▪ La Chine est incontestablement l’économie la plus dépendante du charbon au monde. Le charbon produit 70% de l’électricité du pays. Cette dépendance oblige la Chine à produire trois fois plus de charbon que les Etats-Unis, alors que Washington est déjà le deuxième producteur de charbon dans le monde.
▪ Des ressources illimitées bientôt épuisées
Théoriquement, les ressources chinoises devraient suffire à répondre à la demande nationale. Les réserves prouvées de charbon en Chine atteignent 114 milliards de tonnes, soit les troisièmes réserves de charbon au monde, derrière les Etats-Unis et la Russie. Ces réserves représentent l’équivalent de 48 années d’exploitation, selon un calcul réalisé en 2008. Optimiste, les ressources atteindraient même 5 570 milliards de tonnes selon le China’s General Geological Bureau.
Confiant devant l’ampleur de ses réserves, le gouvernement s’est lancé il y a quelques années dans un vaste programme de construction de centrales. D’ici 2030, selon l’International Energy Agency (AIE), la Chine a l’intention d’installer 1 312GW supplémentaires, soit davantage que la capacité actuelle des Etats-Unis. La Chine s’attend donc à devoir produire jusqu’à quatre fois plus de charbon que Washington. Le problème, c’est que le rythme de consommation a évolué si vite que la durée des réserves a été considérablement revue à la baisse.
▪ Vers un pic charbon en Chine ?
C’est l’AIE qui est venue jeter un pavé dans la mare au milieu des années 2000. Selon l’agence, avec un taux de croissance de 5%, la Chine ne disposerait finalement plus que de 28 ans de charbon. Selon des calculs encore plus récents, les ressources de 114 milliards de tonnes de la Chine correspondraient à moins de 30 ans de consommation. C’est notamment l’analyse du courtier CLSA. Toujours en gardant l’hypothèse d’une hausse de 5% par an de la consommation, la Chine connaîtrait une pénurie de charbon dans 21 ans.
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Le décalage entre l’optimisme des années 2000 et les craintes actuelles réside dans le fait qu’aucune nouvelle évaluation des réserves n’avait été faite depuis 1992. Certains analystes estiment qu’une mise à jour des chiffres placerait le pic charbon, c’est-à-dire le moment où la production commence à diminuer, proche de 2020.
▪ Des importations devenues obligatoires
Ne représentant encore que 2% à 6% de la consommation, les importations vont devenir de plus en plus cruciales dans les années à venir. Car cette tendance va être accélérée par trois autres raisons :
1- Problème de sécurité
Historiquement, l’industrie chinoise s’est construite autour de géants miniers publics tels que Shenhua ou China Coal. Ces entreprises fonctionnaient selon les objectifs des plans quinquennaux, souvent établis en fonction des besoins de l’industrie lourde.
A partir des années 1980 et 1990 se sont développées une kyrielle de petites installations minières. Le gouvernement a autorisé ce développement pour faire face à la hausse de la demande que les entreprises publiques n’arrivaient plus à satisfaire. Ces sociétés étaient contrôlées par les gouvernements locaux, ou étaient carrément des entreprises privées. Leur nombre a approché les 20 000.
Ces dernières années, le gouvernement a décidé de donner un nouveau coup de frein à leur expansion. Parfois oeuvrant dans l’illégalité, ces mines sont devenues extrêmement dangereuses. En 2006, 4 746 décès ont été enregistrés dans les mines chinoises. Sur ce total, deux tiers de ces accidents mortels se produisaient dans ces mines. Au total, entre 2005 et 2008, 12 155 petites mines ont ainsi été fermées. Ces fermetures ont totalisé un manque dans la production de charbon de 300 millions de tonnes.
Les prix du charbon sur le marché intérieur ont alors décollé. En 2011, la tonne se négociait autour de 110 $, soit le double des prix de 2006. Il est ainsi devenu plus avantageux pour les sidérurgistes et les compagnies électriques d’acheter du charbon sur les marchés internationaux, en Australie, au Vietnam ou encore en Indonésie.
2- Les mauvaises infrastructures
Pour paraphraser un ancien président français, en Chine le charbon est à l’ouest, et les usines à l’est. Oui, les gisements de charbon de la Chine sont très éloignés des zones de consommation. La majorité des gisements sont répartis dans le nord et l’ouest du pays, notamment dans la région du Shanxi. Or les voies ferrées et les routes ne sont pas structurées pour relier ces zones aux zones industrielles du sud, notamment dans le Guangdong.
Les faiblesses de ces infrastructures rendent le marché extrêmement vulnérable à la moindre anomalie. Ainsi en 2010, c’est une panne sur une voie de chemin de fer qui reliait la région de Shanxi qui a ralenti les exportations de charbon, faisant exploser temporairement les cours.
