Vive les crises… elles enrichissent les « déjà riches » – et ce n’est pas une pandémie et des politiques monétaires ultra-souples qui vont permettre de corriger les inégalités… bien au contraire.
Il y a plusieurs dizaines d’années, j’ai écrit un article pour L’Agefi Suisse intitulé : « Vive les crises, elles enrichissent les ‘déjà riches’ ! »
Depuis, les choses n’ont fait qu’empirer et, peu à peu, la prise de conscience du processus d’enrichissement des ultra-riches s’est effectuée.
Bien entendu, elle n’a pas encore gagné les cerveaux atrophiés et pénétré les crânes épais des partis politiques, des syndicats et des médias – ce sont des structures toujours en retard, sclérosées, sous-qualifiées, incapables de marcher au rythme du monde à cause de leur bureaucratisation et de leur « rentification ».
Tout a commencé, ai-je diagnostiqué, dans les années 80 – quand Alan Greenspan a utilisé l’arme de la création monétaire et de la baisse des taux pour faire face aux crises financières et bancaires. Il a alors déclenché un processus d’enrichissement mécanique de tous ceux qui avaient des actifs financiers en orchestrant l’abondance monétaire, le crédit de plus en plus gratuit et le renflouage systématique et systémique.
Il a branché une pompe soufflante sur la fortune des riches.
Dès mars 2009, ayant constaté que le même remède était utilisé, j’ai fait acheter les marchés financiers et je n’ai jamais fait vendre – même si, à partir de 2019, j’ai cessé de conseiller l’achat en investissement et décrété que la situation était devenue purement spéculative, donc uniquement du ressort de l’appétit individuel pour le jeu.
+40% en un an !
Le processus historique s’est poursuivi et répété en mars 2020, face à la pandémie. Pour éviter la chute du système et le chaos, les autorités ont, une fois de plus, arrosé de quelques dizaines de milliers de milliards. Depuis, les super-riches se sont enrichis de 40%. Plus de 40% en un an !
Les extrêmement riches sont devenus encore plus riches.
Même les agences de presse au service des ultra-riches en parlent. Ainsi l’agence Bloomberg disait-elle y a quelques jours que la fortune des plus riches, aux Etats-Unis, avait monté de 8 000 Mds$. La fortune nette des ménages américains a augmenté de 25 600 Mds$ au cours des 12 derniers mois. Cela touche environ 0,01% de la population.
C’est un phénomène mondial, cela dit – tout comme l’est la surabondance monétaire, l’argent gratuit pour les riches et surtout la promesse que cela va continuer.
Politiques et subterfuges
A partir du moment où le public commence à entrevoir la situation et qu’elle semble scandaleuse, les élites s’en préoccupent. Elles popularisent par leurs médias et leurs institutions internationales l’idée d’augmenter les impôts que paient les riches.
La hausse des impôts sur les riches est mise en scène, un subterfuge pour désamorcer les indignations populaires et populistes. La publicité pour une taxation mondiale minimum des profits des sociétés à hauteur de 15% est une farce. Elle doit être analysée comme telle.
Taxer les bénéfices quand l’enrichissement se fait autrement que par les bénéfices est une mystification, les ultra-riches s’enrichissent par l’inflation des prix du capital, pas par l’accumulation des profits.
Le très grand capital vit et prospère de gains en capital, de plus-values, pas de revenus et de bénéfices. Les revenus, c’est bon pour les pauvres ! Le capital se fiche des revenus et des profits ; ce qui l’intéresse, c’est la plus-value sur les marchés grâce aux politiques monétaires menées par les banques centrales…
… Et ces politiques ne sont pas près de prendre fin.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]