▪ Nous y sommes. Maintenant, l’Europe affiche un taux d’inflation de 2,8%. La situation était très délicate, elle devient aujourd’hui infernale à gérer pour monsieur Trichet. Car il va devoir relever le taux directeur en juin…
En effet, difficile d’y couper. La BCE a toujours fait de l’inflation sa priorité. La croissance passant après. Et c’est bien là que le bât blesse.
Car un pays robuste comme l’Allemagne, qui affiche un taux de chômage au plus bas depuis 20 ans et dont l’économie tourne à plein régime, peut encaisser cette remontée du taux. Mais qu’en est-il d’un pays comme l’Espagne dont l’économie moribonde et exsangue affiche un taux de chômage de 21% ? Ce serait le coup de grâce…
▪ Elargissons à présent notre angle…
Si le taux directeur devait être relevé en juin, ce sera alors le dollar qui plongera à nouveau d’un cran face à l’euro. Vous verrez alors l’or et les matières premières flamber un peu plus encore… et les actions suivre en fanfare.
Car oui…
▪ … le dollar est pris en étau
Il est détruit de l’intérieur depuis des mois par l’équipe de Bernanke aux manettes de la Fed, et par le colossal endettement public de la nation qui deviendra absolument INSUPPORTABLE au moindre relèvement des taux.
Et il est détruit à l’extérieur par Trichet qui se met à relever la rémunération de l’euro pour tuer l’inflation avant qu’elle ne passe le « second tour »…
▪ Comme le dit Marc Faber, la valeur intrinsèque du dollar est égale à ZERO…
Ce en quoi il n’a pas tout à fait tort…
Regardez ce graphique du Dollar Index (valeur du dollar contre un panier de six monnaies clés : voir en bas à gauche du graphique). Il illustre la longue tendance baissière du dollar, qui a déjà perdu 90% de sa valeur depuis l’abandon de l’étalon or sous Nixon.
Nous en sommes à 73 points, soit à une encablure du point bas historique de 2008 (à 71,32). Va-t-il rebondir sur ce support majeur ? Ou va-t-il le casser et déclencher un signal vendeur fort ?
Avec un tel graphique sous les yeux, impossible à notre ami Bernanke de prolonger son quantitative easing (QE) après le 30 juin. Ce serait envoyer le dollar à l’échafaud direct.
Il cessera donc son QE.
Pour combien de temps ? La vraie question est là.
Ce qui me laisse penser que le bourreau du dollar pourrait bien être Trichet, avec son probable relèvement de taux en juin. Peut-être assisterons-nous alors au saut de l’ange du billet vert…
[Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières & Devises, une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières et au marché des devises. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché, ainsi que celui du Forex.]
Première parution dans l’Edito Matières Premières & Devises du 02/05/2011.