La Chronique Agora

Economie US : six choses impossibles avant le petit-déjeuner

Joe Biden a dévoilé son plan de « relance »… et les chiffres sont vertigineux. Encore faudrait-il que tout ce nouvel argent serve à quelque chose.

Il va falloir s’accrocher…

La semaine dernière, Joe Biden a donné la mesure de son plan de relance : 1 900 Mds$. Le journal Le Monde nous dit à quoi ils devraient être employés :

« Parmi les mesures les plus marquantes du président élu, la hausse du salaire minimum fédéral de 7,25 à 15 $, un chèque fiscal individuel supplémentaire de 1 400 $, la prolongation des allocations-chômage fédérales (400 $ par semaine) et 170 Mds$ pour rouvrir les écoles et renflouer le système éducatif en faillite, ainsi qu’un financement massif de la lutte contre la pandémie. »

Lavage de cerveau

Dans une démocratie moderne, le rôle du citoyen, après une période adéquate passée dans les écoles publiques, est de croire à six choses impossibles avant le petit-déjeuner… et six de plus après le goûter.

Tesla vaut 800 Mds$. Bien sûr.

Joe Biden va rendre les Etats-Unis plus libres et plus prospères que jamais – mais oui !

Et comment va-t-il s’y prendre ? Avec plus de relances, de stimulus, bien entendu.

Heureusement, votre correspondant dormait pendant ses cours d’éducation civique… et il a donc manqué l’important lavage de cerveau essentiel pour le gouvernement.

Mettons les choses à plat.

Les autorités n’ont pas d’aide à offrir. Elles sont ruinées… sur la paille… sans le sou. Elles ne cuisent pas de pain à offrir aux pauvres. Elles ne filent pas de laine pour vêtir ceux qui sont nus. Et elles ne plantent pas de clous pour construire des maisons protégeant les sans-abris.

Tout ce qu’elles peuvent faire, c’est distribuer plus de fausse monnaie. Quelle « aide » est-ce que cela apportera – c’est le sujet de nos divagations aujourd’hui.

Un miracle moderne

Imaginez deux naufragés sur une île déserte. L’un cueille des baies. L’autre ramasse des noix. Ils commercent entre eux, en fonction de la masse monétaire qu’ils avaient en poche lorsque leur navire a coulé.

Voilà qu’un bateau de croisière passe par là. Des touristes bien intentionnés, voyant les deux hommes vêtus de guenilles, leur lancent de l’argent – suffisamment pour doubler leur masse monétaire (à titre de comparaison, la masse monétaire US M1 a grimpé de 70% l’an dernier).

Cela n’a pu que stimuler l’économie de leur île, non ? Chacun avait plus d’argent à dépenser.

Quelle différence est-ce que cela a fait ? Aucune. L’argent supplémentaire ne les a pas aidés à trouver plus de noix ou récolter plus de baies.

Mais tout comme les lettrés ecclésiastiques médiévaux pouvaient expliquer le miracle de la transformation de l’eau en vin, les économistes diplômés modernes, Joe Biden, les éditorialistes et même l’abonné moyen du New York Times peuvent expliquer la magie consistant à transformer la monnaie de la « planche à billets » en richesse réelle.

« Stimulus », disent-ils. Le mot glisse sur les lèvres et coule sur le papier. Il fait naître l’image d’un homme buvant une tasse de café… feuilletant un magazine X… ou affrontant un peloton d’exécution.

Cela suggère qu’avec assez d’encouragements, il pourrait modifier son comportement. Il pourrait marcher d’un pas plus alerte. Il pourrait travailler plus dur. Il pourrait prendre plus de risques avec son temps et son argent ; il pourrait devenir plus productif.

Stimulation agressive

Ça, c’est la théorie… aussi pathétique soit-elle.

Comment est-ce que cela fonctionne ? Nous n’allons même pas mentionner le Zimbabwe, le Venezuela ou l’Argentine… vous connaissez déjà l’histoire.

Par ailleurs, nous savons ce que vous pensez :

Ce sont-là des « trous m***iques », pour reprendre la célèbre formule de Donald Trump.

Les Etats-Unis sont différents, n’est-ce pas ?

Sauf qu’impossible, c’est impossible… peu importe où on se trouve. Et l’argent de la planche à billets causes des désastres partout.

Les Etats-Unis ont commencé à y avoir massivement recours suite à la crise de 2008-2009. Depuis, le bilan de la Réserve fédérale – une bonne mesure de la quantité d’argent injectée – est passé de moins de 900 Mds$ à près de 7 500 Mds$.

Jamais encore les Etats-Unis n’avaient tant « imprimé », ni « stimulé » leur économie avec autant d’agressivité.

Croissance léthargique

Et que s’est-il passé ?

Tandis que la Fed augmentait la masse monétaire de près de 189% par an… le PIB réel – qui mesure en gros les échanges de biens et de services dans l’économie US – s’est tout juste développé, au taux annuel de 1,3%.

Qu’est-ce que cela donne par rapport aux 10 années précédentes ?

Voici le plus choquant. Sur ces années, de 1999 à 2008, la Fed a « stimulé » son économie deux fois moins qu’entre 2009 et 2020… tandis que l’économie (telle que mesurée par le PIB) s’est développée deux fois plus rapidement.

En d’autres termes, le « stimulus » a rendu l’économie US plus léthargique.

Depuis que les Etats-Unis ont accéléré leurs efforts de relance en 2008, le taux de création de richesse a été divisé par deux.

Alors, M. Biden… plus de stimulus ? Bien sûr, pourquoi pas !

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