▪ Nous fêtions hier un anniversaire. Une grande chose qui s’est produite le 15 août… il y a précisément 40 ans. C’est une histoire avec des milliers de personnes — des protagonistes, des antagonistes, des nihilistes et des monétaristes. De la tension dramatique à revendre… et qui sait comment ça va se terminer ? Detlev Schlicter en parlait dans le Wall Street Journal :
« Il y a 40 ans aujourd’hui, le président des Etats-Unis Richard Nixon a fermé la ‘fenêtre de l’or’ et inauguré, pour la première fois de l’histoire humaine, un système mondial de devise papier sans entrave sous plein contrôle de l’Etat ».
Bien entendu, nous savons précisément où nous étions et ce que nous faisions lors de ce jour fatidique. Nous regardions la télévision…
Richard Nixon, président de Tous les Américains, avait quelque chose de terriblement important à dire à son peuple. Mais il était inquiet. Il a donc réuni ses conseillers et leur a posé la question clé :
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Cet investissement pourrait être le seul qui puisse vous protéger durant les mois qui viennent
… savez-vous VRAIMENT comment vous positionner ?
Nos spécialistes vous donnent rendez-vous pour tout vous dire à son sujet le 16 septembre prochain : ne manquez surtout pas cette opportunité !
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« Faut-il interrompre Bonanza ? »
Bonanza était une série télévisée américaine très populaire, avec pour personnages principaux un propriétaire de ranch prospère, ses trois fils et leur cuisinier chinois. Bonanza étant bien plus populaire que Richard Nixon, le président hésitait à interrompre le feuilleton… même s’il allait changer le système monétaire du monde entier… et, dans les faits, instituer un nouveau système innovant, basé sur une monnaie purement fiduciaire.
Durant les essais réalisés au cours des 2 000 années précédentes environ, ce type de système avait toujours échoué. Mais Richard Nixon semblait ne pas en être conscient. En fait, il ne semblait pas conscient du fait qu’il changeait une chose importante… et n’en parla même pas aux téléspectateurs ce soir-là.
▪ Il prêta plutôt attention à une autre expérience en matière de planification centrale — encore une tentative qui avait échoué à tous les autres tests précédents : les contrôles de prix et de salaire. S’inspirant du livre de l’empereur Dioclétien sur « Comment pousser une économie à la ruine », Nixon annonça qu’à partir de maintenant, les autorités de Washington décideraient de combien un homme devait payer une miche de pain, ou combien son employeur devait le payer pour son travail.
Naturellement, cette mesure fut elle aussi un échec… vite oublié. Mais l’autre initiative de Nixon demeura. Le monde la subit depuis. Nous sommes quatre décennies après le début de cette dernière expérience fiduciaire — l’effort le plus réussi jusqu’à présent, ça ne fait aucun doute. Les gens utilisent toujours les dollars sans trop se plaindre. Les bouchers les acceptent en échange d’un steak. Les prostituées les acceptent en l’échange de services rendus. Les politiciens les acceptent en l’échange de votes.
Pour autant que nous en sachions, personne ne les veut pas. Pour autant que nous en sachions, personne ne les voudra pas demain non plus.
Mais attendez… Alors que les dollars sont universellement acceptés comme moyen d’échange, en tant que réserve de valeur — l’autre but d’une devise — le billet vert est un flop. Il a commencé à perdre de la valeur dès l’instant où la Réserve fédérale a été mise en place pour le protéger. Ensuite, lorsque le président Nixon a coupé le dernier lien entre le dollar et l’or, il a perdu sa valeur encore plus rapidement. Aujourd’hui, un dollar n’achètera qu’un penny ou deux autant qu’un dollar de 1913.
Et les gens commencent à se poser des questions. Qu’est-ce qui ne va pas avec le système financier mondial ? Comment se fait-il que tant d’économies — en particulier les Etats-Unis — sont aussi moroses ? Qui ou quoi en est responsable ? La devise « pour de rire » de Richard Nixon pourrait-elle y être mêlée ?
La réponse, comme le savent ceux qui nous subissent depuis longtemps, est « oui ».
3 commentaires
Bonjour, j’apprecie beaucoup les editoriaux de Bill Bonner car il va au fond du probleme n’hesitant pas à faire reference à l’ Histoire…
à propos du 15 aout c’est aussi la date de naissance du precurseur de tous les dictateurs modernes, un certain Napoleone Buonaparte… Si j’en parle c’est que le pape dans les années d »empire français » essayerent d’amadouer le triste sire dans la crise concordataire dites des « articles additionnels » en inventant un SAINT NAPOLEON faité le 15 aout comme il se doit…
exit donc la fête de la vierge Marie.
