les données américaines Etats-Unis sont en fait bien plus hors piste que celles de l’Argentine. L’augmentation réelle des prix en Argentine serait environ trois fois supérieure au chiffre officiel. Aux Etats-Unis, le Bureau des statistiques dit que les prix grimpent à 2%. Williams et Chapwood disent que le taux réel est de 10% — cinq fois supérieur !
Mais attendez… si ces chiffres sont corrects… ça change tout ! Les chiffres de l’IPC sont utilisés pour réduire le PIB. Ils sont utilisés pour ajuster les retraites. Ils sont utilisés pour dire si l’on gagne de l’argent sur les investissements… ou si l’on en perd. Ils sont utilisés pour ajuster les taux de fiscalité également. Ils sont utilisés partout… comme le Vrai Nord… chaque pilote financier d’un ménage en dépend.
Et si l’IPC officiel était sensiblement sous-estimé… les résultats seraient catastrophiques ! Oui, très mauvais… Pour commencer, le PIB serait en sévère déclin… révélant que les Etats-Unis sont en fait en dépression depuis quatre ans.
A suivre !