Donald Trump tempête, les investisseurs paniquent, les marchés chutent… mais l’essentiel n’est pas là.
Les investisseurs s’inquiètent et les actions chutent.
« Et si Le Donald était vraiment sérieux, avec cette histoire de guerre commerciale ? » se demandent-ils.
Certains de nos collègues les plus fiables avaient prévu qu’il irait jusqu’au bout, imposant des taxes douanières de 25% sur 200 Mds$ supplémentaires de marchandises chinoises.
Meilleur politicien qu’homme d’affaires
Le New York Times a trouvé le moyen de mettre la main sur les déclarations fiscales du président américain entre la fin des années 1980-début des années 1990. Elles révèlent ce que nous soupçonnions depuis toujours : Le Donald est bien meilleur politicien qu’homme d’affaires ou négociateur.
Quasiment tous les accords qu’il a passés sur la période étaient désastreux. Il a perdu plus d’un milliard de dollars, selon les gros titres. Au bord de la banqueroute, il s’est tiré d’affaire – selon l’article – principalement en manipulant les cours boursiers.
C’est-à-dire qu’il a fait semblant d’être un prédateur d’entreprises… achetant des actions et faisant savoir qu’il avait l’intention de lancer une OPA.
Cela poussait les spéculateurs crédules à acheter aussi – comptant sur le milliardaire pour faire grimper le prix de l’action tandis qu’il luttait pour le contrôle de l’entreprise. Ensuite, Trump vendait discrètement ses positions à mesure que les prix grimpaient.
Ces derniers jours, M. Trump doit observer la chute des marchés. Il sait que les actions grimpent et baissent. Et il a la ferme intention d’accuser la Fed du prochain retournement.
Il y a donc de bonnes chances qu’il affirme prochainement qu’il y a eu « des progrès » dans les discussions avec la Chine… qu’il fasse quelques déclarations vantardes… et qu’il recule sur tout ce qui pourrait causer une nouvelle vague de ventes sur les marchés boursiers.
Nous y reviendrons…
Nous de majesté
En attendant, nous abordons une petite question qui mène – comme une mèche sur une bombe – à une plus grande.
Un lecteur s’insurge contre notre utilisation du « nous de majesté » :
« Bonjour Bill, pour la majeure partie j’apprécie la lecture de vos Chroniques. Cependant, je trouve votre utilisation du ‘nous de majesté’ très rébarbative. Même si je suis canadien, je méprise la monarchie et je suis certain que bon nombre de gens, dans votre grande république au sud, partagent mes sentiments sur le sujet. Est-ce que je passe à côté de quelque chose ? Peut-être l’avez-vous déjà expliqué ? Si non, quel est le raisonnement sous-jacent ? »
La reine d’Angleterre utilise le « nous de majesté » pour signifier qu’elle ne parle pas pour elle-même mais pour la Couronne… une institution qui existe depuis des centaines d’années avant sa naissance et va, vraisemblablement, durer des centaines d’années encore après sa mort.
A la Chronique, nous n’utilisons pas le « nous de majesté ». Nous utilisons le « nous de modestie »… un « nous » de plébéien, bas de gamme, populaire – qui n’aspire à aucune grandeur ni même médiocrité.
Car nous sommes là… écrivant dans une maison que nous n’avons pas construite… dans un pays qui n’est pas le nôtre… portant des vêtements que nous n’avons pas conçus… regardant tomber une pluie que nous n’avons pas causée…
… Et transmettant des idées qui ne sont pas originales. Même lorsque nous pensons avoir eu une illumination, nous découvrons plus tard que quelqu’un a eu la même il y a 2 000 ans.
Pas une seule molécule de notre organisme, pas une seule pensée de notre cerveau, pas un seul sentiment de notre coeur ne vient de nous. Ce serait vanité que d’utiliser la première personne du singulier ; il n’y a rien de singulier à qui nous sommes ou ce que nous faisons.
Nous n’avons ni sceptre ni orbe ; nous n’avons qu’un ordinateur portable.
Nous ne portons pas la pourpre impériale. Nous préférons le brun et le gris ; nous nous habillons de couleurs fades pour pouvoir réfléchir en couleurs vives.
Nous n’avons pas de trône, d’influence, de privilèges, de gardes armés pour nous protéger.
Nous ne parlons pas pour la Couronne, mais pour tous ces gens du commun qui essaient d’additionner deux et deux…
Et nous utilisons le « nous » pour tenir compte de tous les vrais penseurs que nous avons réquisitionnés…
… tous les poètes torturés dont nous avons mal compris et mal utilisé les chants…
… tous ces gens intelligents dont nous avons volé les idées, présentées comme si elles étaient les nôtres…
… tous ces scientifiques, statisticiens et économistes dont nous avons détourné et maltraité les chiffres…
… et toutes ces générations qui nous ont précédé et qui – à force de malchance, impolitesse et mauvaises décisions – ont appris des leçons douloureuses pour que nous n’ayons pas à les réapprendre…
« Nous » parlons pour eux tous – de notre mieux.
Le temps et l’amour
A mesure que le temps passe – et là nous nous flattons peut-être en pensant que nous réfléchissons plus clairement – les vanités de la jeunesse… l’illusion d’éternité… les passions et les compétitions – pour avoir le plus gros compte en banque, la plus grosse voiture, la plus grosse maison, les plus gros muscles, le plus gros vous-savez-quoi –, tout cela est abandonné en chemin, comme des pianos dans la jungle.
Tout ce qu’il reste, c’est la réalité, nue et toute fripée, du temps et de l’amour.
Par-dessus tout, nous utilisons « nous » par sympathie pour tous ces pécheurs, benêts et crétins que le temps et l’amour ont complètement détruits… ceux qui ont ressenti le plus intensément et le plus horriblement la vérité vacante… laissant leurs pauvres âmes torturées se tordre dans quelque puits de cendres en enfer.
La sagesse a un prix : nous prenons de l’âge. Mais certains paient chèrement… et n’en ont pas vraiment pour leur argent.
Nous parlons des deux personnes parmi les plus âgées et les plus reconnues du monde financier – Warren Buffett et Charlie Munger.
Lorsqu’on lui a demandé ce qui comptait le plus pour lui, M. Buffett a répondu : « le temps et l’amour ». Il a raison sur ce point.
Mais ils se trompent tous les deux sur ce qu’ils affirment comprendre le mieux.
A suivre…