** Eh bien, en tant qu’observateurs des marchés, nous voilà dans une situation intéressante. Nous avons une dépression économique — chose qui ne se produit pas tous les ans, et qui représente donc, en tant que telle, un phénomène aussi passionnant… que terrifiant.
Et surtout, face à cette dépression, nous avons des autorités qui tentent de lutter. C’est là que l’intrigue se noue, cher lecteur. Parce que d’un côté, nous avons les autorités américaines, qui ont choisi l’option "combattons le feu par le feu", et ont ouvert les vannes du dollar, du crédit facile et des dettes gouvernementales
Comme le disait Bill il y a quelques jours, "la Réserve fédérale, sous la direction de Ben Bernanke, a appelé tous les camions de pompier et ouvert tous les tuyaux. Les taux ont été baissés à zéro… et la Fed a augmenté ses engagements — accroissant la somme de crédit à la disposition du système bancaire — de près de 1 000 milliards de dollars".
"Le gouvernement fédéral américain — sous la direction de George W. Bush — s’est empressé d’offrir des baisses d’impôts… puis un plan de secours. Tout cela a coûté un peu plus d’un millier de milliards de dollars".
De l’autre côté, nous avons les autorités européennes, qui semblent avoir choisi une tactique opposée : baisses de taux modérées, refus de renflouages, sauvetages, etc.
Philippe Béchade décrivait la situation jeudi : au jeu du comment-traiter-le-malade, la Banque centrale européenne est "partisane d’un débit d’oxygène minimum pour ne pas accroître le risque d’embolie […]".
Entre les deux, qui va l’emporter ?
Bill rend le verdict suivant quant à la méthode américaine : "aucun de ces sauvetages n’a servi", déclare-t-il. "Toutes les banques et les entreprises ayant bénéficié d’une aide se sont détériorées, pour autant que nous puissions en juger."
Quant à la méthode européenne, les résultats ne sont guère plus convaincants aux yeux de Philippe : "la BCE n’a diagnostiqué au départ qu’au malaise vagal, un simple étourdissement. Les cris de douleur du patient, ses mains portées à la poitrine n’étaient qu’un simple point de côté après un sprint un économique trop rapide. Une aspirine et un peu de repos et il n’y paraîtra plus. Sauf que le patient a vraiment cessé de respirer et que son visage est devenu tout blanc avant que la BCE convienne qu’il y avait urgence — sans jamais prononcer le mot".
Et maintenant, que va-t-il se passer ? Comme le disait Frédéric Laurent dans Vos Finances – la Lettre du Patrimoine "que nous réserve l’avenir ? Encore une baisse de 20%, et puis une autre dans deux mois ? Les marchés se rendent bien compte de cette anomalie. Tant que les estimations révisées ne correspondront pas aux annonces de résultats des sociétés, il n’y aura pas de reprise durable. Cela joue directement sur l’absence de confiance actuelle".
La situation serait risible, si elle n’était pas aussi tragique — mais il va bien falloir se résoudre à un constat aussi implacable que morose : face à une dépression… rien ne marche.
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora