Les Etats-Unis ont-ils commis une énorme erreur dans leur manière d’affronter la crise du coronavirus ? Voici comment Donald Trump pourrait expliquer la situation à ses concitoyens (mais ne le fera jamais).
Cette semaine, nous essayons d’aider Donald Trump à se comporter en vrai chef d’Etat – en lui proposant un « discours à la nation américaine » : après un bref détour par la Prohibition hier, nous arrivons aujourd’hui au vif du sujet, le coronavirus.
M. Trump pourrait donc continuer en ces termes…
« Si je m’adresse directement à vous ce soir, c’est parce que je pense que nous sommes en train de commettre une autre erreur – une très grosse erreur. Je parle de la ‘guerre’ que nous menons actuellement contre le Covid-19. Elle est motivée par des craintes et une hystérie similaires à celles qui régnaient durant la Prohibition.
« Les médias fourmillent d’histoires macabres… les hôpitaux débordent… le nombre de cas s’envole… le nombre de cadavres augmente. Mais on pourrait dire la même chose de n’importe quelle autre forme de grippe.
« La grippe espagnole de 1918 a tué 0,5% de la population américaine. La grippe asiatique de 1957 n’en a tué qu’un dixième, soit 0,06% des Etats-Unis. La grippe de Hong Kong de 1968 a emporté 0,05% de la population américaine, tandis que la grippe porcine de 2009 n’a fait que 0,004% de victimes aux Etats-Unis.
« La semaine dernière, le nombre de décès dus au coronavirus s’élevait à 0,05% aux Etats-Unis. Le chiffre final sera probablement proche des 0,1% – soit un dixième de pourcent de la population.
« Evidemment, nous ne voulons pas perdre des gens à cause de la maladie. Mais nous ne voulons pas non plus succomber à une panique excessive.
« Depuis ses débuts, l’humanité a connu des maladies infectieuses. Pour l’instant du moins, nous ne les avons jamais entièrement vaincues. Mais elles ne nous ont pas non plus battus. Elles nous rendent malades, mais elles ne nous tuent généralement pas. Pour les virus, nous sommes beaucoup plus utiles vivants – parce que nous toussons, nous éternuons et ainsi nous les propageons – que morts.
« C’est probablement la raison pour laquelle le Covid-19 ne tue généralement pas les personnes les plus ‘socialisées’, les jeunes : ce sont eux les meilleurs vecteurs de maladies. Regardons les chiffres. »
Quelques chiffres sur le coronavirus
« Si vous avez moins de 24 ans, vos chances de mourir du coronavirus sont très faibles – statistiquement, elles ne sont même pas significatives du point de vue statistiques. Vous avez beaucoup plus de chances de mourir dans un accident de voiture. Bien sûr, nous pourrions interdire les voyages en voiture pour vous protéger, mais nous ne pensons pas que cela en vaille la peine.
« Si vous faites partie de la population active – entre 25 et 65 ans – vos chances de mourir du virus sont plus élevées, mais restent très proches des limites tolérables de la vie quotidienne. Les personnes qui meurent dans cette tranche d’âge ont environ 30 fois plus de chances de mourir d’une autre cause que du Covid-19 – du moins jusqu’à présent.
« Après 65 ans… certes, le danger augmente. Visiblement. Surtout en cas de ‘comorbidités’. Enfin, quand vous avez plus de 85 ans, vos chances de mourir de la maladie sont plus de 1 000 fois supérieures à celles d’un jeune de 20 ans.
« Mais rappelons qu’il en va de même pour presque toutes les autres maladies.
« Quand vous avez plus de 85 ans, il ne fait aucun doute que quelque chose va vous tuer – et bientôt. Le Covid-19 n’est qu’un facteur parmi d’autres ; la semaine dernière, il n’était responsable que d’environ 10% des décès dans cette catégorie d’âge sur l’année 2020.
« Notre meilleure stratégie pour lutter contre la maladie est donc évidente. Les personnes les plus vulnérables devraient se tenir à l’écart des personnes susceptibles d’être atteintes de la maladie… et attendre que le cycle viral soit passé.
« Heureusement, la plupart des personnes vulnérables ont plus de 65 ans. Elles ne sont pas obligées de sortir pour travailler… ou pour fréquenter d’autres personnes. Elles peuvent assez facilement garder leurs distances, porter des masques, se laver les mains, etc.
