▪ Aujourd’hui, tous les compteurs de gaz et d’électricité de Baltimore tournent en surmultipliée. En d’autres termes, il fait un froid d’enfer.
Nos pensées se tournent vers la chaleur… vers ce qu’elle coûte… et nous commençons à nous demander comment une famille ordinaire peut suivre le rythme. Le chauffage… l’alimentation… le câble… tout ça finit par faire grimper l’addition.
Mais nous avons un conseil. En quelques mots : ne jouez pas le jeu. Nous y reviendrons. D’abord, passons en revue la classe moyenne américaine — qui reflète par de nombreux aspects la condition de la classe moyenne dans l’ensemble des pays développés. Tout le monde semble s’en inquiéter. Certains pensent qu’elle disparaît. Comment va-t-elle en réalité ?
En réalité, les salaires horaires n’ont pas grimpé depuis 1964. Les revenus stagnent depuis près d’un demi-siècle. Voilà des années que nous le disons.
Mais attendez. Comment se fait-il que les gens semblent plus riches ?
Parce qu’ils le sont — du moins d’une certaine manière. Ils ont de plus grandes maisons, plus de cuisines aménagées, plus de voitures, des télévisions à plus grand écran.
Ils ont beaucoup plus de choses — qui sont même de meilleure qualité.
C’est en tout cas ce qu’affirme un article paru la semaine dernière dans le Wall Street Journal. Les auteurs affirment que la classe moyenne américaine est en fait bien plus aisée aujourd’hui qu’elle ne l’était en 1964.
Meilleurs soins de santé, plus de salaires pour un seul ménage depuis que les femmes travaillent — sans parler du fait que tout le monde a désormais accès aux voyages en avion, iPhones et autres télévisions géantes bourrées d’options.
▪ Mais est-ce vraiment mieux ?
Nous ne sommes pas vraiment convaincu des deux premiers éléments… quant au troisième, nous avons une petite anecdote personnelle à offrir.
Pendant longtemps, nous n’avons pas eu de télévision — de 1982 à 2012. Nous avons acheté notre premier téléviseur à Noël. Un cadeau pour toute la famille. Nous avons regardé quelques films pendant les fêtes. Ensuite, quand les enfants sont partis, nous l’avons oublié. Jusqu’à hier soir…
Elizabeth étant absente, nous avons décidé d’allumé la télévision pour nous tenir compagnie. Le problème, c’est que nous ne savions pas comment. Il y avait quatre télécommandes. Laquelle contrôlait quoi ? C’était loin d’être évident. Nous avons appuyé sur tous les boutons à notre portée. Rien. Nous avons ensuite pris le téléphone et pressé quelques touches là aussi. Peut-être y avait-il quelque communication entre les deux, une sorte de vaudou électronique ?
En 1964, on tournait un bouton pour allumer l’écran et un autre pour changer de chaîne. Il n’y avait pas de doute à avoir.
Mais voici qu’arrive le miracle de l’électronique 2013, et il nous a fallu un bon quart d’heure pour comprendre comment mettre le bidule en route. Nous avons ensuite passé quinze minutes à zapper entre des dizaines d’émissions avant de nous rendre compte qu’il n’y avait pas une seule que nous souhaitions voir.
Temps perdu : 30 minutes. Gain : négatif.
En ce qui concerne les miracles des gadgets modernes, nous sommes donc loin d’être impressionné.
▪ Un « détail » qui fait la différence
Mais il ne fait pas le moindre doute que la classe moyenne est mieux équipée que son salaire horaire pourrait le laisser croire. C’est en partie parce que le prix des choses importantes — l’alimentation, le logement, les vêtements et les services — ont baissé en tant que pourcentage des revenus d’un ménage, passant de 52% des revenus disponibles en 1950 à seulement 32% aujourd’hui.
Toutefois, les auteurs ne prêtent pas la moindre attention à l’autre côté de l’équation — la dette. En 1964, la dette totale, publique et privée, aux Etats-Unis était de 140% du PIB. Aujourd’hui, elle se monte à 375% du PIB. Hmm… cela fait environ deux fois et demi plus de dette par famille.
Les chiffres montrent que la valeur nette par ménage est à peu près au même niveau qu’il y a 50 ans… soit environ cinq fois les revenus disponibles. Mais ces chiffres n’incluent pas la dette gouvernementale — un gigantesque iceberg dont on ne connaît pas les proportions exactes.
Avec une telle quantité de dette à intégrer, la famille moyenne est bien plus exposée à des hausses de taux d’intérêt et autres accidents de la vie.
Pour l’instant, le coût de la dette est limité. Parce que les taux d’intérêt n’ont jamais été si bas depuis plus d’un demi-siècle. Mais ils étaient bas en 1964 aussi. Et s’ils grimpent à partir de maintenant — comme ils l’avaient fait à l’époque — ce sera un joli massacre. Combien de familles pourraient se permettre un taux immobilier à 10% ?
Tout ça ne fonctionnera pas.