3- Le risque politique
De plus, on peut voir une troisième raison expliquant le recours massifs aux importations de charbon : les tensions ethniques. La région charbonneuse du Xinjiang connaît des tensions ethniques depuis des dizaines d’années. Les tensions se cristallisent notamment autour des droits de la minorité musulmane des Ouïghours, dont une manifestation a été réprimée dans le sang il y a deux ans dans la capitale Urumqi. Pékin ne veut pas prendre le risque de voir la région, qui détient 40% des réserves de charbon du pays, paralysée.
La hausse de la croissance économique dans cette région est ainsi devenue problématique, puisqu’alimentant un sentiment d’inégalité dans la répartition des richesses. Le recours aux importations est ainsi devenu un moyen de contourner ce problème.
▪ Du coup, la Chine regarde vers l’international
C’est véritablement en 2009, avec la conjugaison de ces obstacles techniques, économiques et politiques, que la Chine a commencé à recourir massivement aux importations. Pendant ces trois années, les compagnies chinoises ont acheté pour 20,96 milliards de dollars d’actifs à l’étranger. L’Australie a ainsi longtemps représenté un eldorado charbonnier pour la Chine. Pourtant en 2011, l’Australie a été détrônée par un autre pays : la Mongolie.
▪ La Mongolie, l' »Arabie Saoudite de l’Asie »
Devant la hausse inévitable des importations dans les années à venir, les industriels ont en toute logique regardé quel pays possédait des ressources. Deux pistes se sont dégagées :
– les pays avec des ressources abondantes ;
– les pays proches géographiquement.
La Mongolie a tout de suite présenté l’intérêt de regrouper ces deux caractéristiques. D’abord géographiquement, la Mongolie partage une frontière de 4 600 km, au nord de la Chine. Le pays partage ainsi les gisements de la Mongolie intérieure, appartenant à la Chine. Surtout, le pays possède parmi les plus importantes et diversifiées ressources en minerai du monde. Le pays possède aussi bien du cuivre que de l’or, du fer, du molybdène, de l’uranium ou du pétrole. Et bien entendu, des réserves gigantesques de charbon.
Du fait de sa faible population, à peine 3 millions d’habitants, on a également comparé le pays au Qatar, ou à Brunei. D’ailleurs, le pays affiche des taux de croissance similaires. La croissance au troisième trimestre 2011 a atteint 21% comparé à la même période en 2010. Et entre 2012 et 2016, la croissance devrait atteindre en moyenne 14% selon le FMI.
▪ Welcome in « Mingolia »
Un troisième surnom a été attribué à la Mongolie : « Mingolia ». Il a ma préférence. Car la Mongolie ne doit pas sa richesse au pétrole, mais essentiellement à la mine. Comme vous l’imaginez, la Mongolie a très vite vu dans la croissance chinoise un moyen d’écouler ses gigantesques réserves de minerais. Jusque-là enclavées, les lignes de fer récemment construites sillonnent désormais sa frontière avec la Chine.
Aujourd’hui, 80% des exportations vont en direction de la Chine. Ce chiffre devrait atteindre 95% dans les années à venir. Car la Mongolie commence à peine à exploiter ses ressources.
▪ Le charbon, l’or noir
Si l’Arabie Saoudite a prospéré grâce aux importations US de pétrole, la Mongolie va prospérer grâce aux importations chinoises de charbon. La Mongolie possède 10% du charbon mondial, soit 125 milliards de tonnes, selon l’AME Mineral Economics. Comme le rappelle Chris Mayer, l’Indonésie est actuellement le plus grand exportateur de charbon du monde, mais la Mongolie possède l’équivalent de deux fois le charbon indonésien.
On parle là de toute la gamme de charbon — du charbon cokéfiable de haute qualité (utilisé dans la fabrication de l’acier) au lignite de faible qualité. La Chine ne s’y est pas trompée. Selon M. Huang Jingang, président de l’Association de l’industrie du charbon, sur les neuf premiers mois de 2011, la Chine a importé 26,5 millions de tonnes de charbon.
Ces importations ont représenté 43% du total, alors que l’Australie ne représente plus que 21%. C’est une hausse de 32% pour la Mongolie. La Chine a clairement fait le choix de la Mongolie comme première source d’approvisionnement.
[NDLR : Une minière en particulier s’est récemment imposée comme une cible de choix pour les industriels chinois… Cotée à Toronto (donc sûre et facile d’accès), cette société pourrait profiter à plein de la dépendance chinoise au charbon. Florent vous en parle ce mois-ci dans son service, Matières à Profits. Pour en savoir plus, continuez votre lecture… ]
1 commentaire
Ce ne sont pas des PRODUCTEURS de charbon mais des EXTRACTEURS… 😉
Et un jour il devront trouver autre chose car y il faudra plus d’énergie pour l’EXTRAIRE qu’il en procurera en brûlant. Idem pour les autre ressource énergétique fossile.