On dit souvent que l’Union européenne est à la traîne des Etats-Unis… mais il y a un domaine – surprenant – où l’UE prend la tête…
Au cours des dernières années, j’ai été particulièrement dur avec l’Union européenne. En tant qu’éditeur aussi bien qu’auteur, j’ai publié de nombreux articles critiquant sa banque centrale ainsi que son gouvernement central bureaucratique non élu.
La propension de la classe dirigeante de l’Union européenne (UE) à recourir à des manoeuvres politiques cyniques fondée sur la menace et l’intimidation des électeurs et des gouvernements nationaux qui ne se conforment pas aux souhaits de Bruxelles est particulièrement critiquable.
Rappelez-vous, par exemple, la façon dont l’UE a menacé le Royaume-Uni de représailles par le biais de taxes douanières punitives et d’actions en justice afin de dissuader les Britanniques de voter en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’UE.
[…] De plus, la Commission européenne a pris des mesures pour forcer à rentrer dans le rang de multiples Etats membres de l’UE qui ne se conforment pas aux directives européennes en matière d’immigration ou de politique intérieure.
Par exemple, au cours de l’année écoulée, Bruxelles a lancé des procédures judiciaires contre la Pologne en raison des mesures prises par le gouvernement élu pour réformer le système judiciaire du pays. L’UE a également engagé des actions en justice contre la Pologne, la Hongrie et la République tchèque en raison de leurs politiques d’immigration.
Pire encore, nombreux sont ceux qui, au sein de l’union, continuent à faire pression en faveur de ce que l’on appelle les Etats-Unis d’Europe, ce qui conduirait vraisemblablement l’Union vers une plus grande intégration politique ainsi qu’un contrôle plus étroit par le régime de Bruxelles.
En d’autres termes, l’UE est un levier de centralisation politique qui menace d’abolir purement et simplement le peu d’autonomie locale qui existe encore en Europe.
Mais… car il y a un mais…
La situation est encore plus grave aux Etats-Unis
Pourtant, malgré l’insistance de l’UE à aller dans la mauvaise direction, c’est-à-dire vers davantage de centralisation politique, elle reste remarquablement décentralisée par rapport aux standards américains.
En effet, en termes de niveau de centralisation et de contrôle de la bureaucratie centrale sur les Etats membres, l’UE est dans une bien meilleure situation que les Etats-Unis.
Cela semble évident à plusieurs égards. En matière de contrôle des frontières, de gestion des programmes sociaux et de supervision des institutions politiques des Etats membres, l’UE est sans aucun doute bien plus décentralisée que les Etats-Unis.
Plus important encore, chaque Etat membre de l’UE conserve le droit de quitter l’Union, comme l’a montré le Brexit.
En fait, pour ceux qui seraient en faveur d’une plus grande décentralisation politique aux Etats-Unis, un rapprochement de la situation actuelle de l’UE serait un pas dans la bonne direction pour les Etats-Unis, du moins en termes de structure politique – bien que l’UE elle-même se dirige actuellement dans la mauvaise direction.
L’Etat-providence européen est plus décentralisé
Un domaine clé dans lequel l’Europe reste bien plus décentralisée que les Etats-Unis concerne son Etat-providence. Les Etats membres ont la chance que leurs programmes sociaux restent décentralisés et que l’UE n’ait pas mis en place de programmes d’aide sociale comparable à la Sécurité sociale américaine.
Je ne suis pas en train de dire que l’UE n’a aucun programme de redistribution administré par Bruxelles. La bureaucratie européenne perçoit une contribution de la part de chaque Etat membre et redistribue ensuite ces fonds entre les pays de l’Union.
En pratique, cela signifie que les pays membres les plus riches sont contributeurs nets tandis que les pays membres les plus pauvres sont bénéficiaires nets de ces transferts. Ces fonds sont principalement destinés à des projets de « développement économique » ainsi qu’à l’agriculture.
Bien que ce mécanisme de transfert entre pays membres soit une réalité au sein de l’UE, cela n’a rien à voir avec le système américain basé sur un programme fédéral unique qui prélève directement des impôts auprès des contribuables puis reverse les fonds collectés directement aux individus.
Par exemple, avec la Sécurité sociale et Medicare, les travailleurs américains sont directement taxés par le gouvernement central, qui transfère ensuite ces fonds des salariés aux retraités. D’autres programmes similaires incluent les bons d’alimentation et Medicaid.
Par exemple, pour financier la sécurité sociale et Medicare [système d’assurance-santé géré par le gouvernement américain couvrant les personnes de plus de 65 ans, NDT], les travailleurs américains sont directement taxés sur leurs salaires par le gouvernement fédéral, qui transfère ensuite ces fonds aux retraités.
D’autres programmes avec un fonctionnement similaire existent, tel que Medicaid [système d’assurance-santé publique couvrant les personnes à faible revenus, NDT] et le programme de bons alimentaires.
Cela signifie que des millions d’Américains s’attendent à recevoir dans leur boîte aux lettres un chèque envoyé directement par le gouvernement fédéral. Bien que l’ensemble des Etats américains aient également mis en place leurs propres systèmes d’aide sociale, ces derniers sont généralement d’une envergure beaucoup moins importante que les vastes dispositifs de redistribution du gouvernement fédéral.
Evidemment, cela tend à donner au gouvernement fédéral un contrôle bien plus important sur la vie et les finances personnelles des citoyens Américains que si le système d’aide sociale était géré et financé au niveau des Etats ou des municipalités.
Nous verrons dès demain ce qu’il en est du côté de l’Union européenne.
Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici