La récente initiative de Donald Trump en Iran n’est qu’un simulacre ; le système tient encore… et les autorités n’ont aucun intérêt à ce qu’il s’effondre. Ne vous laissez pas berner…
Le système est dans une impasse. Il a épuisé tous les subterfuges qui lui ont permis de tenir jusqu’à présent. Les récentes déclarations du gourou Ben Bernanke, ex-président de la Réserve fédéral, qui a fait il y a quelques jours l’apologie des taux négatifs et déconseillé de s’en priver, sont révélatrices.
L’échec, l’impasse sont palpables. Ce n’est plus de la prévision, c’est de la prise de conscience.
On vient de comprendre, avec la crise des repos surgie en septembre, que les réserves publiques des banques, celles qui sont stockées auprès de la banque centrale, ne sont pas de la monnaie ; ce ne sont pas des liquidités ! Il a fallu en créer en catastrophe.
Le roi est nu !
L’illusion des grands prêtres repose sur le mythe que les réserves publiques (1 400 Mds$) sont de la vraie monnaie. Ils viennent de comprendre que seules les réserves privées étaient de la monnaie… et que les unes ne remplacent pas les autres. On leur a volé le feu. C’est copernicien, pour les apprentis sorciers.
Pour durer il va falloir prendre de nouveaux risques, courir de nouvelles aventures, explorer de nouvelles pistes de mensonges et de destructions…
Il est trop tôt pour qu’il soit déjà trop tard, cependant. On peut encore repousser l’inéluctable, on peut encore tromper, avilir, faire disjoindre le réel de ses symboles et mystifier. Il est beaucoup trop tôt pour que le système se résolve à la guerre. Le peuple a encore des réserves considérables de crédulité – de vraies réserves, celles-là !
Allez, un peu de divertissement !
La situation géopolitique va donc occuper le devant de la scène pendant quelque temps. C’est normal puisque c’est voulu, conçu ainsi : occuper le terrain, divertir, monopoliser l’opinion américaine et mondiale.
Ce n’est pas être désobligeant ou cynique que de considérer que tout cela n’est que tristement secondaire. C’est du kabuki, c’est ce que l’on offre pour entretenir l’imaginaire des foules… et ce des deux côtés.
Au spectacle de l’assassinat quasi en direct sur la scène du théâtre global a répondu l’incroyable marée humaine mobilisée pour constituer la contrepartie, le pendant de l’assassinat.
Pendant ce temps, des deux côtés, on fait des calculs, on simule des jeux de guerre, des jeux de stratégie dont les peuples seraient bien étonnés s’ils en apprenaient les contenus.
On va jusqu’à pousser les cris de Sioux, à mettre les peintures de guerre – que ce soit pour se rassurer et se persuader que l’on est un combattant… ou pour effrayer l’ennemi. Il s’agit dans tous les cas de faire croire, à soi ou aux autres – mais faire croire sans dépasser les limites. La dialectique du croire et du faire.
Comment répondre sans escalader ?
Telle est la question que l’on se pose non seulement du côté iranien mais également du côté américain.
Comment rester à l’intérieur du code convenu tout en étant crédible à faire croire qu’on peut le violer ! Ce serait un jeu fascinant s’il n’était aussi méprisable.
Donald Trump joue à briser les codes, à rompre les cadres. C’est son fonds de commerce, mais je vous garantis que c’est un peureux : chaque fois qu’il a été au pied du mur, du vrai mur comme devant les Chinois, il a cédé – ce qui traduit sa nature profonde. C’est lui qui a supplié pour un accord commercial de seconde zone.
Les Iraniens sont égaux à eux-mêmes, calculateurs. Les passions n’aveuglent pas leurs visions ou leurs calculs. Ils ont un code à eux.
