** "Sell in May and go away", dit le diction — en mai, vendez et partez. Et cette année plus que toutes les précédentes… je dirais qu’il vaut la peine d’écouter la sagesse populaire.
Pourquoi ?
Parce que les médias claironnent partout que les choses ne vont pas si mal… que la reprise est pour 2010… que les chiffres sont "moins pires" que prévu… et même, selon le président de la Fed, qu’on commence à voir la lumière au bout du tunnel.
Parce que les marchés ont repris environ 30% par rapport à leurs plus bas… parce qu’ils grimpent désormais que les nouvelles soient bonnes ou mauvaises… parce que tout ça commence à ressembler à une véritable exubérance irrationnelle… et surtout, surtout, parce que "quand tout le monde pense la même chose… c’est que personne ne pense".
N’oubliez pas, cher lecteur, que les fondamentaux économiques sont loin — très loin — d’être positifs. Comme le disait Philippe Béchade mercredi, "il est même important de souligner que l’économie réelle ne s’est jamais pliée aux anticipations des marchés lorsqu’ils ont manifesté un tel optimisme débridé".
"Il est tout à fait concevable de voir les scores trimestriels remonter rapidement — et de façon mécanique — de -6% à -3%", continuait-il. "Cela constituerait une amorce de reprise en V, similaire à celle des marchés. C’est ce qui s’était passé au Japon 18 ans auparavant. Cependant, il serait quasi miraculeux d’assister en l’espace de seulement neuf à 12 mois à une remontée à l’équilibre, c’est-à-dire à une croissance neutre en 2010 comme l’anticipe la Commission européenne, ou à une légère progression de l’activité comme le suggère Ben Bernanke".
Eric Fry a lui aussi mis le doigt sur un aspect très intéressant… et inquiétant… de ce rebond : "en réalité, les volumes de transactions n’ont pas ‘confirmé’ le rebond d’avril. Ce n’est pas une bonne chose, selon les principes de base de l’analyse technique. Durant la première moitié du rebond — de début à fin mars — les volumes de transactions ont augmenté à mesure que le Dow grimpait. Mais durant la période d’avril, c’est exactement l’inverse qui s’est produit : les volumes se sont contractés, alors que les cours continuaient de grimper".
"Cette caractéristique n’est pas nécessairement un signe fatal, mais elle n’est pas non plus très encourageante. Les investisseurs de long terme — les investisseurs de TRES long terme — peuvent probablement se permettre d’ignorer cet indicateur négatif de court terme, ainsi que le fait que la croissance économique continue de chuter même si les marchés boursiers continuent de grimper".
Enfin, Bill Bonner et Simone Wapler sont eux aussi d’avis de ne pas céder aux sirènes de plus en plus insistantes de la hausse boursière. Ils rappellent notamment ce qui s’est produit après le Krach de 1929 : "de septembre 1929 à novembre 1929, le Dow a plongé de 47% par rapport à son sommet de 381. Il a ensuite entamé un rebond au printemps 1930, avant de replonger à 41 en juillet 1932".
Ce n’est pas le seul exemple dans l’histoire… il suffit de regarder le Japon : "les actions nippones ont rebondi d’au moins 30% à cinq reprises après 1992. Elles ont ensuite atteint de nouveaux planchers. Et nous risquons de vivre la même configuration aujourd’hui".
Et comme le recommandent Bill et Simone dans leur intrigante Stratégie X, résistez à la tentation de ce rebond fictif — parfois, il faut savoir "abandonner des gains de 30%… pour mieux engranger des plus-values à trois chiffres".
Sur ce sage conseil… je vous laisse profiter de votre week-end du 8 mai, que je vous souhaite ensoleillé et serein.
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora