▪ Que pensez-vous de ça ? Une nouvelle théorie sur le gouvernement. Oui, cher lecteur, nous n’arrêtons pas de réfléchir.
Nous sommes déçu par les idées politiques et théories gouvernementales. Ce ne sont qu’escroqueries, justifications et vantardises. L’une essaie de jouer des tours à M. Tout-le-Monde… une autre affirme qu’on fait tout ça pour son bien… et la troisième prétend qu’il serait perdu sans ça. La majeure partie n’est pas du tout des théories… mais des prescriptions — des plans permettant de créer la sorte de gouvernement que le « théoricien » voudrait avoir. Il n’est donc pas surprenant que ces plans flattent son intellect et engagent son imagination.
Toutefois, ils ne répondent pas aux questions essentielles : pourquoi laissons-nous d’autres gens nous dire quoi faire. Ne sommes-nous pas tous égaux ? Quel est le but d’un gouvernement ? Que coûte-t-il et quels bénéfices confère-t-il ?
Vous trouverez peut-être que ces questions s’éloignent considérablement des réflexions habituelles de la Chronique Agora. Mais elles nous occupent l’esprit. Des échéances électorales majeures arrivent en France comme aux Etats-Unis. Plusieurs personnes se proposent de prendre en charge le gouvernement de ces pays. Il vaut peut-être la peine de se demander de quoi ils prennent la charge… et de toute façon, puisque la Chronique est gratuite, nous nous sentons le droit d’écrire exactement ce que bon nous semble !
Le gouvernement est un fait. Il existe. Il est aussi commun qu’un rot après une bonne bière. Il est aussi omniprésent que les poux et aussi inévitable que la vanité. Mais qu’est-ce ? Pourquoi est-il ? Et qu’est-il devenu ?
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▪ Nous ne savons pas grand-chose des véritables origines du gouvernement. Tout ce que nous savons, grâce à l’archéologie, c’est qu’un groupe finissait souvent par en conquérir un autre. On a trouvé sur des squelettes vieux de plus de 100 000 ans des blessures telles que l’on subit en se battant. Nous supposons que ça signifie que le « gouvernement » a changé. Quiconque était le chef a été viré ou tué. Et quelqu’un d’autre est devenu chef.
Les groupes tribaux, ou même les groupes familiaux, avaient probablement des « chefs ». Peut-être n’étaient-ils rien de plus que des brutes… ou peut-être étaient-ils des aînés respectés. Au cours des millénaires, on a sans doute trouvé autant d’exemples différents de « gouvernements » primitifs que de tribus. Certaines élisaient leurs dirigeants. D’autres les choisissaient peut-être au hasard, pour autant que nous en sachions. Nombre de tribus attribuaient sans doute cette charge par simple consensus. Certaines n’avaient probablement pas de dirigeant identifiable. Mais la race humaine semble être faite de telle sorte que certaines personnes veulent diriger… tandis que beaucoup d’autres veulent être dirigées.
Dans l’adversité, il y avait probablement un avantage à avoir un chef. La chasse était souvent une affaire collective. Il y avait également des décisions de groupe à prendre — sur la manière dont la nourriture était stockée ou rationnée, par exemple — qui affecteraient la survie du groupe tout entier. En cas d’attaque, un chef fort et capable ferait la différence entre la vie et la mort.
Nous pouvons supposer qu’aujourd’hui, les gens prennent le rôle de chef ou de suiveur parce que l’évolution les y a programmés. Ceux qui ne le peuvent pas ou ne le veulent pas… eh bien, peut-être se sont-ils éteints il y a de nombreux millénaires.
Inutile de revenir à la dernière période de glaciation pour voir ce qui arrive dans de petites unités politiques. Nous pouvons le voir de nos jours. Il y en a partout. Chaque église a son conseil de fabrique. Chaque communauté a une forme de gouvernement. Chaque entreprise… groupe… club… chaque fois que des humains se rassemblent, il semble qu’un ordre politique/social se développe. Les règles évoluent. Des dirigeants apparaissent. Des groupes informels cèdent généralement à cette personnalité forte. Les jurys essaient de contrôler ce phénomène. Les familles y résistent. Les dîners tentent de l’éviter.
Mais c’est comme ça. Certaines personnes cherchent à dominer. D’autres aiment à être dominés.
Le problème, c’est qu’on trouve généralement plus d’une personne (ou un groupe) voulant occuper la position dominante. Ce qui mène à des conflits. De la traîtrise. Des meurtres. Des rivalités. Et des élections. Mais n’allons pas trop vite en besogne. Nous parlions des origines du gouvernement, en essayant de déterminer ce qu’elles étaient. A petite échelle, en concluons-nous, elles étaient à la fois extrêmement variables en termes de forme… et extrêmement limitées en termes d’ampleur. C’est simple : quelle quantité de gouvernement peut-on appliquer dans un petit groupe ? Pas grand-chose. On peut forcer les gens à faire ce qu’on veut, mais la limite est vite atteinte. On trouve toujours un rival prêt à renverser le chef si ce dernier perd le soutien populaire. Dans un contexte tribal, nous imaginons que le guerrier le plus féroce et le plus fort était en mesure s’installer à la tête du clan. Mais il pouvait être poignardé dans son sommeil… ou même atteint par une flèche lors d’une chasse. Même dans les meilleurs circonstances, son règne ne pouvait pas durer plus longtemps que sa propre force.
Dans une petite ville, le gouvernement s’en sort plutôt pas mal. Il n’y a pas beaucoup de distance entre les gouvernants et les gouvernés. Ces derniers savent où vivent les premiers… comment ils vivent… et quelles sont les différences entre eux. Si les gouvernants en font trop, ils seront probablement battus aux prochaines élections… ou sur la place du village.
Mais à mesure que l’échelle augmente… que la distance entre gouvernés et gouvernants se creuse… que le cadre institutionnel croît et mûrit… le gouvernement prend de l’importance. Il est plus formel. Plus puissant. Il peut commencer à diriger plus efficacement.
▪ Le premier gouvernement à grande échelle et de long terme que nous connaissions se trouvait en Egypte. Après l’unification des royaumes de Haute-Egypte et Basse-Egypte, la période dynastique a commencé. Elle a duré deux millénaires, jusqu’à ce que les Romains conquièrent l’Egypte, en 30 av. J.-C. Nous ne savons pas exactement comment le gouvernement fonctionnait durant ces nombreux siècles, mais nous savons que ça a donné naissance à une théorie. A l’époque, on ne la considérait d’ailleurs pas comme une théorie mais comme un fait : le dirigeant était divin. Un dieu.
C’est une théorie qui se défend. Elle explique pourquoi on suit les ordres d’une autre personne : dans l’Egypte ancienne, la question ne se posait pas. Parce que le pharaon n’était pas une autre personne. Il était autre chose. Ce qu’il était précisément… ou ce que les gens pensaient qu’il était… n’est pas clair. Mais les documents archéologiques montrent qu’il était traité comme s’il était un ou deux échelons plus haut que le reste d’entre nous. S’il n’était pas un dieu à part entière, il était au moins un demi-dieu… le chaînon manquant entre l’homme et les cieux.
Si c’était le cas — et qui sommes-nous pour en douter ? — la théorie se tient parfaitement. L’autorité divine est transmise du ciel à l’homme via son intermédiaire… le pharaon.
On pourrait penser que ce serait là la fin de l’histoire. Mais non. Des colons s’installaient dans la région du delta — les Hyksôs –, et apparemment, ils n’étaient pas de cet avis. Idem pour les Thébains. Les Nubiens. Les Assyriens. Les Hittites. Et des centaines d’années de guerres intestines entre des dizaines de groupes différents… sans parler de luttes au sein des familles divines elles-mêmes.
Si les dieux voulaient mettre leur homme sur le trône, ils auraient pu faire un peu plus pour l’aider. Au moins auraient-ils pu se montrer un peu plus clairs sur qui précisément était cet homme. Pourquoi laisser les gens râler en essayant de décider quel était vraiment le choix divin ? D’un autre côté, qui peut comprendre les dieux ? Peut-être que toute cette histoire de divinité était un mensonge. Ou peut-être que les dieux aimaient à voir leur homme se donner un peu de mal. Impossible de le savoir.
Les pharaons ont peut-être vécu comme des dieux, ils ont peut-être gouverné comme des dieux… mais ils mouraient comme tout le monde. Après 30 dynasties, selon Ménès, le système tout entier s’effondra. Cléopâtre s’est laissé rouler dans un tapis pour être déposée aux pieds de Jules César. Il lui a fait un enfant… mais elle est ensuite passée du côté de Marc-Antoine. Ce qui se révéla être une erreur. Le neveu de César, Octavien, était mieux organisé et meilleur politicien. L’armée d’Antoine fut battue à Actium.
Mais l’idée d’un dirigeant de droit divin survécut. Antoine commençait déjà à sentir le sang des dieux circuler dans ses veines. Ensuite, une fois Antoine écarté du pouvoir et les pharaons demi-dieux à peine mis en terre en Egypte, les Césars romains à moitié fous commencèrent à se sentir pousser des ailes.
A suivre…
3 commentaires
[…] Souvenez-vous : dans notre Chronique d’hier, nous avions quelques questions sur la divinité supposée des dirigeants de l’Egypte […]
[…] Ceci est la dernière partie de notre série sur la “théorie du gouvernement“. Nous avons commencé en nous demandant pourquoi certaines personnes pouvaient donner des […]
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