▪ "Je suis sorti nu du sein de ma mère, et nu j’y retournerai", nous rappelle le livre de Job.
Cette simple phrase de l’Ancien Testament ne signifie pas que nous ne devrions pas faire un effort pour acquérir un tee-shirt ou deux… voire un pantalon. Elle signifie que la vie ne devrait pas tourner seulement autour des vêtements, d’un toit ou de toute autre possession matérielle.
Nu, ce n’est pas si mal. Aux yeux d’un jeune marié, par exemple, aucune robe de mariée ne sera plus belle sur le corps de sa bien-aimée qu’elle ne le sera sur le sol d’une chambre d’hôtel. Ceci dit, la nudité ne serait pas aussi appréciable s’il n’y avait pas besoin d’enlever les vêtements pour y arriver… et les vêtements ne seraient pas aussi beaux s’ils ne dissimulaient pas joliment la nudité. Les deux se complètent. Ils font un tout… comme la plupart des choses et des processus de la vie.
La lumière a besoin de l’obscurité ; la satiété a besoin de la faim ; l’indulgence a besoin de la discipline ; l’amour a besoin de l’indifférence ; les caresses ont besoin du mépris… et oui, nous pouvons dire aussi que le marché haussier a besoin du marché baissier.
▪ Si un marché haussier tente de commencer avant que le précédent marché baissier ait terminé sa course, qu’est-ce qu’on obtient ? Eh bien… on obtient un marché haussier qui a des chances de s’arrêter beaucoup trop tôt.
A moins que le marché baissier précédent — et la misère économique qui l’a accompagné — n’aient purgé la pourriture du système financier, un nouveau marché haussier va généralement s’arrêter peu de temps après avoir commencé. Nous appelons ça un "rebond de marché baissier".
Malheureusement, la distinction entre un rebond de marché haussier et un rebond de marché baissier n’est évidente qu’après coup. Heureusement, cette distinction ne compte pas beaucoup. Le S&P 500 a effectué un rebond de 58% depuis ses niveaux assez bas du mois de mars. Ce serait un marché haussier pour n’importe qui. Mais même après ce rebond impressionnant, le S&P 500 demeure bien en dessous de son plus haut niveau… ce qui signifie que le récent rebond serait également un marché baissier aux yeux de n’importe qui.
Alors oublions un instant les étiquettes et regardons autour de nous. Que voyons-nous ? Eh bien, nous voyons quelques signes que l’économie a cessé d’empirer… et beaucoup de signes qui montrent que l’économie est loin de se remettre. Nous voyons aussi que les actions ont des valorisations TRES hautes par rapport aux données économiques actuelles, contrairement aux données espérées.
▪ Enfin, nous voyons que ceux les dirigeants n’aiment pas trop les actions de leurs propres entreprises. Comme nous l’avons remarqué plusieurs fois ces derniers temps, les initiés donnent 30 fois plus d’ordres de vente que d’ordres d’achat sur les actions des sociétés qu’ils gèrent.
Bruce Toll, vice président de Toll Bros., nous fournit un cas d’étude particulièrement intéressant. La dernière fois que nous avons rendu visite à "notre héros", en 2005, il était occupé à se débarrasser d’actions de l’entreprise de construction immobilière qu’il a co-fondé avec son frère, Robert.
A l’époque, nous déclarions : "le mois dernier, les frère Toll — les véritables frères, Robert et Bruce, pas l’entreprise de construction qu’ils dirigent — ont vendu plus de deux millions de parts de leur entreprise. Les ventes leur ont rapporté près de 120 millions de dollars — qu’on appelle aussi argent réel".
"Nous ne reprochons pas aux frères Toll leur bonne (et grande) fortune", avions-nous continué, "mais nous voudrions vous faire remarquer que les initiés ne vendent JAMAIS parce qu’ils espèrent que les conditions vont s’améliorer. C’est à ça que sert l’achat… Si les frères Toll vendent, quel destin attend le marché immobilier américain ?"
La réponse est arrivée peu de temps après. Le marché immobilier a chuté… tout comme les actions des frères Toll.
Quand Bruce s’est débarrassé des actions de son entreprise, pendant les sept premiers mois de 2005, il a obtenu un prix moyen de plus de 87 $ par action, pour un total de 148,7 millions de dollars. A la fin 2005, l’action se vendait autour des 30 $.
▪ Nous ne prendrions pas la peine de mentionner ces ventes passées, si ce n’était que le vendeur est revenu. Bruce Toll a levé plus de sept millions de dollars ce mois-ci par le biais de deux ventes sur le marché libre. Ce sont ses premières ventes depuis mars dernier. On vous l’accorde, ce ne sont pas des grosses ventes en comparaison avec ses ventes de 2005, mais les achats ne le sont pas non plus.
Votre chroniqueur ne sait pas pourquoi M. Toll a repris la levée de liquidités. Peut-être qu’il le fait seulement pour des "raisons financières personnelles" comme l’expliquent généralement les articles de presse. Et peut-être qu’une de ces raisons financières personnelles, c’est qu’il croit que l’action Toll Bros. est sur le point de se faire virer à coup de pieds.
Mais ce ne sont là que des suppositions. Les actions de Toll Bros. ne sont peut être pas une bonne vente juste parce que Bruce Toll s’en débarrasse… mais elles ne constituent sûrement pas un bon achat.