▪ La semaine dernière, Merkel, Sarkozy et Monti se sont rencontrés pour décider de leur prochaine bêtise.
Ils ont déjà traîné les pieds. Ils ont retardé et procrastiné. Ils ont repoussé les échéances plusieurs fois.
On dirait qu’ils sont désormais au pied du mur.
A présent, il est temps de jeter l’éponge. Oui, cher lecteur. Toute dette doit mourir. Tôt ou tard, toute dette expire. Elle est payée comme prévu… ou pas.
Dans la mesure où c’est la formule « ou pas » qui est à l’ordre du jour, tout le monde attend de voir qui n’aura pas ce qu’il mérite…
… les millions de lumpen-électeurs qui pensaient pouvoir obtenir quelque chose en l’échange de rien ?
… ou les banquiers et spéculateurs qui avaient vu l’occasion de gagner de l’argent sans se donner de peine ?
L’idée fondamentale des gouvernements modernes était de promettre aux électeurs des choses qu’on ne pouvait se permettre de leur donner… puis d’emprunter pour combler le vide. N’importe quel idiot aurait pu voir qu’en fin de compte, on finirait par se trouver à court de prêteurs de bonne volonté, et ce serait la fin de l’histoire. Mais les prêteurs sont soit étonnamment généreux, soit incroyablement idiots.
Notre collègue Joel Bowman nous dit que les prêteurs de l’Argentine sont plus au fait de la manière dont les choses se passent. Il cite un résident de Buenos Aires lui expliquant la différence entre les gouvernements du monde développé… et le gouvernement dans la pampa :
« Dans votre pays, il faut probablement des mois, voire des années avant que les politiciens renient leurs promesses. Ici, ils le font en quelques semaines ».
▪ Tout semblait très bien se passer aux Etats-Unis et en Europe… jusqu’à ce que le secteur privé se retrouve en difficulté. Les banques ont elles aussi eu des problèmes… parce qu’elles avaient prêté de l’argent à des emprunteurs privés qui ne pouvaient pas les rembourser. Aux Etats-Unis, les autorités sont intervenues. Après l’effondrement de Lehman Bros., elles ont clairement fait comprendre que l’argent serait là pour renflouer n’importe quel gros prêteur. Quant au gouvernement US lui-même, personne n’a jamais douté que son crédit était sain ; après tout, il a une planche à billets !
En Europe, les choses ne sont pas aussi simples. Parce que ni l’Espagne, ni l’Irlande, ni l’Italie, ni la Grèce n’ont de planche à billets. Collectivement, l’Europe en a une, bien entendu. Mais elle est sous le contrôle des banquiers allemands. Et pour l’instant, les Allemands ont quasiment affirmé qu’avant de procéder à des renflouages par l’impression monétaire, il faudra leur passer sur le corps…
… c’est-à-dire la solution que préféreraient les Grecs, les Italiens, les Espagnols, les Irlandais et tout le reste de l’Europe…
Mais pour l’instant, les Allemands sont encore parmi nous et la planche à billets n’est pas portée au rouge. Quant à l’avenir… tout peut arriver !
Mais quelques petites choses sont très claires.
D’abord, la dette ne va pas disparaître… Elle ne peut pas être remboursée, et — à moins d’une avancée exceptionnelle — ni l’Europe, ni les Etats-Unis, ni le Japon ne peuvent s’en sortir par la croissance.
Ensuite, les populations des trois grandes économies développées vont devoir accepter une baisse de leur niveau de vie. Aux Etats-Unis, les revenus réels disponibles des ménages — une fois déduits les coûts de l’alimentation et de l’énergie, les impôts et le remboursement des dettes — baissent. Les gens doivent arrêter de dépenser autant et épargner pour leur retraite — menant à une baisse des dépenses de consommation, une hausse du chômage et une économie plus paresseuse. En Europe, les avantages fournis par le gouvernement doivent être réduits.
En Europe comme aux Etats-Unis, les gens vivent au-dessus de leurs moyens depuis des années, en se finançant par un endettement de plus en plus profond. La fin de ce cycle semble être arrivée en Europe… et, pour le secteur privé, aux Etats-Unis. Le secteur public américain, en revanche, trouve toujours plus facile d’emprunter que de réduire les dépenses. Ce qui lui permettra d’acheter plus de cordes pour se pendre plus tard.