Cupidité, arrogance, combat pour un nouveau monde… entre la Chine et les Etats-Unis, la guerre commerciale est en train de prendre une dimension plus inquiétante.
Dans une série d’éditoriaux et d’articles publiés lundi et mardi, les médias chinois ont critiqué la « cupidité et d’arrogance » de l’administration Trump.
Ils ont appelé à une « guerre populaire » visant les Etats-Unis « avec précision » alors que la Chine entame un « combat pour un nouveau monde ».
« La chose la plus importante est que dans cette guerre commerciale sino-américaine, la partie américaine se bat pour la cupidité et l’arrogance […]. La partie chinoise se bat pour protéger ses intérêts légitimes », dit un éditorial publié par l’agence Xinhua News et Le Quotidien du Peuple.
Appelant au boycott indirect des produits et services américains, l’éditorial critique Trump et suggère un soulèvement national contre l’agression américaine :
« La guerre commerciale aux Etats-Unis est la création d’une personne et d’une administration, mais cela concerne toute la population de ce pays. En Chine, tout le pays et tout le peuple sont menacés ».
La Chine appelle à la « guerre du peuple » contre les Etats-Unis et à « se battre pour un nouveau monde ».
Une mer, pas un étang…
Le Global Times a également accusé l’administration Trump d’induire les Américains en erreur au sujet des victimes des taxes douanières imposées par l’administration US.
Il a retenu l’interview de Larry Kudlow dans l’émission Fox News Sunday : le principal conseiller économique de Trump y a reconnu que les consommateurs américains souffriraient également de la guerre commerciale, contredisant l’affirmation de Trump selon laquelle la Chine paierait seule la facture.
CNN a rapporté que CCTV avait également diffusé une déclaration affirmant que la Chine allait « se battre pour un nouveau monde » :
« Comme l’a souligné le président Xi Jinping, l’économie chinoise est une mer, pas un petit étang. Une tempête peut détruire un petit étang, mais elle ne peut pas nuire à la mer. Après de nombreuses tempêtes, la mer est toujours là […]. [La] Chine […] ne veut pas se battre, mais elle n’a pas peur de se battre. »
Le Global Times s’est également moqué de la suggestion de Trump selon laquelle la hausse des tarifs forcerait les entreprises à quitter la Chine, indiquant que « les capacités de consommation et le potentiel du marché sont ce que les entreprises étrangères apprécient le plus lorsqu’elles viennent en Chine. »
En conséquence, « la Maison Blanche pourrait tout aussi bien essayer de faire appel à des sociétés américaines telles que General Motors, Ford, Apple, McDonald’s, Coca Cola et leur demander de quitter la Chine. Est-ce que l’un d’entre eux suivra ? »
L’éditorial a également laissé entendre que d’autres représailles se préparaient, affirmant que « la Chine a beaucoup de contre-mesures ciblées ».
Aux Etats-Unis, des commentateurs de haut niveau doutent que Trump soit en position de force. Ils font valoir que la décision chinoise de refuser de signer le protocole a pris Trump par surprise et que c’est mauvais signe.
Il s’est trompé et a mal analysé la situation. Sa réaction d’imposer de nouvelles taxes douanières serait une réaction de faiblesse plutôt qu’une manifestation de force.
Trump a un gros problème : il est pressé par le temps. Les Chinois, en revanche, n’ont pas ce problème puisqu’ils n’ont pas d’échéance électorale.
Les vrais enjeux sont nettement plus vastes
La Chine, l’Iran, la Russie savent que les Etats-Unis mènent une guerre hybride contre eux. Il n’y a pas plus d’illusions à Pékin qu’à Téhéran ou au Kremlin.
Les trois principaux acteurs de l’intégration eurasienne ont étudié en profondeur la manière dont Washington, dans les années 90, a dévasté l’économie de la Russie après l’URSS jusqu’à ce que Poutine réussisse un relatif redressement. Ils observent la manière dont Washington tente de détruire complètement l’Iran depuis quatre décennies.
Beijing, tout comme Moscou et Téhéran, sait tout sur la guerre hybride, un concept américain. Ils savent que le but stratégique ultime de la guerre hybride, quelle que soit sa tactique, est le chaos social et le changement de régime.
Le cas du Brésil – un membre des BRICS comme la Chine et la Russie – a été traité de façon encore plus sophistiquée : une guerre hybride initialement conçue par l’espionnage de la NSA a évolué en une procédure légale et un changement de régime via les urnes.
Au final, mission accomplie : le Brésil a été réduit à l’humble statut de néo-colonie américaine.
Xi Jinping a décidé d’en tirer les conclusions et d’en tenir le peuple informé, pour le mettre derrière lui.
C’est une nouvelle étape, décisive selon moi.