« Pour le reste, si ce n’était de toute l’attention des médias, la plupart des gens atteints ne sauraient même pas qu’ils l’ont. Cela ne représente pas un risque démesuré. »
Le confinement et ses deux problèmes
« Mais pourquoi ne pas écouter les médecins et confiner tout le monde pour éradiquer la maladie ?
« Il y a deux raisons à cela.
« Premièrement, si nous étions une petite nation insulaire, il serait peut-être possible d’empêcher le virus d’entrer. Dans un pays aussi vaste, diversifié et mobile que les Etats-Unis, c’est impossible. Ce serait comme essayer d’éradiquer la drogue ou l’alcool.
« Déjà, quelque 20 millions d’Américains ont probablement été atteints. Il n’y a aucun moyen de s’en débarrasser entièrement.
« Ensuite, les médecins peuvent vous dire comment éviter la maladie. Les personnes vulnérables doivent faire attention. Mais je représente toute la nation… pas seulement ceux qui ont peur d’attraper le coronavirus.
« Mettre la vie économique et sociale sous cloche peut aider quelques personnes à éviter ou à retarder la maladie, mais cela empêche aussi les gens de vivre pleinement.
« C’est en travaillant ensemble que nous satisfaisons nos besoins matériels. C’est ainsi que nous gagnons les choses que nous voulons et dont nous avons besoin. C’est au contact des autres que nous satisfaisons nos besoins spirituels, psychologiques et communautaires. Mettez fin à cela… et nous nous retrouvons plus pauvres, en tant que peuple… avec moins de ce que nous voulons vraiment dans la vie.
« Ceux qui souffrent le plus sont les jeunes – ceux qui sont en train de construire leur vie, leur carrière, leur entreprise et leur famille ; c’est aussi eux qui sont le moins vulnérables au virus.
Le cœur du problème
« Nous arrivons donc au coeur du problème. Ceux d’entre nous qui ont plus de 65 ans pourraient être plus en sécurité en forçant tous les autres – y compris les écoliers – à s’isoler.
« Mais cela étoufferait la vie de nos propres enfants et petits-enfants, et en retarderait les étapes les plus importantes. Quel genre de personnes serions-nous si nous agissions de la sorte ?
« Nous mourrons tous, tôt ou tard. Voulons-nous qu’il soit gravé sur nos pierres tombales : ‘ici repose un lâche qui a sacrifié ses propres enfants pour se protéger du coronavirus’ ?
« Certaines choses sont suffisamment importantes pour qu’on prenne un risque limité. Lors du Blitz de Londres, par exemple, les avions allemands ont largué des bombes sur la ville pendant 56 nuits d’affilée. Un million de maisons ont été endommagées ou détruites. Près de 20 000 personnes ont été tuées.
« Nuit après nuit, les habitants de la ville ont dormi sur le dur carrelage de leurs stations de métro. Puis, le matin, ils se levaient, se brossaient les dents et retournaient au travail.
« S’ils s’étaient uniquement préoccupés de leur propre sécurité, ils auraient peut-être fui la ville ou se seraient rendus. Mais d’autres choses étaient tout aussi importantes : leur dignité et leur honneur, par exemple… leur liberté… et le genre de nation qu’ils laissaient à leurs enfants. Nous ne voulons pas leur laisser une nation de mauviettes pusillanimes, de mouchards occupés à fliquer les autres et le coronavirus.
« Aujourd’hui, même si nous préférons éviter de tomber malades, d’autres choses comptent aussi. Nous ne devrions pas prendre en otage 280 millions d’Américains de moins de 65 ans… juste pour le bien-être des 50 millions d’individus qui ont plus que cet âge.
« Nous sommes déjà en train de développer de nouveaux traitements et vaccins prometteurs. En attendant, ceux d’entre nous qui appartiennent à la catégorie des personnes vulnérables savent comment se protéger. Si nous avons peur de la maladie, nous pouvons pratiquer la distanciation sociale, nous laver les mains et porter une protection faciale.
« Pour le reste, laissons les gens vivre leur vie : travailler ensemble, se rencontrer et se sourire, sans que le gouvernement n’intervienne.
« Merci. »