La Chronique Agora

USA : le grand exil ?

Exodus of Jews from Egypt

Pour Donald Trump, c’est un « succès militaire spectaculaire » ; pour d’autres, le signal d’un basculement.

« Bombarder, bombarder, bombarder… bombarder, bombarder l’Iran. » – John McCain

Il faudra attendre pour savoir ce qu’il convient de faire de votre argent.

Reuters rapporte :

« Les prix du pétrole ont bondi lundi à leur plus haut niveau depuis janvier, alors que la décision de Washington de se joindre à Israël pour attaquer les installations nucléaires iraniennes relançait les craintes sur l’offre mondiale. »

Le Brent a gagné 1,88 $, soit +2,44 %, à 78,89 $ le baril. Le WTI américain a grimpé de 1,87 $, soit +2,53 %, à 75,71 $.

Oui, les Etats-Unis sont en guerre. CBS :

« Le président a salué les frappes contre les sites nucléaires iraniens comme un ‘succès militaire spectaculaire’. Et d’avertir : des attaques bien plus importantes suivront si l’Iran ne ‘fait pas la paix’. ‘Il y aura soit la paix, soit une tragédie pour l’Iran bien plus grave que ce que nous avons vu ces huit derniers jours’, a déclaré M. Trump. ‘Et n’oubliez pas : il reste beaucoup de cibles.’ »

Sur Fox News, Kayleigh McEnany enfonce le clou :

« Tous les dictateurs du monde sont désormais prévenus. M. Trump leur a envoyé un message fort. »

Mais est-ce vraiment le message que souhaitent envoyer la majorité des Américains ? Les faucons affirment qu’il s’agit uniquement d’empêcher l’Iran d’acquérir la bombe. Pourtant, Téhéran avait déjà accepté de ne pas en fabriquer. Il avait signé des traités, accepté les inspections, respecté les règles du jeu diplomatique. Il a tout de même été bombardé.

La leçon ? Elle est claire : la seule manière d’échapper à un tel sort, c’est d’obtenir l’arme nucléaire au plus vite… et d’être prêt à l’utiliser. A défaut, il faut s’aligner derrière une puissance nucléaire crédible – peut-être la Russie ou la Chine.

Depuis la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis ont connu bien des guerres – mais peu de victoires. Corée, Vietnam, Honduras, Nicaragua, Grenade, Koweït, Kosovo, Irak, Afghanistan… Et jusqu’à présent, Donald Trump était resté à l’écart de cette tradition : le seul président du XXIe siècle à n’avoir lancé aucune guerre coûteuse et inutile. Il se rattrape peut-être aujourd’hui.

Mais notre but ici n’est pas d’en expliquer les raisons. Il est plus simple : fuir pendant qu’il en est encore temps. C’est du moins l’avis d’un nombre croissant d’Américains. Financial Times rapporte :

« Un nombre toujours plus important de citoyens américains conçoivent discrètement des plans de repli à l’étranger, au cas où les États-Unis deviendraient invivables. »

On est toujours bien chez soi. Mais l’Histoire nous enseigne qu’il existe de meilleurs endroits où se trouver à certains moments. Les Français en 1914. Les Russes en 1917. Les Allemands en 1933.

Les conséquences furent tragiques : une génération française sacrifiée pendant la Grande Guerre, dix millions de morts lors de la révolution bolchévique, et près de huit millions d’Allemands disparus entre le nazisme et la guerre.

Aujourd’hui, les Américains commencent à ressentir ce malaise et à s’interroger.

Deux fois plus d’Américains que de Chinois ont fait une demande de visa doré portugais. Les demandes de passeport irlandais ont bondi de 60 % en janvier-février.

L’exode discret a commencé.

Toujours dans le Financial Times, Alastair Bonnett constate :

« Les classes professionnelles américaines rejoignent les super-riches chinois et russes, qui ont depuis longtemps cherché une police d’assurance contre un gouvernement hostile capable de les emprisonner ou de saisir leurs biens. »

Votre rédacteur en chef, en l’occurrence, fut précurseur de cette tendance – tant sur le plan personnel que professionnel.

Dès 1979, je lançais le magazine International Living. A l’époque, l’Etat américain semblait encore respectueux de l’habeas corpus. Aujourd’hui, un simple tatouage peut suffire à vous faire disparaître dans une geôle d’Amérique centrale. Et lorsqu’un président voulait faire la guerre, il devait au moins se donner la peine d’inventer un casus belli, comme l’incident truqué du golfe du Tonkin.

Ce temps est révolu. La violence monte. Et avec elle, la politique se radicalise. C’est la tendance majeure du moment.

Pour l’instant, les Américains n’ont sans doute pas à craindre de représailles directes. L’Iran n’a pas de bombardiers B-2. Mais parfois, les individus – et les nations entières – sombrent dans la folie. Et tout ce qu’on peut faire, c’est éviter d’être happé par cette spirale, comme acteur ou comme victime.

Le Financial Times cite un couple récemment installé au Panama :

« C’est quelque chose que nous n’aurions jamais imaginé devoir envisager. Et encore moins faire. Il y a une tristesse croissante à propos de ce qui se passe là-bas… »

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