La Chronique Agora

Un peu d’indignation, s’il vous plaît !

L’argent (et les marchés) tiennent nos démocraties en otage – et les banques centrales, complices, ne font qu’aggraver la situation.

La Banque centrale européenne vient de nous prévenir que ce n’est que le début !

Je sais qu’elle a raison car il faudra, c’est vrai, soutenir encore plus les marchés financiers – c’est-à-dire soutenir la fortune des ploutocrates, il faudra encore baisser les taux et voler les retraités et les épargnants, et il faudra encore plus détruire la monnaie par sa dilution.

La BCE prépare les esprits à un vol des citoyens : elle n’exclut pas d’acheter des actions, de faire un cadeau supplémentaire de plusieurs centaines de milliards aux détenteurs de portefeuilles boursiers !

La BCE nous prend pour des imbéciles

Elle nous prend pour des imbéciles en ajoutant qu’elle le ferait « pour soutenir l’économie ».

Je ne savais pas que le portefeuille des ploutocrates, c’était « l’économie » ! Je ne savais pas que ce que l’on appelle « le droit à prélever sur la valeur ajoutée sans travailler » c’était « l’économie » !

C’est une assimilation abusive. Je croirais plus volontiers que faire monter les cours de la Bourse, c’est « plomber » l’économie – puisque cela fait monter la valeur du capital et que cela accroît à la fois le besoin de réaliser des profits et de distribuer des dividendes.

Augmenter la valeur monétaire du capital, c’est l’inciter à demander encore plus, à exiger une part encore plus grande de la valeur ajoutée. C’est augmenter ses exigences – et c’est donc entretenir la déflation.

Quand dans un système vous augmentez la contrainte de profit, vous éliminez tous les investissements, toutes les embauches qui ne permettent pas de réaliser ce taux de profit. Si vous voulez lutter contre la déflation et l’anémie d’une économie, il ne faut pas gonfler la valeur du capital ancien et le maintenir en vie… Non, il faut au contraire lui serrer la gorge, de telle façon qu’il s’adapte ou disparaisse, laissant ainsi la valeur ajoutée, le surproduit, disponible pour d’autres activités et d‘autres capitaux plus productifs socialement.

Les ploutocrates au pouvoir

La hausse de la valeur du capital, ou plutôt de la contrevaleur du capital ancien, est déflationniste. La hausse des Bourses est une erreur colossale de l’intelligence théorique de notre époque.

De reflet de la prospérité, la hausse des Bourses s’est dialectiquement inversée en son contraire : c’est le boulet qui asphyxie/tue la prospérité. Tout cela parce que la pensée théorique est aux mains des ploutocrates.

Faire monter les cours de Bourse c’est inciter les détenteurs de capitaux à aller les mettre en Bourse, à spéculer puisqu’il n’y plus de risque (la hausse étant garantie), au lieu d’investir productivement.

Faire monter les cours de Bourse est déflationniste car cela rend le capital ancien plus attrayant que le nouveau. Cela détourne les capitaux de prendre le risque de la production, de s’employer de façon productive, d’investir, de distribuer des salaires et in fine d’embaucher.

Faire monter la Bourse, c’est encourager la grève du capital et le renforcer dans ses tendances malthusiennes – ses tendances à constituer ce que l’on appelait avant, à juste titre, le « mur de l’argent ». Le mur de l’argent, c’est quand le capital fait chanter les démocraties, quand il les tient en otage.

Arrêtez de faire grimper les marchés !

Cessez de stimuler la hausse des cours de Bourse qui procure des rentabilités/performances de 15% l’an et forcez l’argent à aller se « contenter » de profitabilités de 10% productivement et vous verrez le boom des affaires dans un délai de trois ans !

Vous verrez le boom des dépenses d’investissements, des embauches et des salaires. Vous verrez le vrai cercle vertueux remplacer la pourriture de l’enrichissement sans cause.

Taxez les hausses boursières, confisquez les profits tombés du ciel et ce sera la fin de la déflation malthusienne produite par l’excès de capital oisif, fictif, spéculatif.

Nos banquiers centraux n’ont pas encore compris que la Bourse, c’est le parking du capital. Ce n’est pas l’endroit où il travaille, c’est l’endroit où il profite sans rien faire. Ce schéma de Ponzi est le plus redoutable ennemi de la croissance.

Au lieu de diriger l’argent vers la Bourse, cassez-la, découragez-la : il faudra bien alors que ce capital excédentaire et oisif fasse quelque chose. Il y sera obligé faute d’alternative.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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