La Chronique Agora

Quand l’Histoire se répète (1/2)

guerre, Ukraine, Otan, Russie

Les guerres et tensions géopolitiques actuelles rappellent de précédentes périodes de l’Histoire. Les enjeux sont cependant beaucoup plus importants.

Nous nous sommes déjà demandés si la Troisième Guerre mondiale avait commencé, en février dernier. Nous y revenons. Il ne s’agit pas d’une question facétieuse destinée à attirer l’attention. C’est une question légitime.

Il arrive souvent que des événements d’une importance capitale commencent de façon anodine et prennent une ampleur incontrôlable. Rétrospectivement, il semble évident qu’une guerre était inévitable. Mais sur le moment, ce n’est pas du tout évident. Les événements peuvent sembler déconnectés les uns des autres, et il est loin d’être évident qu’une guerre est inévitable.

La Première Guerre mondiale n’était pas appelée ainsi à l’époque. C’était la Grande Guerre. Ce n’est que lorsque que la Seconde Guerre mondiale a éclaté que le nom de Première Guerre mondiale lui a été donné.

A quel événement doit-on attribuer le début de la Seconde Guerre mondiale ? La plupart des historiens remontent le début de la guerre à l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, le 1er septembre 1939. Cependant, pour de nombreux Américains, la guerre a commencé le 7 décembre 1941, lorsque le Japon a bombardé Pearl Harbor et que les Etats-Unis ont déclaré la guerre au Japon.

Mais on peut pardonner aux Chinois de dire que les deux dates sont erronées. Les Chinois considèrent l’invasion de la Mandchourie par le Japon le 18 septembre 1931 comme le véritable début de la Seconde Guerre mondiale.

Une question de perspective

Le fait est que le début et la fin des guerres mondiales, et d’autres conflits majeurs, ne sont pas aussi tranchés que le voudraient les historiens. C’est souvent une question de culture et de perspective.

Cela nous amène à évaluer l’état actuel du monde. Quelqu’un a-t-il brandi une bannière, ou déclaré que la Troisième Guerre mondiale avait commencé ? Non. Est-il fréquent que des guerres de broussailles et des guerres par procuration se déroulent dans plusieurs parties du monde sans qu’il y ait un danger évident de coalescence en une conflagration mondiale ?

La réponse est oui.

Les guerres qui se déroulent aujourd’hui ne sont pas toutes de petite envergure et certaines sont même très importantes. Mais surtout, elles impliquent directement ou indirectement de grandes puissances telles que les États-Unis, la Chine et la Russie, ainsi que d’importantes puissances secondaires, y compris des puissances nucléaires comme la France et le Pakistan.

En outre, les enjeux sont considérables, notamment l’avenir de l’Otan, le contrôle de l’Europe de l’Est, le contrôle du pétrole du Moyen-Orient et l’approvisionnement mondial en uranium. Plus que l’état actuel de ces conflits, c’est la probabilité d’une escalade menant à une guerre nucléaire sans marche arrière qui est préoccupante.

Passons brièvement en revue ces conflits critiques. Ce faisant, n’oubliez pas que nous nous trouvons peut-être dans une période similaire aux guerres des Balkans (1912-1913), qui ont précédé la Première Guerre mondiale, ou les guerres entre le Japon et la Chine (1931-1937), qui ont précédé la Seconde Guerre mondiale.

Il se peut que le génie soit déjà sorti de la bouteille.

Retournements en Ukraine

Le conflit en Ukraine marque le point de départ évident de la guerre. La Russie est en train de gagner cette guerre de manière décisive. Une première contre-offensive ukrainienne a été anéantie le 6 juin, puis une nouvelle l’a été, après un redémarrage de l’offensive, à la fin du mois de juillet. L’Ukraine utilise désormais des tactiques d’infanterie légère, car nombre de ses blindés ont été détruits par les mines et l’artillerie russes, et laissés en flammes sur le champ de bataille.

Les « armes miracles » occidentales, notamment les batteries de missiles Patriot, l’artillerie HIMARS, les véhicules de combat Bradley, les chars Leopard, les chars Challenger et les missiles de croisière Storm Shadow ont été à de nombreuses reprises détruits ou interceptés par une combinaison de missiles hypersoniques russes, de défenses antiaériennes, d’artillerie ou de mines, ou ont été neutralisés par le brouillage des signaux GPS et d’autres outils de guerre électronique.

Les morts au combat ukrainiens sont estimés à plus de 200 000 et tout cela pour rien.

L’Ukraine n’a aucune chance de gagner la guerre, mais celle-ci pourrait tout de même s’intensifier. L’équipe de Biden ne veut pas admettre une défaite humiliante. Ils veulent que la guerre se poursuive jusqu’après les élections de 2024 afin d’aider les chances de réélection de Biden. Après cela, Biden (s’il gagne) abandonnera les Ukrainiens tout comme il a abandonné les Afghans en août 2021.

La poursuite de la guerre implique de nouvelles actions agressives dans les environs de la mer Noire (impliquant éventuellement des navires roumains ; la Roumanie est membre de l’Otan), la fourniture d’armes à sous-munitions de 155 mm et le regroupement de troupes polonaises (un autre membre de l’Otan) à la frontière du Belarus, pays qui est lié à la Russie par un traité d’alliance. La Pologne a ses propres visées sur l’Ukraine occidentale, dans le cadre d’une renaissance de la République des Deux Nations (Pologne-Lituanie), qui a existé de 1569 à 1795.

Si la Russie est poussée à faire couler un navire de guerre roumain ou si la Pologne pénètre en Ukraine occidentale, vous avez un prétexte pour déclencher l’article 5 du traité de l’Otan, ce qui conduirait plus ou moins directement à la Troisième Guerre mondiale, y compris l’utilisation des armes de destruction massive.

Si la Russie est poussée à faire couler un navire de guerre roumain ou si la Pologne pénètre en Ukraine occidentale, vous disposez d’un prétexte pour déclencher l’article 5 du traité de l’OTAN, ce qui conduirait plus ou moins directement à la Troisième Guerre mondiale, y compris à l’utilisation d’armes nucléaires tactiques. M. Biden se moque de tout cela et les bellicistes américains, comme la vice-secrétaire d’État Victoria Nuland, l’encouragent.

Mais d’autres enjeux pourraient mener à un résultat similaire. Nous les étudierons demain.

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