** Avons-nous franchi un virage cette semaine, se demandait Bill Bonner vendredi ? Les marchés ont baissé… et au lieu de se reprendre comme à leur habitude depuis cet été, ils sont restés prudents et hésitants.
On dirait qu’avec l’arrivée de l’automne, l’humeur des investisseurs est passée en mode "soyons sérieux". Les chiffres économiques sont accueillis avec moins d’insouciance, et des doutes commencent à se faire entendre ici et là quand à la solidité de la reprise (dont, faut-il le rappeler, nous doutions depuis le début).
Simone Wapler nous en disait un peu plus récemment dans MoneyWeek : "le statisticien et économiste indépendant John Williams, dans son dernier bulletin Shadow Government Statistics, va plus loin. Il démontre, chiffres à l’appui, que la crise est loin d’être finie. La récession a en réalité démarré un an plus tôt que la date officielle. C’est la chute de l’activité qui a déclenché une crise générale de solvabilité et non l’inverse. ‘Quoique toujours fortement truqués, les chiffres révisés de croissance sont plus réalistes’."
"Mais, obnubilés par le court terme, beaucoup d’observateurs négligent de regarder dans le rétroviseur et de peser les chiffres révisés", continue Simone. "En outre, depuis le début des années 80, les méthodes de mesure statistiques ont été revues à plusieurs reprises".
"John Williams s’efforce donc de raccorder les chiffres afin de pouvoir les remettre dans une perspective de long terme. Sa conclusion est sombre : ‘L’économie souffre de problèmes structuraux liés au revenu des consommateurs ; les ménages ne peuvent plus s’appuyer sur la croissance de leur endettement pour compenser la baisse de leur niveau de vie. La dépression actuelle montrera probablement de multiples baisses d’activité, comme ce qui s’est produit durant la Grande Dépression ou lors de la récession en double creux du début des années 80’."
"Nous nous rangeons dans le camp minoritaire des pessimistes et estimons que ce que les médias qualifient de récession s’avérera bien être une dépression, c’est-à-dire une baisse de l’activité économique supérieure à 10% entre son pic et son creux. Nous en sommes pour le moment à -7%. Dans ce cas, la rechute du Standard & Poors (comme celle des autres indices) sera brutale".
Si on ajoute à cette prise de conscience un mois de septembre traditionnellement dangereux pour les marchés, il y de quoi s’inquiéter sérieusement pour les semaines qui viennent.
D’un autre côté, M. le Marché n’en fait qu’à sa tête, rappelle souvent Bill Bonner. Et Philippe Béchade me le disait encore jeudi matin : "en ce moment, la baisse semble presque courue d’avance — et c’est dans ces cas-là que les choses ne se passent pas comme on l’attendait".
Si la baisse "logique" ne se produit pas, quelle autre surprise nous réservent les marchés cet automne ?
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora