Si l’heure n’est pas encore au bilan en cette fin d’année, je voulais commencer à évoquer les perspectives pour 2007. J’ai, à ce sujet, repéré la semaine dernière dans la presse économique une information qui méritait un éclairage complémentaire. Il s’agit d’un stratège d’une grande société de gestion britannique (Threadneedle) qui a donné son sentiment sur l’évolution potentielle des marchés l’an prochain. D’ordinaire, je ne fais pas grand cas de ce type de prévision, surtout quand il s’agit de prévision de brokers. En revanche, je lui accorde beaucoup plus de crédit lorsque c’est un grand fonds qui gère plus de 100 milliards d’euros.
Force est de constater que le tableau dressé par le stratège de ce fonds paraît plutôt optimiste. Le message peut se résumer ainsi : 2007 sera peut-être une année de moindre progression pour les actions que 2006, mais sera un excellent millésime quand même. Le scénario défendu par le fonds britannique est optimiste pour l’an prochain, anticipant une croissance supérieure à 10% pour les grands indices européens. Alors que les places mondiales ont enchaîné les records ces dernières semaines, que le CAC 40 flirte avec les 5 500 points et le CAC mid&small 90 avec les 7 600 points (proche du plus haut historique de mai 2006), les marchés ont encore du potentiel de progression dans les prochains mois. Parmi les principaux facteurs de soutien : le vaste mouvement de fusions-acquisitions et la trésorerie des entreprises, qui est encore très importante.
Augmentation de 5% à 10% des profits
Cette consolidation des activités en Europe est d’ailleurs l’une des raisons qui conduit Threadneedle à surpondérer légèrement l’Europe devant les Etats-Unis. Autre point mis en avant par le fonds : le fait que le cycle n’est pas fini. Par ailleurs, compte tenu d’un marché du travail moins tendu et de l’entrée de nouveaux pays membres dans l’Union Européenne, il y a moins de pressions sur les coûts salariaux.
D’autant que les actions européennes présentent des valorisations très attractives (avec un ratio cours sur bénéfices de l’ordre de 14 pour 2007) alors que les marges des entreprises restent élevées. Certes, la croissance des profits devrait être moins importante, mais ils devraient continuer d’augmenter d’environ 5% à 10% en Europe en 2007. Et comme vous le savez, les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain et les emplois d’après-demain. En outre, la confiance revient, comme en témoigne la reprise, ces dernières semaines, des achats de titres étrangers.
La hausse engendre la hausse
Quant à l’environnement macroéconomique, Threadneedle met en avant une relative stabilité en 2007 par rapport à 2005. L’équipe de recherche de la banque britannique table sur une progression de 2% du PIB en Europe l’an prochain (après 2,4% en 2006 et 1,5% en 2005), de 2,75% aux Etats-Unis (après respectivement 3,4% et 3,5%) et de 9% en Asie (après 10% et 9,9%). La forte demande et l’industrialisation de l’Asie ne va pas se terminer dans le moyen terme. Et les entreprises européennes, de plus en plus internationalisées et exposées à l’Asie, vont en bénéficier en premier lieu. Le thème des dépenses d’investissement des entreprises sera majeur en 2007. Et il faut se concentrer sur les clients des sociétés, pour choisir celles qui s’adressent à des clients en forte croissance.
Les pistes de réflexion évoquées par ce grand fonds me semblent relever avant tout du bon sens. Surtout, il est important de souligner que si un fonds comme celui-là, qui brasse beaucoup d’argent, est positif sur l’évolution à court terme des marchés, il va continuer à être actif, continuer sa collecte auprès de clients institutionnels, réinvestir ses profits : la hausse engendre la hausse grâce à l’afflux des capitaux.
En ce qui concerne nos très chères valeurs moyennes, les signaux apparaissent tout aussi bien orientés. Les risques de correction semblent s’éloigner alors que les opérations de fusions et acquisitions devraient tirer les valorisations vers le haut. Moins directement exposée aux fluctuations du dollar, la bonne conjoncture interne à l’Europe, et plus particulièrement en Allemagne, devrait jouer le rôle de locomotive pour la croissance de l’ensemble du Continent.
Il y a encore quelques mois, l’incertitude avait emporté les marchés dans une spirale baissière sur fond de surchauffe de l’économie US et de risque inflationniste. La perspective d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine semblant se confirmer, et un discours de la Fed plus axé sur un statu quo monétaire (à court terme au moins) sont autant d’éléments qui ont été pris favorablement.