Trump a joué pour eux : d’abord il a réussi à rendre la présence américaine en Irak non désirable et ensuite il a refait l’unité en masse derrière les chefs religieux. Il a ressoudé ! C’est un véritable cadeau. Trump a détruit ce que des années de propagande et de blocus avaient réussi : d’un seul coup, il a bouché les fissures du système iranien.
Ensuite, il s’est dévoilé en suppliant, au lendemain de son acte d’assassinat, de ne pas en tenir compte et de ne pas procéder à l’escalade. En menaçant de mille et une rétorsions imaginaires, expressionnistes et hors la loi mondiale, Trump a révélé sa faille : étant donné son absence de phallus, il montre son c**.
Donald Trump est un homme à femmes, un homme de séduction, un homme de médias, un homme de spectacle. Pas un héros.
La démocratie ne produit pas des héros, des Churchill ou des De Gaulle ; elle produit plutôt des séducteurs, des hommes à femmes ou à mère, des enfants rois, des Macron et des Trump.
Tout est faux, apparence, théâtre d’ombres.
Quel monde !
Ces gens, tous ces gens, ont chacun leur programme. Ce sont ces programmes qui déterminent leurs actions, et ils se gardent bien de les publier.
Ces programmes produisent le réel – si on ose appeler cela le réel – par une sorte de construction parallèle, un sous-produit de leur programme.
N’oubliez jamais, cependant, que tout cela, même le plus sanglant, s’inscrit dans le cadre du grand, du colossal simulacre.
Le programme de Trump, c’est sa réélection. C’est de conserver le statut qui le protège de la déchéance, dont la perspective le terrorise. Le programme des ayatollahs, c’est la restauration de l’unité très malmenée ces derniers mois.
Imaginez le monde dans lequel nous sommes !
Un commentateur en est réduit à considérer qu’un assassinat politique de très haut niveau et une violation de souveraineté sont de simples gesticulations ! Pourtant c’est ce que nous faisons, avec presque un peu de honte : oui, tout cela c’est de la gesticulation, du spectacle lamentable, du simulacre, bref, du fake.
Que le spectacle soit coûteux est un piège. Le coût sensationnel est destiné à le rendre plus crédible mais gardez bien en tête que votre échelle de valeur, votre échelle de coût, n’a rien à voir avec les leurs. Ils peuvent se permettre de dépenser beaucoup plus, aussi bien en pognon qu’en vies humaines.
Votre notion du coût n’a aucun rapport avec la leur – car eux vivent dans un système de tiers payant. Ils ne paient jamais rien : c’est toujours vous qui payez. A notre époque, le pouvoir suprême est là : il s’agit du pouvoir de faire payer les autres, de servir sa propre volonté de puissance… en la faisant payer par les autres.
S’élever, c’est atteindre le niveau où on ne paie plus rien soi-même !
Tout ceci pour vous livrer mon opinion : il n’y a pas de risque de guerre. On vous fabrique des frissons, de l’angoisse, de l’horreur, du chaos bidon. Le monde n’est plus capable de faire la distinction entre d’un côté le réel fait de chair et de sang et d’os – et de l’autre les images, les couleurs, les sons, les sondages, les romans, les fausses émotions.
Les zozos qui prétendent gouverner ne peuvent conduire le monde, ils surfent dessus. Le monde suit son chemin en fonction des forces matérielles objectives, en fonction de ses contradictions et de ses antagonismes internes et externes. Quant à eux, pauvres minables, ils discourent sur tout cela.
Il n’y aura guerre que si le moment est venu. Entre temps, je vous fiche mon billet qu’ils sont en train de désamorcer la bombe qu’ils ont fabriquée, de s’entendre en sous-main pour reconnaître qu’ils n’ont pas envie d’aller trop loin.
Il faut que le jeu continue car les conditions du Big Reset ne sont pas réunies.
Je vous invite à utiliser cette même grille de lecture pour analyser et décoder « l’affrontement » bidon de notre Macron et de ses syndicats en ce moment…
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]