Le premier sommet des investisseurs de l’uranium se tenait à Las Vegas le mois dernier. L’événement, l’Uranium Stock Summit, était réservé aux professionnels qui, dans l’ensemble, s’accordaient à dire que le super-marché haussier de l’uranium entamait sa phase finale.
L’existence même dudit symposium en témoigne. Un signal précoce d’alerte de phase "bullière" est l’organisation de manifestations pour l’usage exclusif des investisseurs. Tant que les réunions, séminaires, conférences, etc. s’adressent aux producteurs, fournisseurs et clients, tout va bien. Mais lorsque tous ces efforts de communication s’adressent aux investisseurs, cela sent le roussi.
Mais, bonne nouvelle, nous ne sommes pas dans la phase finale de bulle. Car le symposium ne conviait que les investisseurs professionnels et spécialisés dans l’uranium. Quand ceux-ci seront prêts à passer la patate chaude du yellow cake aux conseillers financiers des banques de détail, il sera vraiment temps de sortir.
De grands profits encore possibles
Les phases finales de hausse sont les plus brutales et donc les plus profitables à court terme, à condition de savoir se montrer sélectif dans le choix de ses valeurs et d’avoir des critères de sortie du marché bien définis.
Coïncidence, en même temps que se tenait notre sommet à Las Vegas (capitale du jeu de hasard, faut-il le rappeler), l’uranium pulvérisait de nouveaux records à plus de 113 $ la livre. Un bond de 19% par rapport au précédent prix de 95 $ la livre, qui dépasse en ampleur le précédent bond de 7%.
Ce dernier était survenu à la suite de l’annonce par le canadien Cameco, le plus grand producteur mondial, d’une grave inondation dans sa mine de Cigar Lake. Cette catastrophe remettait en cause un début de production qui arrivait à point pour soulager les tensions du marché. Ce bond actuel serait en fait dû à l’inquiétude quant au niveau des stocks plus qu’aux conséquences d’un événement naturel.
Insuffisance d’offre pendant encore deux ans
La situation d’aujourd’hui est tendue : on tape dans les stocks pour alimenter les centrales qui tournent déjà. Elle restera tendue pendant encore deux ans, dans tous les cas de figure.
Ensuite, tout dépendra de la demande. Un nouveau Tchernobyl, une menace terroriste sur une centrale… et les conséquences ne se feront pas attendre : les nouveaux programmes seront gelés. Mais à l’inverse, le pétrole à 100 $ le baril, des revirements écologiques en Australie, Etats-Unis ou au Canada (pour le moment encore farouchement antinucléaires) et la construction de centrales supplémentaires sera décidée.
En résumé : deux années de profits encore en vue pour l’investisseur avisé. Et si le niveau de 115 $ la livre paraît élevé, il faut relativiser : le sommet de 1979 corrigé de l’inflation n’a pas été encore retrouvé. Le prix du yellow cake rentre pour moins de 5% dans le prix de revient du kWh nucléaire.
Investir dans les jeunes minières dont la production est proche
L’uranium ne possède pas de contrats à terme. Le meilleur vecteur d’investissement reste l’achat d’actions de jeunes exploratrices et minières qui sont proches du stade de la production.
C’est la seule façon de jouer une exposition pure au métal. Car notre champion national Areva tire la majorité de son chiffre d’affaires de l’ingénierie et des services, secteurs relativement opaques compte tenu des enjeux de l’exportation du nucléaire. Et les grosses minières diversifiées seront peu sensibles à l’évolution du yellow cake.
Il reste aussi pour les nouveaux venus le choix de fonds uranium qui regroupent un panier d’actions de juniors. Et puisque nous entrons en phase finale de hausse, il faut surveiller ses ordres de vente stop comme le lait sur le feu. L’expérience m’a appris, qu’en matière d’investissement, il vaut mieux être le rat qui quitte le navire sournoisement au bond moment que l’héroïque commandant…