Les stock-options… vous en avez certainement entendu parler. Je vais m’appesantir quelques lignes sur le terme pour que les choses soient bien claires avant de poursuivre mon propos.
Grâce à ce système de stock-options donc, les sociétés offrent à leurs salariés la possibilité de devenir actionnaires de leur entreprise dans des conditions privilégiées, mais sans obligation de souscription toutefois. Si le prix baisse par rapport au prix proposé, le salarié peut refuser de souscrire. Si le cours monte, il a tout intérêt à acheter : il "lève son option" au prix initial proposé.
Comme vous pouvez le constater, c’est très clair… dans le principe. Nous voyons la vie en rose.
Un système non exempt de turbulences
Le plus souvent, ce sont les cadres dirigeants qui profitent de ce système ; mais tout salarié peut en bénéficier. Vous en entendez parler depuis pas mal d’années aux termes de débats passionnés, où les hommes politiques font preuve d’éloquence et même de pugnacité… sans pour autant que cela change grand’chose.
Car si l’Etat, gardien du Temple, surveille attentivement ces travaux, il ne veut pas de dérives susceptibles de créer confusions et dégâts et dont il serait considéré comme responsable. Il faut dire qu’il y a eu chez nous quelques affaires gratinées de dirigeants peu scrupuleux ; et même si elles sont exceptionnelles, elles restent douloureuses. Les USA ne sont pas en reste concernant les scandales liés à ces stock-options.
Les détenteurs avertis auront en général vendu la totalité de leurs stock-options avant la diffusion de la nouvelle qui fera reculer le cours de bourse de manière significative dans les jours et semaines à venir. C’est tout simplement un délit d’initié insupportable et qui se doit d’être lourdement sanctionné. Le tableau s’assombrit.
D’ailleurs, l’opinion publique se montre intransigeante vis-à-vis de tels comportements ; et elle a raison.
Quand la fiscalité s’en mêle
Selon la durée de détention des titres, l’imposition est plutôt lourde. Mais attention, cédée avant quatre ans, la plus-value dégagée par ces stock-options est considérée comme un salaire et imposée comme tel — sauf cas particuliers tels mariage, départ en retraite, invalidité ou décès du salarié ou de son conjoint.
Au-delà de quatre ans de détention (et à condition de garder l’ensemble deux ans de plus), la plus-value de cession n’est imposée qu’à 27% jusqu’à 152 500 euros, et 40% au-delà. Là, nous commençons à broyer du noir.
Monsieur Balladur a tenté de réagir. Sa proposition visait à obliger tous les mandataires sociaux à conserver la totalité des titres durant tout leur mandat. Mais hélas pour lui, il ne subsistera pas grand’chose de son projet au bout du compte, surtout après être passé au laminoir gouvernemental : notre ministre des Finances, ce cher M. Breton, n’en a retenu que le minimum.
Les députés n’ont finalement retenu de l’amendement d’Edouard Balladur — qui vise à réformer le dispositif de détention des stock-options — que tout dirigeant doit conserver un quota de stock-options qui sera déterminé par la loi, et ce tant qu’il sera en fonction.
Petite consolation, le texte envisage de donner aux Assemblées générales le pouvoir de fixer le quota de titres détenus, et non au seul conseil d’administration. Ouf ! Un peu de rose… Il était temps.
A trop vouloir en faire…
Est-il nécessaire à présent de vouloir compliquer un système qui a connu les difficultés que l’on sait, en prenant le risque de le rendre encore plus lourd ?
Il ne faudrait pas oublier que les stock-options sont aussi un moyen particulièrement intéressant pour une entreprise de s’attacher les services des cadres importants, dirigeants inclus, et même du personnel dans son ensemble ; une manière de fidéliser et de motiver les salariés sur les projets, les objectifs et le développement de l’entreprise.
Ce sont en fait les opérations portant sur les stock-options qui doivent être communiquées aux actionnaires et au marché de manière très claire et non équivoque. Notez bien qu’un certain nombre d’entreprises le font déjà ; ce qui prouve bien que l’on peut faire circuler l’information correctement, sans pour autant avoir besoin d’un attirail juridique sophistiqué : le côté rose des choses.
