La Chronique Agora

Un pays, deux systèmes

Le « système à deux systèmes » américain fonctionne bien… pour une infime partie de la population. Pour les autres, des temps difficiles s’annoncent.

Un pays. Deux systèmes.

L’un financier. L’autre économique.

L’un pour l’industrie financière. L’autre pour l’économie réelle.

L’un pour les élites. L’autre pour le reste du monde.

L’un est une fraude. L’autre est une arnaque.

En deux mots (un raccourci dangereusement bref et délibérément provocateur), les « riches » ont obtenu une partie de leur richesse de façon honnête.

Le reste, ils l’ont eu en escroquant les pauvres et les classes moyennes, grâce à leur système de fausse monnaie.

Dans les faits, après 2008, ils ont eu accès à une quantité de crédit quasi-illimitée, à des taux artificiellement bas, ce qui leur a donné une part croissante de la richesse réelle du pays.

Qui s’en est aperçu ? Ils ont dit que la Réserve fédérale « stimulait » l’économie.

Mais ce « système à deux systèmes » fait désormais des ravages dans l’économie des Etats-Unis, leur société et leur gouvernement… tout en conduisant l’ensemble au désastre.

Revenons un peu en arrière…

Et nos enfants ?

Le système à deux systèmes fonctionne pour nous – les 10% les plus riches qui en profitent. Nombre d’entre nous sont retraités : que nous importe qu’il n’y ait plus d’emploi ?

Nous avons des actifs financiers (actions, obligations, immobilier, cash, or) ; nous sommes ravis de voir que la Fed s’emploie à les faire grimper.

Nous ne sommes même pas embêtés (pour l’instant) par le confinement et le verrouillage de l’économie : nous n’avions pas besoin d’aller travailler, de toute façon.

Mais qu’en est-il des autres ? Les 90% ? Nos fils et nos filles ?

Ceux qui n’ont pas fait d’études… les pauvres… ceux qui n’ont rien… qui gagnent le salaire minimum… qui ont besoin d’un emploi… qui se lancent dans la vie professionnelle et fondent une famille alors qu’ils sont déjà chargés de centaines de milliers de dollars de dettes – prêts étudiants, prêts immobiliers, prêts automobiles, sans oublier leur part de la dette nationale ?

N’oubliez pas les classes moyennes d’âge mûr – généralement, ce sont ceux du « milieu » qui souffrent le plus quand un pays perd la tête.

Ces gens ont des choses à perdre… mais pas assez de richesse ou de connaissances financières pour se protéger.

Et il y a de bonnes chances qu’ils perdent tout dans l’effondrement économique/folie monétaire/bouleversement politique qui se profile.

Construit sur un mensonge

Si un tel désastre est si évident (pour nous en tout cas), comment se fait-il que d’autres ne le voient pas ? Comment se fait-il qu’ils n’anticipent pas cet affreux avenir – et le changent avant qu’il ne se produise ?

Après tout, c’est eux qui ont créé le système à deux systèmes. Eux, et seulement eux, peuvent le changer.

Eh bien, que pensez-vous de ceci, comme raison…

Les décideurs, les influenceurs, les économistes, les éditorialistes, les politiciens, les universitaires, les capitaines d’industrie et les sergents d’associations caritatives pleines de bonnes intentions – aucun d’entre eux ou presque ne comprend ce qu’il se passe vraiment.

Pourquoi pas ? Parce que c’est stupéfiant, tout ce qu’on ne voit pas quand notre richesse dépend de notre aveuglement.

Tous – démocrates, républicains, qu’ils aiment Trump ou le détestent – font partie des 10% les plus riches. Ils profitent tous de ce système frauduleux de fausse monnaie… et aucun ne veut y réfléchir trop intensément.

Ils ont construit leur carrière, leur réputation et leur fortune sur un mensonge. Ils ne vont pas ouvrir les yeux maintenant.

Par ailleurs – tout comme nous –, ils sont pris dans la tempête.

Politique, racisme, fascisme, keynésianisme… TMMisme… réchauffementplanétairisme… coronavirusisme… il suffit de lire notre courrier !

Nous avons décrit cela comme un « effondrement du contexte ». Les règles… les traditions… les idées auxquelles nous pensions pouvoir faire confiance… cèdent soudain.

L’air chaud nous soufflète si violemment que nos pieds quittent le sol… nous avons le vertige… puis la nausée.

Effondrement du contexte

Réfléchissez simplement à ce qu’il s’est produit ces derniers mois.

L’économie américaine a été « éteinte », dans les faits… avec une chute de 50% du PIB… et le chômage à 20%.

… La Fed a « imprimé » 3 000 Mds$ au cours des trois derniers mois.

… Entre avril 2019 et avril 2020, les recettes fiscales fédérales ont chuté de près de 1 000 Mds$.

… De nouvelles « forces de défense » non-identifiées – équipées comme des robots flics dans un film de science-fiction – sont apparues dans les rues de Washington.

… Et un président américain a eu si peur de son propre peuple qu’il a dû se cacher dans un bunker ? Le Washington Post :

« Le périmètre de sécurité autour de la Maison Blanche continue de s’étendre. De hautes grilles noires sont installées quasiment toutes les heures. Des gardes armés, des tireurs d’élite et des troupes sont omniprésents. »

Il y a trois mois, tout cela aurait été considéré comme impossible – mais aujourd’hui, tout est possible… aussi bizarre, grotesque et invraisemblable que ce soit.

A présent, alors que le centre de nos croyances « normales » s’affaisse, à la marge, les positions se durcissent.

On installe des grilles… mais les barrières de la conduite civilisée sont mises à bas.

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