Le Napo n’en continua pas moins, st Napo fut fêté jusqu’à la fin de l’Empire, puis fut consciencieusement oublié.
Un exemple de la bassesse des politiques, même quand ils se disent vicaire du christ, alors le 15 aout fête d’une bevue de Nixon… c’est toujours dans le même registre.
Extraits de la réponse donnée à deux questions posées lors de la conférence de presse du Général de Gaulle, au Palais de l’Elysée le 4 Février 1965 :
(….)
« Mais, en outre, le fait que de nombreux Etats acceptent, par principe, des DOLLARS (…) pour compenser, le cas échéant, les déficits que présente, à leur profit, la balance américaine des paiement, amène les ETATS-UNIS à S’ENDETTER GRATUITEMENT vis-à-vis de l’étranger.
(….)
Cette FACILITE UNILATERALE qui est ATTRIBUEE à l’AMERIQUE contribue à faire s’estomper l’idée que le DOLLAR est un signe impartial et international des échanges, alors qu’il est un MOYEN de CREDIT APPROPRIE à un ETAT.
(….)
Il y a en particulier le fait que les ETATS-UNIS, faute d’avoir à régler nécessairement en or, tout au moins totalement, leurs différences négatives de paiements suivant la règle d’autrefois qui contraignait les États à prendre, parfois avec rigueur, les MESURES VOULUES pour remédier à leur DESEQUILIBRE, SUBISSENT, d’ANNEE EN ANNEE, une BALANCE DEFICITAIRE.
(….)
Il apparaît CHEZ EUX une PROPENSION CROISSANTE à INVESTIR à l’ETRANGER.
De là, POUR CERTAINS PAYS, une sorte d’EXPROPRIATION de telles ou telles de LEURS ENTREPRISES.
(….)
Lors même, d’ailleurs, qu’un mouvement aussi général ne se produirait jamais, le fait est qu’il EXISTE un DESEQUILIBRE en quelque sorte FONDAMENTAL. Pour toutes ces raisons, la France préconise que le SYSTEME SOIT CHANGE.
(….)
Nous tenons donc pour nécessaire que les ECHANGES INTERNATIONAUX s’établissent, comme c’était le cas avant les grands malheurs du monde, sur une BASE MONETAIRE INDISCUTABLE et qui NE PORTE LA MARQUE D’AUCUN PAYS EN PARTICULIER.»
(….)
La France, pour sa part, est prête à participer activement à la VASTE REFORME qui s’impose désormais DANS l’INTERET du MONDE ENTIER. »
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Réponse complète donnée à deux questions posées lors de la conférence de presse du Général de Gaulle, au Palais de l’Elysée le 4 Février 1965.
Extrait de « Mémoires d’espoir, Le renouveau, L’effort et allocutions et messages » – Charles de Gaulle – Volumes, Plon, 1999, pages 910 à 913
(CONFERENCE VISIBLE EN VERSION INTEGRALE SUR LE SITE DE L’INA, à voir et à revoir…)
(….)
Question – M. le Président, en changeant en or une partie de ses avoirs en dollars, la France a provoqué certaines réactions qui ont fait apparaître les défauts du système monétaire actuel. Etes-vous partisan de réformer ce système, et, si oui, comment ?
Question – Ma question, M. le Président, s’enchaîne avec la précédente. Pouvez-vous préciser votre politique en ce qui concerne les investissements étrangers en France et particulièrement les investissements américains ?
Réponse (De Gaulle) – Je vais tâcher d’expliquer ma pensée sur ces points.
A mesure que les États de l’Europe occidentale, décimés et ruinés par les guerres, recouvrent leur substance, la situation relative qui avait été la leur par suite de leur affaiblissement apparaît comme inadéquate, voire abusive et dangereuse. Rien, d’ailleurs, dans cette constatation n’implique de leur part et, notamment, de celle de la France quoi que ce soit d’inamical à l’égard d’autres pays, en particulier de l’Amérique. Car, le fait que ces États veuillent, chaque jour davantage, agir par eux-mêmes dans tout domaine des relations internationales procède simplement du mouvement naturel des choses. Il en est ainsi pour ce qui est des rapports monétaires pratiqués dans le monde depuis que les épreuves subies par l’Europe lui firent perdre l’équilibre. Je veux parler – qui ne le comprend ? – du système apparu au lendemain de la Première Guerre et qui s’est établi à la suite de la Seconde.