Ne faudrait-il pas davantage légiférer pour donner envie à nos concitoyens d’entreprendre, et partant de gagner de l’argent ? C’est bien dans ce domaine qu’une loi serait utile.
Vol au-dessus d’un nid de perspectives économiques
Si vous regardez les dernières prévisions du FMI, vous constaterez qu’une certaine incertitude règne. J’en faisais part à un ami tout récemment qui remarquait, comme vous devez le faire vous aussi, que les prévisions de croissance mondiales avaient été relevées, pour nombre de pays, et ce tant pour 2006 que pour 2007. L’optimisme est de règle, et le rose domine. Oui, mais la suite est moins réjouissante. C’est là que je tire la sonnette d’alarme.
Les déséquilibres mondiaux existent toujours, les risques d’inflation sont bien réels et figurez-vous que les banques, au moindre signe de renchérissement de cette inflation, durciront leur politique monétaire ; dès lors, la croissance connaîtrait un sérieux recul. Scénario noir.
Que déduire de tout cela ? Que la croissance mondiale pour 2007 devrait être encore correcte, mais qu’elle pourrait aussi être moins bonne que prévu. Ce qui attire mon attention, c’est le bel optimisme manifesté par le scénario central du FMI.
L’an prochain il n’est prévu qu’un petit ralentissement de la croissance mondiale, qui passerait de 5,1% à 4,9%, inscrivant cette période parmi les plus fastes depuis les années 1970. Grâce à qui ? La Chine et l’Inde bien évidemment.
Les USA ne subiraient qu’un modeste recul de leur activité, qui passerait de 3,4% à 2,9%. La zone Euro suivrait en revenant de 2,4% à 2% ; seul le Japon pourrait marquer le pas de 2,7% à 2,1%. Pour la Chine, malgré les mesures de refroidissement prises vis-à-vis des investissements, c’est 10% de progression qui est encore attendu.
Donc le ralentissement annoncé par les économistes deviendrait presque négligeable ; c’est dire l’optimisme qui se dégage à la lecture de ces chiffres. La vie en rose vous dis-je.
Risques majeurs à l’horizon
Un des experts du FMI reconnaît que la prévision centrale dont je viens de vous entretenir ressortait d’un environnement plus incertain qu’à l’ordinaire. Faudrait-il donc mettre un bémol aux perspectives optimistes globales ?
Il est certain que si le ralentissement économique est un peu plus important que prévu, et que dans le même temps les tensions inflationnistes se manif
estent plus fortement, la Fed se retrouverait très embarrassée.
Obligée de relever les taux pour stopper l’inflation, les belles prévisions s’évanouiront alors. Le noir l’emporterait haut la main. Mais ce n’est pas tout. Le pétrole en remontant et/ou le marché immobilier en ralentissant de façon significative pourraient avoir les mêmes effets. Le noir s’afficherait encore.
Certains pensent que la croissance mondiale est plus équilibrée dans son ensemble. Peut-être, mais rien ne dit que la zone euro et d’autres parties du monde ont une capacité de résistance suffisante en cas de refroidissement soudain de la conjoncture du pays de l’Oncle Sam. Tout ceci prouve qu’au sein même du FMI, tout le monde n’est pas d’accord et pour cause : les enjeux sont importants !
D’autre prévisionnistes pensent qu’un atterrissage en douceur est probable, mais à 45% seulement. Dans cette hypothèse, les marchés boursiers pourraient s’apprécier de l’ordre de 10% sur un période de six à huit mois. Revoilà du rose qui rassure.
Mais sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, je crois qu’il vous faut être conscient des dangers qui nous menacent : ne sous estimez pas les conséquences d’un recul du marché immobilier. La chute de l’immobilier ou le relèvement des taux de la Fed entraînerait un très net recul des places boursières, quel que soit le cas de figure. Noir c’est noir.