** Visiblement embarrassée de l’admettre, une dame nous a dit : "je ne suis pas une bonne épargnante. Je ne mets même pas la moitié de mon argent sur un compte épargne".
– Nous revenions tout juste d’une projection promotionnelle de I.O.U.S.A, le film que nos collègues Addison Wiggin et Kate Incontrera ont passé ces dernières années à faire et à promouvoir. Curieux de savoir ce qu’un public asiatique penserait du film, nous avons flâné devant le cinéma, dans l’espoir de pouvoir demander à quelques spectateurs leur opinion à chaud.
– Si vous n’avez pas encore vu le "film à gros budget" d’Addison et de Kate, l’intrigue principale repose sur son protagoniste, David Walker, ancien chef du Bureau des responsabilités du gouvernement américain, durant ce qu’on peut appeler sa "tournée de réveil budgétaire". M. Walker parle de la dette, du déficit et des illusions du dollar dans des conseils municipaux à travers tout les Etats-Unis, pour tenter de sensibiliser les gens aux dangers de politiques monétaires et fiscales hasardeuses.
– Evidemment, une partie du documentaire traite du monstrueux déficit commercial entre les Etats-Unis — qui peuvent se vanter d’avoir le déficit commercial le plus important du monde — et la Chine — qui possède le plus grand surplus commercial du monde. Nous nous demandons bien ce que les meilleurs épargnants du monde ont à dire à ça.
** Un homme, M. Chang, a eu la gentillesse de partager avec nous cette anecdote :
– "J’ai un ami qui travaille dans une entreprise dans le domaine de la finance, ici à Taiwan. Il y a quelques temps, nous parlions exactement de ça — l’endettement excessif des Etats-Unis, et ainsi de suite. Je lui ai demandé : ‘que va faire le gouvernement américain quand il faudra affronter ce genre de problème, qu’il y aura trop de dettes et pas d’argent pour les rembourser ?’ Il m’a répondu : ‘ils imprimeront des dollars !’. J’ai refusé de le croire. C’est pourtant bien ce qui s’est passé".
– "Je ne suis pas économiste", a continué M. Chang (journaliste), "mais tout le monde peut voir à quel point ce sera désastreux… tout ce à quoi je pense désormais, c’est à épargner".
– En janvier 2007, bien avant que votre chroniqueur ne se retrouve devant un cinéma de Taiwan à aborder des spectateurs pour leur demander ce qu’ils pensent des politiques budgétaires et monétaires, nous avons publié un article de feu le grand docteur Kurt Richebächer. Dans une de ses mises en garde, le docteur Richebächer observait la chose suivante :
– "Les ménages, aux Etats-Unis, se sont fait happer par une crise de boulimie de crédit, soutenue et encouragée par l’inflation galopante et un système financier agressif. Par conséquent, ce qui s’est développé dans les finances des ménages, c’est une course entre l’explosion de la ‘création de richesse’ par le biais de l’augmentation du prix des maisons, et l’explosion de l’endettement".
– "Selon le consensus d’économistes, les ménages américains sont en pleine forme parce que la valeur des actifs, principalement les titres boursiers et l’immobilier, a fait un bond pendant plusieurs années, représentant au total près de 19 000 milliards de dollars — ou presque 40% — depuis l’année de récession 2001".
– "Mais la majorité de ces gains est composée d’actifs immobilisés, principalement des titres boursiers et de l’immobilier. Les liquidités, quand on mesure la trésorerie existante face au passif global, sont à leur niveau le plus bas de toute l’histoire d’après-guerre. Pour nous, les bilans des consommateurs ressemblent plutôt à des châteaux de cartes".
– "La grande question, c’est de savoir s’il y a quoi que ce soit qui puisse faire tomber ce château de cartes. Nous ne voulons pas être dans les parages quand le séisme macro-économique viendra tout secouer".