Ce dernier demi-siècle a vu se produire des évolutions profondes ; la crise du Covid-19 les a accélérées… et aujourd’hui, on compte les victimes.
A la Chronique, nous ne croyons pas au « progrès ». Nous n’aimons pas les gadgets et les bidules chronophages. Nous n’apprécions pas la plupart des nouvelles applis et autres loisirs électroniques. Les mises à jour automatiques de notre ordinateur nous empoisonnent l’existence. La majeure partie des appareils électroniques désormais intégrés aux automobiles et aux maisons sont une perte de temps et d’argent.
Nous revenons sur un demi-siècle de « progrès ». Sommes-nous en meilleure position ? Plus heureux ? De meilleures personnes ? Ce que nous voyons est-il plus joli ? Ce que nous mangeons est-il plus délicieux ? Ce que nous lisons et entendons est-il plus sage… ou plus honnête ?
Non, cher lecteur, les défis sont les mêmes aujourd’hui qu’il y a un demi-siècle – séparer les mensonges de la vérité… la beauté de la laideur… et le paradis de l’enfer.
De profonds changements
Si le « progrès » est en grande partie une illusion, nous ne nions cependant pas que les choses évoluent.
Depuis le début du XXIème siècle au moins se déroule un profond changement. L’économie US – devenue riche et puissante grâce aux énergies fossiles, au moteur à explosion et aux principes de liberté de commercer, d’entreprendre et de circuler – se métamorphose en une chose nouvelle… peut-être magnifique, peut-être hideuse.
Le changement politique est connu. Les républicains – traditionnellement le parti d’un gouvernement limités et de budgets équilibrés – sont devenus le parti de Trump.
M. Trump est opposé au libre-échange. Il n’a apparemment aucun intérêt pour des budgets équilibrés – et pas plus d’inquiétudes quant à la dette. Il est également prêt à gérer l’économie US selon divers degrés de planification centrale et de contrôle des prix, en fonction de ce que la situation semble exiger selon lui.
Malgré cela, de nombreux lecteurs pensent – peut-être à raison – que l’alternative serait pire.
Privés de l’hypocrisie des républicains, les Etats-Unis seraient à la merci des démocrates, qui n’ont jamais même prétendu apprécier des budgets équilibrés, une monnaie saine, un gouvernement limité ou la libre entreprise.
Quant à savoir qui serait le meilleur capitaine pour ce Titanic, nous n’avons pas d’opinion. Les deux partis tentent de prouver que l’autre est incompétent, diabolique et imbécile. Pour autant que nous puissions en juger, ils ont tous les deux raison.
Naufrage
Quelle que soit la calamité – grande ou petite – qui s’installera aux commandes, il est très probable que l’imposant navire de l’Ere industrielle, qui prend l’eau depuis 20 ans, va sombrer.
Aujourd’hui, nous voyons ce qui coulera avec lui.
Des emplois, pour commencer. Des millions d’entre eux sont abandonnés… comme la carcasse rouillée d’un porte-avion japonais au fond de l’océan Pacifique.
L’économie ralentit depuis un demi-siècle… titubant sous le poids de la dette, les faux signaux de la part de la Réserve fédérale, la financiarisation et les réglementations. Le taux de croissance annuel de 4% des années 1960 est passé sous les 2% durant les années Trump.
L’ancienne économie consistant à produire et vendre des choses avait déjà été entravée et faussée. La plupart des nouveaux emplois créés au XXIème siècle l’étaient donc dans le secteur des services, qui paie mal.
Une reprise en « K »
Ensuite, avec l’arrivée du Covid-19 et des confinements, le ralentissement s’est transformé en arrêt quasi-complet. Les emplois les plus affectés étaient ceux du secteur des services.
Les lecteurs espérant une reprise en « V », avec un retour rapide à « la normale », fouillent déjà l’alphabet à la recherche d’alternatives. « K » est probablement le meilleur pari, avec certains s’en tirant mieux que jamais – tandis que les autres sont en déclin.
La direction que vous prendrez dépend principalement de l’économie dans laquelle vous êtes – la nouvelle… ou celle qui est en train d’être abandonnée.
Dans l’économie confinée, certains ont continué à travailler (votre correspondant y compris) comme d’habitude. Nous travaillons en ligne. Nous pouvons travailler n’importe où, à condition d’avoir un accès internet – même depuis un ranch isolé avec une antenne satellite captant un faible signal.
Pour les « travailleurs de la connaissance » – aussi ignorants soient-ils – le confinement ne posait pas beaucoup de problèmes. Avocats, architectes, comptables, analystes, bureaucrates, secrétaires, marketeurs, concepteurs – des millions d’employés ont simplement apporté leur bureau chez eux.
Là, sans avoir besoin d’aller travailler tous les jours… sans devoir faire le plein… sans café et croissant à acheter sur le chemin du bureau et sans déjeuners à l’extérieur… leur position s’est améliorée. Aux Etats-Unis, les taux d’épargne ont triplé.
Dans le même temps, ceux dont l’emploi n’impliquait pas de terminal internet se sont soudain retrouvés dans l’incapacité d’aller travailler. Une bonne partie de ces emplois ne reviendra jamais.
Une évolution sans retour
Les virus seront toujours parmi nous. Idem pour les gens qui utilisent la menace d’une maladie comme moyen de contrôler et manipuler les autres.
Les terroristes n’ont jamais présenté de vrai risque pour les Américains. Pourtant, 19 ans après les attentats du 11 septembre, les agents de la sécurité continuent de fouiller vieilles dames et enfants de chœur dans les aéroports US. On n’est jamais trop prudent !
A présent, les restaurants prennent la température des convives avant de leur permettre de dîner. Les écoles ordonnent à leurs élèves de rester à un mètre de distance au moins. Les masques sont obligatoires… les églises sont fermées…
Ce n’est plus le même monde. L’eau a déjà coulé sous ce pont ; on ne la récupérera pas.
Entre la crainte de tomber malade (entretenue par les médias et les autorités) et les mesures rébarbatives de « santé » publique, les gens changent de plans et d’attitude. Ils pourraient même devenir des épargnants patentés – vantant leur vieille voiture et leur pull-over élimé comme signe extérieur de richesse.
Déjà, ils sont moins nombreux à vouloir se payer une croisière… un restaurant… une soirée au théâtre…
… Ou des vacances en Europe. Le taux d’occupation, dans les hôtels parisiens, a chuté de 86% par rapport à l’an dernier. Il va sans doute remonter – mais ne reviendra probablement jamais à ses niveaux précédents.
Qu’en est-il alors des employés d’hôtels ? Des restaurateurs ? Des chauffeurs de taxi ? Des propriétaires de boutiques ?
Sur le banc de touche
Ce n’est qu’un début, cependant. La nouvelle économie n’aura bientôt plus besoin de camionneurs longue distance. Les camions – peut-être électriques – seront encore sur les routes… mais leurs conducteurs seront facilement remplacés par de l’électronique.
Et qu’en est-il des vendeurs dans les magasins (qui pourraient être des « vecteurs » de maladie) ?
Des millions de gens se retrouvent sur le banc de touche. Que vont-ils faire ? Vivre d’allocations ?
Qu’arrivera-t-il à l’économie elle-même, par ailleurs ? Ce « nouveau normal » pourrait réduire la croissance du PIB à zéro… et l’y laisser.
Et ensuite ?
Nous n’en savons rien… mais d’autres choses resteront elles aussi sur le banc de touche : à suivre…