On sait que ce système avait, à partir de la Conférence de Gênes, en 1922, attribué à deux monnaies, la livre et le dollar, le privilège d’être tenues automatiquement comme équivalentes à l’or pour tous paiements extérieurs, tandis que les autres ne l’étaient pas. Par la suite, la livre ayant été dévaluée en 1931 et le dollar en 1933, cet insigne avantage avait pu sembler compromis. Mais l’Amérique surmontait sa grande crise. Après quoi, la Deuxième Guerre mondiale ruinait les monnaies de l’Europe en y déchaînant l’inflation. Comme presque tontes les réserves d’or du monde se trouvaient alors détenues par les États-Unis, lesquels, en tant que fournisseurs de l’univers, avaient pu conserver sa valeur à leur propre monnaie, il pouvait paraître naturel que les autres Etats fissent entrer indistinctement des dollars ou de l’or dans leurs réserves de change et que les balances extérieures des paiements s’établissent par transferts de crédits ou de signes monétaires américains aussi bien que de métal précieux. D’autant plus que l’Amérique n’éprouvait aucun embarras à régler ses dettes en or si cela lui était demandé. Ce système monétaire international, ce « Gold Exchange Standard », a été par conséquent admis pratiquement depuis lors.
Cependant, il ne paraît plus aujourd’hui aussi conforme aux réalités et, du coup, présente des inconvénients qui vont en s’alourdissant. Comme le problème peut être considéré dans les conditions voulues de sérénité et d’objectivité – car la conjoncture actuelle ne comporte rien qui soit, ni très pressant, ni très alarmant – c’est le moment de le faire.
Les conditions qui ont pu, naguère, susciter le « Gold Exchange Standard » se sont modifiées, en effet. Les monnaies des Etats de l’Europe occidentale sont aujourd’hui restaurées, à tel point que le total des réserves d’or des Six équivaut aujourd’hui à celui des Américains. Il le dépasserait même si les Six décidaient de transformer en métal précieux tous les dollars qu’ils ont à leur compte. C’est dire que la convention qui attribue au dollar une valeur transcendante comme monnaie internationale ne repose plus sur sa base initiale, savoir la possession par l’Amérique de la plus grande partie de l’or du monde. Mais, en outre, le fait que de nombreux Etats acceptent, par principe, des DOLLARS au même titre que de l’or pour compenser, le cas échéant, les déficits que présente, à leur profit, la balance américaine des paiement, amène les ÉTATS-UNIS à s’ENDETTER GRATUITEMENT vis-à-vis de l’étranger. En effet, ce qu’ils lui doivent, ils le lui paient, tout au moins en partie, avec des dollars qu’il ne tient qu’à eux d’émettre, au lieu de les leur payer totalement avec de l’or, dont la valeur est réelle, qu’on ne possède que pour l’avoir gagné et qu’on ne peut transférer à d’autres sans risque et sans sacrifice.
Cette FACILITE UNILATERALE qui est ATTRIBUEE à l’AMERIQUE contribue à faire s’estomper l’idée que le dollar est un signe impartial et international des échanges, alors qu’il est un MOYEN de CREDIT APPROPRIE à un ETAT.
Évidemment, il y a d’autres conséquences à cette situation.
Il y a en particulier le fait que les ETATS-UNIS, faute d’avoir à régler nécessairement en or, tout au moins totalement, leurs différences négatives de paiements suivant la règle d’autrefois qui contraignait les États à prendre, parfois avec rigueur, les MESURES VOULUES POUR REMEDIER à leur DESEQUILIBRE, SUBISSENT, d’ANNEE EN ANNEE, une BALANCE DEFICITAIRE. Non point que le total de leurs échanges commerciaux soit en leur défaveur. Bien au contraire ! Leurs exportations de matières dépassent toujours leurs importations. Mais c’est aussi le cas pour les dollars, dont les sorties l’emportent toujours sur les rentrées. Autrement dit, il se crée en Amérique, par le moyen de ce qu’il faut bien appeler l’inflation, des capitaux, qui, sous forme de prêts en dollars accordés à des Etats ou à des particuliers, sont exportés au dehors. Comme, aux États-Unis même, l’accroissement de la circulation fiduciaire qui en résulte par contrecoup rend moins rémunérateurs les placements à l’intérieur, il apparaît chez eux une PROPENSION CROISSANTE à INVESTIR à l’ETRANGER. De là, POUR CERTAINS PAYS, une sorte d’EXPROPRIATION de telles ou telles de LEURS ENTREPRISES.
