Les sanctions russes, la folie de la guerre et la partie de l’histoire qui ne vous est pas racontée dans la presse occidentale.
Nous avons des nouvelles en provenance de notre ranch :
« Carlos a été assassiné », déclare notre source, « car les Originarios veulent prendre le contrôle de la vallée. »
Les propos sont tenus à huis clos, dans un entrepôt poussiéreux…
« Sa femme s’était rapprochée de ‘Fat Mary’ [une des représentantes des Originarios dans la région, NDLR], qui allait emménager près de chez eux. Ils étaient en train de faire construire une maison pour elle.
La seule raison pour laquelle elle n’est pas là à l’heure où nous parlons est que son fils a été renversé par une voiture. Il est actuellement dans le coma à l’hôpital. Sans cela, elle occuperait déjà les lieux… »
Nous avions mal au crâne. Trop de problèmes à gérer. Nous pensons que Carlos n’a pas été assassiné. Mais nous ne savons pas ce qui s’est passé.
La gestion de cette ferme est quelque chose de complètement nouveau pour nous. Nous sommes destinés à être juges, comptables, prêtres, travailleurs sociaux, ingénieurs, banquiers et pourtant, nous n’avons ni l’autorité ni l’expertise pour réaliser l’une de ces tâches.
Les Originarios continuent à attaquer, à empiéter, à squatter, à construire des maisons, à voler de l’eau et du bétail et plus le temps passe, plus le combat que nous leur livrons semble perdu d’avance.
Causes perdues
Il est difficile de gagner une guerre et, souvent, les guerres que nous livrons n’en valent pas la peine.
Par exemple, pendant la guerre froide, un candidat qui briguait le poste de Premier ministre au Danemark avait proposé une idée nouvelle et rafraîchissante. Il avait proposé de remplacer la totalité du budget de la défense par un seul message vocal en russe : « nous nous rendons ».
Mais nous sommes désormais confrontés à une nouvelle guerre. Et nous voulons en découdre. Il n’est pas question de brandir le drapeau blanc cette fois.
Ron Estes explique :
« La communauté internationale a rarement été aussi unie qu’à l’heure actuelle, lorsqu’il s’agit d’infliger des sanctions à la Russie pour l’invasion et l’occupation d’un territoire souverain de l’Ukraine. »
Vraiment ? Le Financial Times développe :
« Deux semaines après avoir vu les chars russes fouler le sol ukrainien, le Président sud-africain Cyril Ramaphosa s’entretenait par téléphone avec son homologue russe Vladimir Poutine. Le même jour, des dirigeants européens s’étant réunis à Versailles ont averti que c’était le sort de la démocratie même qui était en jeu. Pourtant, la voix de Cyril Ramaphosa détonnait franchement par rapport au discours ambiant.
‘Je remercie Son Excellence, le président Vladimir Poutine, de m’avoir accordé un entretien téléphonique. J’ai pu comprendre la situation entre la Russie et l’Ukraine’, a-t-il déclaré sur Twitter. Cyril Ramaphosa, qui affirme que la guerre est le résultat de la politique expansionniste de l’OTAN, a déclaré que Vladimir Poutine ‘avait apprécié notre mesure’. »
Les Etats-Unis et leurs médias sont tout sauf « mesurés ».
L’Ukraine et la Russie vivent côte à côte depuis des siècles. Ils partagent un langage slave commun, une culture similaire et des politiques très similaires. Les deux pays ont fait partie de l’Union soviétique pendant 70 ans. De nombreux dirigeants de l’Union soviétique (Nikita Krushchev, Leonid Brezhnev et Konstantin Chernenko) étaient ukrainiens, pas russes.
Durant la Seconde Guerre mondiale, lorsque les nazis ont envahi la Pologne, de nombreux Ukrainiens se sont rangés aux côtés de l’Allemagne, collaborant avec la Wehrmacht, faisant preuve d’une cruauté encore pire que celle des SS contre les juifs.
Mais mirabile dictu… les Ukrainiens ont été lavés de tous leurs péchés par la presse occidentale. Nous voyons les photos des « combattants de la liberté » et de leurs pauvres familles, chassées de chez elles.
Satisfaction psychique
Il y a des bons. Et des méchants. Noir et blanc. Des saints et des pêcheurs.
Ce n’est pas le fait que les Russes nous soient présentés comme des diables qui nous surprend. C’est le fait que les Ukrainiens, qui ont tant de choses en commun avec leurs cousins russes, nous soient présentés comme des saints. Il s’agit là d’une des rédemptions les plus impressionnantes de l’histoire.
Le Financial Times poursuit :
« Le Président sud-africain n’est pas le seul à faire preuve de ‘mesure’ par rapport à la guerre. ‘Nous ne prendrons position pour aucun des deux camps. Nous continuerons à faire preuve de neutralité et à apporter notre aide si possible’, déclarait le Président brésilien Jair Bolsonaro avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Le Président mexicain Andrés Manuel López Obrador a également refusé de participer aux sanctions contre la Russie. « Nous ne prendrons aucune sanction économique de quelque sorte que ce soit car nous voulons entretenir de bonnes relations avec tous les gouvernements du monde’, a-t-il déclaré ».
Comment se fait-il que la plupart des autres pays (Chine, Inde, Iran, Pakistan, Brésil) soient du côté de la Russie ou ne prennent pas position ? Pourquoi ont-ils refusé de participer à cette croisade ? Même en « Occident », l’approbation des sanctions imposées par les Etats-Unis relève plus de l’esbroufe que du véritable soutien. Voici ce qu’explique RealityCheck :
« L’Union européenne soutient-elle vraiment l’Ukraine ?
Montant de la quantité d’énergie achetée par l’Europe à la Russie depuis que cette dernière a envahi l’Ukraine : 38 Mds$.
Montant de l’aide financière de l’Union européenne à l’Ukraine pour l’aider à résister à l’invasion russe : 1,09 Md$. »
Nous ne savons pas quel camp Dieu a choisi ni quelle issue ferait de ce monde un monde meilleur. Nous nous réjouirions de voir les deux camps perdre. Car Tolstoy avait raison, la guerre est une arnaque :
« Le gouvernement et toutes les élites gravitant autour de lui qui vivent du travail des autres ont besoin d’un moyen de dominer les travailleurs. Ils y parviennent grâce au contrôle de l’armée. La défense contre les ennemis étrangers n’est qu’une excuse.
Le gouvernement allemand effraie ses sujets à propos des Russes et des Français ; le gouvernement français effraie son peuple au sujet des Allemands ; […] et il en va de même avec tous les gouvernements…
Ils agitent le peuple et les gouvernements étrangers et, ensuite, prétendent que pour le bien-être ou la défense de leur peuple, ils doivent déclarer la guerre. Or, cela ne profite qu’aux généraux, aux officiels, aux dirigeants, aux commerçants et, en général, aux riches. En réalité, la guerre est le résultat inéluctable de l’existence des armées. Or, les gouvernements ont besoin d’armées uniquement pour dominer les classes ouvrières ».
Tolstoy occulte la grande joie et la fierté que les classes ouvrières tirent de voir leurs enfants se faire botter les fesses à l’étranger. Cela leur apporte une satisfaction psychique qu’il est difficile de quantifier. Et désormais, galvanisées par leurs « élites », elles soutiennent les Ukrainiens comme s’il s’agissait de l’équipe locale lors du SuperBowl.
Mais la guerre n’est pas un jeu. Et cette guerre de sanctions ne finira certainement pas mieux que la guerre du Vietnam, la guerre en Irak ou la guerre en Afghanistan.
Affaire à suivre…