** Soit le rebond a été de courte durée… soit il n’a pas encore eu lieu. "Un rebond de marché baissier est la chose la plus sûre sur laquelle on puisse parier après un tel effondrement", déclare souvent Bill Bonner. On dirait, toutefois, que M. le Marché a décidé de prendre son temps… à moins qu’il ne nous réserve une des surprises dont il a le secret.
En tout cas, la semaine a été sinistre pour les marchés ; la récession assure sa prise sur l’économie mondiale — et la douleur se fait de plus en plus vive pour les entreprises et les ménages. A présent, les autorités commencent à avoir du mal à conserver le masque de calme et de maîtrise qu’elles affichent depuis le début de la crise.
Elles se trouveront bientôt à cours de recettes "traditionnelles" pour lutter contre le ralentissement — l’heure va vite être aux mesures innovantes et radicales, et là, attention les yeux ! "Zimbabwe, nous voilà" pourrait être le nouveau mot d’ordre pour la prochaine décennie… à moins que ce ne soit "Japon, nous voilà" ? Comme le disait Bill hier :
"Il faut lutter contre cet incendie ! Mais comment ? Eteignons le feu par le feu ! Partout dans le monde, les gens souffrent des erreurs qu’ils ont commises durant les années folles. Ils ont trop dépensé. Ils ont trop emprunté. Ils ont trop payé. A présent, toutes ces mauvaises dettes, tous ces mauvais investissements, tous ces mauvais bilans s’embrasent — brûlant des doigts partout dans le monde. Alors que font les autorités pour essayer de régler le problème ? Le feu par le feu ! Jetez plus de petit bois sur le brasier… poussez les gens à emprunter, dépenser et spéculer plus encore !"
En tout cas, nos dirigeants politiques et financiers ne reculeront devant rien, même si les mesures prises sont vouées à déclencher une catastrophe pire encore, comme l’expliquait Simone Wapler dans Vos Finances – La Lettre du Patrimoine : "cette année sera-t-elle celle […] du retour à la raison monétaire ? Difficile à dire. La bulle des monnaies fiduciaires pourrait aussi bien éclater en 2010 ou 2011. Mais une chose est certaine, plus une bulle dure longtemps, plus son explosion est dévastatrice".
"Il est très difficile de prévoir quand exactement les marchés prendront conscience de la folie dans laquelle ils sont plongés, mais les nuages s’amoncellent autour des obligations d’Etat".
"Une bulle obligataire s’est formée aux Etats-Unis à la fin de l’année 2008. Les investisseurs ont reflué en masse vers les bons du Trésor libellés en dollars. Le dollar, malgré tous ses défauts, présente l’immense avantage d’être liquide. En outre, c’est la monnaie d’échange de toutes les matières premières. Les investisseurs acceptent, pour le moment, de stocker de l’argent en dollar moyennant une non-rémunération puisque les taux courts sont à zéro. Pour le moment tout va bien. Cependant, la vertu budgétaire ne règne pas outre-Atlantique. Que se passerait-il si le dollar se dégradait pour cause de nouvelle dégradation du climat économique. Cela équivaudrait à une dégradation de la note américaine. Or les Etats-Unis, qui ont déjà émis une montagne de dollars de bons du Trésor et s’apprêtent à continuer. La première économie du monde se trouverait contrainte de relever ses taux pour trouver d’obligeants prêteurs (mon regard se tourne vers la Chine) ; les obligations déjà émises à un taux inférieur seraient bradées".
"Mais le gouvernement fédéral a tout prévu : dans ce cas, il rachèterait ses propres obligations. Oui, vous avez bien lu. Les Etats-Unis ont le projet de racheter leur propre dette en émettant une autre dette plus chère".
Les autorités ont intérêt à surveiller de très très près l’incendie qu’elles tentent de combattre en allumant un contre-feu — parce que si les choses tournent mal… c’est un brasier digne de l’enfer qui nous attend.
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora