▪ Nous ne savons pas grand-chose des véritables origines du gouvernement. Tout ce que nous savons — et cela grâce aux recherches archéologiques — est qu’un groupe en conquérait souvent un autre. Il existe des squelettes vieux de plus de 100 000 ans portant des blessures à la tête, du genre de celles qu’on subit en se battant. Nous supposons que cela signifie que le « gouvernement » a changé. Quiconque était aux commandes a été exilé ou tué. Suite à quoi quelqu’un d’autre prenait la relève.
Les groupes tribaux — ou même les groupes familiaux — avaient probablement des « chefs ». Ils pouvaient être de simples « brutes »… ou au contraire des anciens respectés. Au cours des millénaires, il y a probablement eu autant d’exemples de « gouvernements » primitifs qu’il y a eu de tribus. Certains élisaient leurs chefs. D’autres les choisissaient au hasard, pour autant que nous en sachions. Nombre d’entre eux étaient sans doute désignés par consensus. Probablement que certains n’avaient même pas de dirigeants identifiables. Mais il semble être une caractéristique de la race humaine que certaines personnes veulent être aux commandes… tandis que d’autres veulent être commandées.
En période d’adversité, il y avait probablement un avantage à avoir un dirigeant. La chasse était souvent une entreprise collective. Il y avait aussi des décisions à prendre en commun — sur la manière dont la nourriture était stockée et rationnée, par exemple — qui affecteraient la survie de tout le groupe. Dans le cas d’une attaque par une autre tribu, un chef fort et compétent pouvait faire la différence entre la vie et la mort. Nous pouvons supposer que les gens appartiennent à la catégorie des dirigeants ou des suiveurs aujourd’hui parce qu’ils y ont été programmés par l’évolution. Ce qui ne peuvent pas ou ne veulent pas… eh bien, peut-être sont-ils morts il y a des milliers d’années.
Inutile de revenir à la dernière période de glaciation pour voir ce qui arrive aux petites unités politiques. On peut le voir aujourd’hui, il y en a partout : chaque église a son conseil de fabrique. Chaque communauté a une forme de gouvernement ou une autre. Chaque entreprise… groupe… association… Chaque fois que des êtres humains se réunissent, il semble se développer des règles et des relations de pouvoir. Des dirigeants apparaissent. Les groupes informels cèdent généralement à la personnalité la plus forte. Les jurys essaient de la contrôler. Les familles lui résistent. Durant les dîners, on cherche à l’éviter.
C’est ainsi. Certaines personnes cherchent à dominer. D’autres aiment être dominées.
▪ Le problème survient à plus grande échelle…
Le souci, c’est qu’il y a généralement plus d’une personne qui brigue la position dominante. Cela mène à des conflits. Des traîtrises. Des meurtres. De la rivalité. Et des élections. Mais n’allons pas trop vite. Nous parlons des origines du gouvernement, en essayant de deviner à quoi ils ressemblaient jadis. A petite échelle, en concluons-nous, les gouvernements étaient à la fois extrêmement variables sur la forme… et extrêmement limités dans leur champ d’action.
En d’autres termes, quelle quantité de gouvernement un petit groupe peut-il supporter ? Pas grand-chose. On peut dire aux gens quoi faire, mais il y a des limites à ce qu’ils accepteront. Et il se trouve toujours un rival prêt à renverser le grand chef si ce dernier devait perdre le soutien populaire. Dans une tribu, nous pouvons imaginer que le guerrier le plus fort et le plus féroce ait pu s’imposer comme autorité gouvernementale. Mais on pouvait le poignarder pendant son sommeil… ou le percer d’une flèche durant un « accident de chasse ». Même dans les meilleures circonstances, son règne ne durerait pas beaucoup plus longtemps que sa propre vigueur.
Dans une petite ville, le gouvernement s’en tire relativement bien. Il n’y a pas grande distance entre les gouvernants et les gouvernés. Ces derniers savent où vivent les premiers… comment ils vivent… et la distance qui les sépare. Si les gouvernants en font trop, ils ont de bonnes chances d’être battus aux prochaines élections… ou au milieu de la rue.
Mais à mesure que la taille augmente… à mesure que le fossé entre les gouvernés et les gouvernants s’approfondit… et à mesure que le cadre institutionnel se développe et vieillit… le gouvernement devient plus important. Plus formel. Il peut commencer à gouverner de manière plus majestueuse.