Assurément, une telle pratique a grandement facilité et favorise encore, dans une certaine mesure, l’aide multiple et considérable que les États-Unis fournissent à de nombreux pays en vue de leur développement et dont, en d’autres temps, nous avons nous-mêmes largement bénéficie. Mais les circonstances sont telles aujourd’hui qu’on peut même se demander jusqu’ou irait le trouble si les États qui détiennent des dollars en venaient, tôt ou tard, à vouloir les convertir en or ? Lors même, d’ailleurs, qu’un mouvement aussi général ne se produirait jamais, le fait est qu’il EXISTE un DESEQUILIBRE en quelque sorte FONDAMENTAL. Pour toutes ces raisons, la France préconise que le SYSTEME SOIT CHANGE. On sait qu’elle l’a fait, notamment, lors de la Conférence monétaire de Tokyo. Étant donné la secousse universelle qu’une crise survenant dans ce domaine entraînerait probablement, nous avons en effet toutes raisons de souhaiter que soient pris, à temps, les moyens de l’éviter. Nous tenons donc pour nécessaire que les ECHANGES INTERNATIONAUX s’établissent, comme c’était le cas avant les grands malheurs du monde, sur une BASE MONETAIRE INDISCUTABLE et qui NE PORTE LA MARQUE D’AUCUN PAYS EN PARTICULIER.
Quelle base ? En vérité, on ne voit pas qu’à cet égard il puisse y avoir de critère, d’étalon, autres que l’or. Eh ! oui, l’or, qui ne change pas de nature, qui se met, indifféremment, en barres, en lingots ou en pièces, qui n’a pas de nationalité, qui est tenu, éternellement et universellement, comme la valeur inaltérable et fiduciaire par excellence. D’ailleurs, en dépit de tout ce qui a pu s’imaginer, se dire, s’écrire, se faire, à mesure d’immenses événements, c’est un fait qu’encore aujourd’hui aucune monnaie ne compte, sinon par relation directe ou indirecte, réelle ou supposée, avec l’or. Sans doute, ne peut-on songer à imposer à chaque pays la manière dont il doit se conduire à l’intérieur de lui-même. Mais la loi suprême, la règle d’or – c’est bien le cas de le dire – qu’il faut remettre en vigueur et en honneur dans les relations économiques internationales, c’est l’obligation d’équilibrer, d’une zone monétaire à l’autre, par rentrées et sorties effectives de métal précieux, la balance des paiements résultant de leurs échanges.
Certes, la fin sans rudes secousses du « Gold Exchange Standard », la restauration de l’étalon -or, les mesures de complément et de transition qui pourraient être indispensables, notamment en ce qui concerne l’organisation du crédit international à partir de cette base nouvelle, devront être concertées posément entre les Etats, notamment ceux auxquels leur capacité économique et financière attribue une responsabilité particulière. D’ailleurs, les cadres existent déjà où de telles études et négociations seraient normalement menées. Le Fonds monétaire international, institué pour assurer, autant que faire se peut, la solidarité des monnaies, offrirait à tous les Etats un terrain de rencontre approprié, dès lors qu’il s’agirait, non plus de perpétuer le « Gold Exchange Standard », mais bien de le remplacer. Le « Comité des Dix », qui groupe, aux côtés des États-Unis et de l’Angleterre, d’une part la France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et la Belgique, d’autre part le Japon, la Suède et le Canada, préparerait les propositions nécessaires. Enfin, il appartiendrait aux Six États qui paraissent en voie de réaliser une Communauté économique européenne d’élaborer entre eux et de faire valoir au-dehors le système solide que recommande le bon sens et qui répond à la puissance renaissante de notre Ancien Continent.
La France, pour sa part, est prête à participer activement à la VASTE REFORME qui s’impose désormais DANS l’INTERET DU MONDE ENTIER.
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[…] Des étés très chauds depuis le tournant du troisième millénaire D’ailleurs, les crises monétaires et financières ne semblent pas faire de discrimination en ces termes et l’été n’est pas en reste par rapport aux autres saisons. L’exemple par excellence est sans doute le mois d’août 1971 au cours duquel le président Nixon a purement, simplement et unilatéralement rompu le lien qui unissait le métal jaune au dollar, faisant reposer l’économie mondiale – pour la première fois de l’histoire humaine – sur “un système mondial de devises papier sans entrave sous plein contrôle de l’Etat“, pour reprendre la formule de l’économiste Detlev Schlicter. […]