La Chronique Agora

Une crise inévitable – et prévisible

Les Etats-Unis sont en route pour une collision frontale – et toute la fausse monnaie du monde ne suffira pas à empêcher le choc.

Ces derniers jours, nous explorons la trahison des élites gériatriques. Les baby-boomers sont désormais confortablement installés dans la soixantaine et plus… Leur fortune, leur carrière, leur réputation, leur mariage, leur famille – tout est fait… et à l’abri.

Mais tous dépendent désormais de la fausse monnaie et des taux d’intérêts factices. Leurs salaires et leurs retraites… leurs portefeuilles boursiers… leurs programmes sociaux… leurs frais médicaux – cet argent doit venir de quelque part.

Cette année, les impôts levés par le gouvernement US n’ont rapporté que la moitié de l’argent nécessaire. Où trouver le reste ? Il faut l’imprimer… l’imiter… le feindre… l’invoquer grâce à la magie noire et à l’économie vaudou.

Mais plus les autorités sortent de fausse monnaie… plus elle fait de dégâts.

Déjà, le système de fausse monnaie a divisé par deux les taux de croissance du PIB depuis les années 1970 – en dépit du fait qu’il y a plus d’ingénieurs, plus de brevets, plus de nouvelles technologies et plus d’argent que jamais.

Il a ajouté de la dette… réduit la production… et augmenté les coûts dans tout le système.

Si les personnes âgées, diplômées et riches s’en sont bien sorties – grâce à la manière dont le système redirige la richesse vers le sommet –, des millions de vies ont déjà été abîmées… pliées… et endommagées…

… Par la disparition des emplois industriels à salaires élevés…

… Par la déliquescence des cités où les biens étaient produits autrefois…

… Par le transfert de 30 000 Mds$ vers l’industrie financière et les riches

… Par la baisse des taux d’intérêts et le pillage des épargnants…

… Par le confinement Covid-19… et la mise à sac de tout le secteur de la restauration/hôtellerie et des loisirs.

Le plus grand krach de tous

A l’horizon se dessine le plus grand krach de tous. Comme un train de marchandises chargé de dette… les Etats-Unis sont sur le point d’entrer en collision avec 237 000 Mds$ de « passif non provisionné ».

L’élite boomer n’a pas seulement pris soin d’elle pour le passé et le présent… Elle s’est aussi promise à elle-même des allocations santé et retraite – littéralement jusqu’à la fin des temps.

Il y a 76 millions de baby-boomers aux Etats-Unis. Aucun d’entre eux n’a hâte d’aller fumer les mauves par la racine… mais tous espèrent y arriver avant que les allocations retraite/Obamacare ne s’évaporent.

Nombre d’entre eux pensent que c’est une chose assurée… Ils pensent qu’il existe un « fonds » où se trouve de l’argent soigneusement mis de côté pour payer leurs frais. Sauf qu’il n’y a pas de « fonds », pas d’argent de côté, pas de coffre d’or nulle part.

Voici ce que l’ancien président de la Réserve fédérale Alan Greenspan avait à dire à ce sujet :

« Le terme de ‘fonds’ [pour les retraites] est un non-sens… C’est une dépense obligatoire, et il y a 0% de chances que cette dépense ne soit pas faite. Lorsque le financement s’épuisera, il n’y a aucune chance que quoi que ce soit change. Les Etats-Unis se sont engagés à des retraites qu’ils ne peuvent pas payer… »

Greenspan a raison. Il n’y a aucune chance que ces paiements ne soient pas faits…

… Mais il n’y a aucune chance qu’il y ait les fonds nécessaires pour les faire.

Collision frontale

Un objet fixe rencontre une force irrésistible.

L’estimation actuelle de ce passif non-financé – telle que calculée par le professeur Laurence Kotlikoff, de l’université de Boston – est aux alentours des 210 000 Mds$. Ajoutez à cela les 27 000 Mds$ de « dette nationale » officielle, et on atteint les 237 000 Mds$.

Qui va payer cela ? Eh bien… personne… et tout le monde.

Politiquement, cela doit être payé… ou le parti au pouvoir sera éliminé par les électeurs boomers.

Financièrement, cependant, cela ne peut pas être payé – pas sans un petit tour de magie de la part de la Réserve fédérale (qui diminuera notablement la valeur des paiements).

Non, le système ne peut pas être « réformé » ni « sauvé ». Politiquement, ces promesses sont inébranlables. Mathématiquement, elles sont impayables.

Résultat : collision frontale.

Les promesses américaines sont « une tragédie que nous voyons venir », déclare Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase. Une part si conséquente de l’économie dépend désormais de l’argent du gouvernement que si l’on réduisait les montants à venir, les dépenses de consommation baisseraient… et l’économie US s’effondrerait.

Toujours plus de renflouages

C’est pour cela qu’un nouveau CARES Act – un plan d’aide et de relance – devient plus urgent. Le rebond du PIB auquel nous avons assisté au troisième trimestre, que les commentateurs ont pris pour une preuve de reprise, était factice. Il était presque entièrement financé par la fausse monnaie de la Fed.

A présent, cet argent commence à s’essouffler. La reprise aussi. Que peuvent faire les vieux croûtons, sinon en imprimer plus ?

Et que se passera-t-il à mesure qu’ils impriment de plus en plus d’argent, tentant de faire en sorte que le train reste sur les rails ?

Il ne reste que quelques semaines avant l’élection. Nous sommes d’avis que le Donald – fraîchement sorti de l’hôpital – et toute l’équipe des décideurs républicains seront si désireux d’annoncer un nouveau sauvetage… et un nouveau boom boursier mirifique…

… Qu’ils accueilleront à bras ouverts un renflouage bien plus gros que celui qu’ils avaient proposé à l’origine.

En d’autres termes, ils se dégonfleront : ils éviteront un krach aujourd’hui… mettant tout en place pour un krach encore plus grave – plus tard.

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