Les Etats-Unis poursuivent un déclin entamé début de ce siècle : qui prendra leur suite ? La Chine n’est pas aussi solide qu’elle semble l’être…
« La Chine a un gros avantage », nous a dit un ami après le dîner. « Elle n’a pas d’élections tous les quatre ans.
« Aux Etats-Unis, tous les quatre ans, le parti au pouvoir tente de garantir sa réélection en stimulant l’économie. C’est pour cette raison que Trump doit passer un accord avec la Chine.
La Chine, elle n’a pas à se soucier d’une élection. Elle peut poursuivre ses objectifs politiques de long terme. Pas les Etats-Unis. »
Un moyen de corriger les erreurs ?
Selon le mythe qui prévaut aux Etats-Unis, les élections donnent au « peuple » un moyen de corriger les erreurs commises lors des précédents suffrages.
En pratique, les décisions importantes sont prises par une élite qui n’est jamais soumise au verdict des urnes et dont le principal but politique – obtenir plus d’argent et de pouvoir pour elle-même – ne change jamais.
Il y a cependant différentes factions dans le Deep State.
Elles s’affrontent lors des élections, et tentent d’améliorer leurs chances de gagner en trompant le peuple avec de la fausse monnaie et du crédit bon marché.
C’est pour cela que M. Trump pousse la Réserve fédérale à réduire les taux de 100 points de base.
« A présent, les Chinois connaissent le point faible de M. Trump », a continué notre interlocuteur. « Derrière toutes les menaces et les vantardises, il a une élection à gagner. Et je ne crois pas qu’ils l’aideront à le faire. »
Un empire vieillissant et craintif
L’ancien président Jimmy Carter a envoyé une lettre à M. Trump.
Il y soulignait une autre force structurelle du système chinois : ils ne gaspillent pas leur argent en gabegies militaires.
« Combien de kilomètres de chemin de fer à grande vitesse avons-nous dans ce pays ? La Chine en compte environ 29 000 km, tandis que les Etats-Unis ont gâché, il me semble, 3 000 Mds$ en dépenses militaires ; c’est plus qu’on peut l’imaginer. La Chine n’a pas gâché un seul penny dans des guerres, et c’est pour cela qu’elle est devant nous.
Selon moi, la différence est que si l’on prend 3 000 Mds$ et qu’on les investit dans l’infrastructure américaine, il resterait probablement 2 000 Mds$ ; nous aurions des lignes à grande vitesse correctement entretenues. Notre système éducatif serait aussi bon que celui de la Corée du Sud, par exemple, ou de Hong Kong. »
Une puissance ancienne regarde vers l’arrière. Une nouvelle puissance regarde vers l’avenir. Un empire vieillissant, craintif, épuise sa richesse en tentant de conserver son pouvoir… et de protéger sa position en tant que première économie au monde.
Son rival s’en tient aux affaires. La Chine, la Russie, l’Allemagne – toutes doivent affronter autant d’« ennemis » que les Etats-Unis. Mais aucun de ces pays ne dépense plus d’une fraction que ce que les USA gaspillent pour leur armée.
Des planchers historiques
Dans le même temps, la bulle obligataire continue d’enfler tandis que les rendements atteignent des planchers historiques.
Le rendement du 10 ans US, le crédit « sans risque » le plus stable de la planète, a été divisé par deux lors des 10 derniers mois. Il est passé de 3,2% à seulement 1,6%.
La terre tremble. Il se prépare quelque chose d’énorme. Une révélation va nous être faite, c’est sûr… mais laquelle ?
Dans ces pages, nous avons vu que la fine fleur du capitalisme américain – les valeurs du Dow 30 – a perdu plus de la moitié de sa valeur (en termes d’or) en 20 ans.
Cela, ainsi qu’une myriade d’autres indicateurs, suggère que la longue promenade des Etats-Unis du côté ensoleillé de la rue a pris fin lorsque le XXIème siècle a commencé.
Notre collaborateur Dan Denning, qui nous rend visite en France, est d’avis que le marché obligataire signale lui aussi que les Etats-Unis ont traversé la rue :
« Historiquement, une bulle obligataire [rendements bas, prix élevés] marque le transfert de pouvoir d’un pays à un autre. Le pouvoir suit l’argent ; l’argent suit le pouvoir.
Le pays dominant impose sa monnaie. A mesure qu’il devient plus riche et plus puissant, sa dette et sa devise deviennent plus importantes pour l’économie régionale.
Souvent, cela semble mener à une surévaluation de ses obligations… provoquant une bulle. Lorsque la bulle éclate, le pouvoir passe à une puissance montante.
La dernière bulle obligataire de cette taille s’est produite lors du déclin de Venise ; l’Espagne a pris la tête. Le pouvoir est passé de Venise à l’Espagne, puis aux Pays-Bas, à l’Angleterre et enfin aux Etats-Unis. C’est juste comme ça que ça marche. »
Un gâchis de capital
Durant les années 60, les économistes ont été induits en erreur par la quantité brute d’acier et les millions de kilowatts d’électricité produits par l’Union soviétique.
Il s’agissait de signes de « croissance » – c’est du moins ce que pensaient les économistes.
Mais si la planification centrale peut imiter la croissance économique, elle produit rarement de réels progrès.
Aujourd’hui, l’infrastructure chinoise qui ravit Jimmy Carter est probablement plus le reflet de capitaux gaspillés que d’une véritable croissance économique.
Et, pour l’instant, la Chine ne semble pas prête pour jouer le premier rôle. Son économie n’est pas vraiment le champion qu’elle paraît être.
Certains de ses investissements – comme les lignes à grande vitesse – pourraient rapporter… mais pas la majorité.
Un piteux effondrement
Comme nous l’avons souligné hier, les gouvernements ont bien plus de chances de détruire du capital que d’en créer.
Mais les changements majeurs, en matière de puissance économique, prennent des décennies.
Il semble que les Etats-Unis aient commencé à décliner après 1999. Il est très probable que la prochaine crise accélérera la dégringolade.
Peut-être que, dans le même temps, la Chine subira elle aussi un piteux effondrement économique… mais apprendra de ses erreurs… et sera ainsi prête à prendre sa place en tant que première économie au monde.
Mais peut-être aussi qu’elle n’apprendra rien du tout… et continuera de dominer un monde de gouvernements socialistes/de planification centrale encore plus idiot.
Comme toujours, personne ne sait rien.