La Chronique Agora

Europe : Quand les politiques climatiques menacent la compétitivité industrielle

Les malheurs économiques de l’Europe sont en grande partie auto-infligés.

Pour la première fois en 87 ans d’existence, Volkswagen, le plus grand employeur d’Allemagne, envisage de fermer des usines dans le pays d’origine du constructeur automobile.

Au début de l’année, VW s’est engagé à investir 2,7 milliards d’euros pour accroître sa capacité de production en Chine. Dans le même temps, l’entreprise publique chinoise Changan s’est implantée en Allemagne pour commencer à y vendre ses véhicules électriques.

La demande plus faible que prévu pour ses véhicules électriques (VE) en Europe jouerait un rôle important dans les difficultés rencontrées par Volkswagen. Cela montre une fois de plus à quel point les politiques climatiques et environnementales de l’UE ont été préjudiciables à l’Europe.

La décision de l’UE d’imposer une interdiction de facto en 2035 sur un produit pour lequel les fabricants européens comme Volkswagen sont compétitifs – les voitures à moteur à combustion – a effectivement fonctionné comme une subvention pour les véhicules électriques, un produit pour lequel les fabricants chinois et américains sont plus compétitifs.

Que l’UE soit protectionniste ou non, tout le monde s’accorde à dire qu’elle ne devrait pas faire tout ce qui est en son pouvoir pour désavantager sa propre industrie. C’est pourtant ce qui se passe, alors qu’il est loin d’être évident que l’empreinte environnementale des véhicules électriques est supérieure.

Des droits de douane pour corriger des politiques défaillantes ?

Le projet de l’UE d’augmenter les droits de douane sur les importations de véhicules électriques chinois ajoute l’insulte à la blessure. L’ancien président des Etats-Unis, Ronald Reagan, a décrit la vision de l’économie qu’avait le gouvernement : « Si elle bouge, taxez-la. Si elle continue à bouger, réglementez-la. Et si elle s’arrête, subventionnez-la. »

Les constructeurs automobiles européens ont dû supporter des années de fiscalité élevée, notamment sur la main-d’œuvre, mais c’est finalement la réglementation européenne, comme l’interdiction des moteurs à combustion dans l’UE, qui leur porte gravement préjudice aujourd’hui.

Des subventions sont toutefois prévues. En janvier, l’UE a annoncé l’octroi de 4 milliards d’euros d’aides d’Etat à de nouvelles usines produisant des batteries électriques pour voitures, des pompes à chaleur et des panneaux solaires, dans l’espoir d’accélérer la production et l’adoption de technologies vertes, tout en luttant contre les importations chinoises bon marché.

Oui, ces importations chinoises sont subventionnées. Ce devrait donc être le problème des Chinois s’ils paient pour que des produits moins chers soient exportés vers l’Occident. Par ailleurs, les droits de douane de l’UE rendent les importations plus coûteuses pour les consommateurs européens et les représailles de Pékin sont déjà en cours.

Tout d’abord, avant d’imposer des droits de douane sur les importations chinoises, l’UE devrait cesser d’éroder la compétitivité de l’Europe avec sa coûteuse réglementation sur « l’accord vert » – que la présidente de la Commission européenne, Mme von der Leyen, refuse toujours d’abroger. Au contraire, sa Commission redouble d’efforts, par exemple avec de nouvelles réglementations pour calculer l’empreinte CO2 des batteries de voitures électriques, qui désavantageraient massivement l’industrie allemande, selon Wirtschaftswoche.

Plus fondamentalement, les expériences inspirées par l’UE en matière de stabilité de l’approvisionnement énergétique ont grandement nui à la compétitivité de l’industrie européenne, en particulier de l’industrie chimique. En juin, Jim Ratcliffe, fondateur du géant de la chimie Ineos, a déclaré que l’industrie pétrochimique européenne était « finie », car elle n’était pas en mesure de concurrencer les Etats-Unis en raison du coût élevé de l’énergie et du carbone en Europe. Les décideurs politiques n’ont malheureusement pas tenu compte de ses mises en garde concernant la taxation du carbone dans l’UE, qui fait fuir les investissements.

CBAM

M. Ratcliffe a ainsi fait référence au « Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières » (CBAM) de l’UE, un tarif climatique imposé à certaines importations, introduit parce que l’UE estime qu’il est injuste que d’autres régions n’adoptent pas les politiques climatiques coûteuses de l’Europe.

Cette mesure a déclenché un conflit majeur avec l’Inde, puissance commerciale émergente, qui conteste le CBAM auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En outre, les pays africains sont également opposés au CBAM, car on estime qu’il leur coûterait 25 milliards de dollars par an.

Il est regrettable de constater que l’approche punitive de l’UE en matière de politique climatique a désormais également affecté sa politique commerciale. Les obligations de déclaration pour les importateurs de produits à forte intensité d’émissions frustrent profondément les entreprises européennes, qui se sont plaintes de ne pas pouvoir se conformer aux réglementations CBAM, alors qu’elles s’attendent à un nouveau durcissement de la part de Bruxelles.

Sarah Brückner, responsable du département Environnement et développement durable de l’Association de l’industrie mécanique (VDMA), a déclaré : « Les données réelles sont souvent tout simplement indisponibles, soit parce que les fournisseurs ne les collectent pas, soit parce qu’ils ne veulent pas les divulguer. »

Pourtant, une autre approche est envisageable. Elle est défendue par les membres de la Climate & Freedom International Coalition, un groupe d’universitaires et de décideurs politiques qui ont rédigé un traité international, basé sur l’exploitation des marchés libres pour parvenir à des solutions neutres en carbone.

Les pays qui signent ce traité, qui sert d’alternative de libre marché à l’Accord de Paris collectiviste, bénéficieraient d’avantages commerciaux s’ils mettent en oeuvre des politiques de libre marché favorables au climat. Les signataires accepteraient ainsi de libéraliser leurs marchés, une proposition suggérant que les entrepreneurs et les financiers de ces pays signataires du traité soient incités à investir dans des « biens, usines et équipements » – des actifs essentiels à la croissance à long terme des entreprises – par le biais d’obligations CoVictory exonérées d’impôts, de prêts et de fonds d’épargne. L’objectif est de réduire les coûts d’emprunt d’au moins 30% et de promouvoir ainsi l’investissement dans des technologies plus récentes et plus propres.

D’autres recommandations comprennent des réductions fiscales ciblées (Clean Tax Cuts, CTC) dans les quatre secteurs responsables de 80% des émissions de gaz à effet de serre – les transports, l’énergie et l’électricité, l’industrie et l’immobilier – ainsi que des réductions fiscales visant à briser les monopoles. Il s’agit d’éliminer les impôts sur les bénéfices pour les investisseurs qui acquièrent des sociétés monopolistiques et des entreprises publiques, dans le but d’encourager la libéralisation du marché de l’énergie parmi les membres du traité.

En outre, des « réductions d’impôts pour changer la donne » sont proposées pour récompenser les entreprises qui réalisent des innovations de rupture significatives réduisant considérablement les émissions de gaz à effet de serre, en offrant une exonération fiscale de 15 ans sur ces bénéfices.

Nous verrons demain quelles alternatives à Chine existent aujourd’hui.

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