La Chronique Agora

Trump relance la guerre commerciale et mise sur un dollar faible

Alors que les droits de douane repartent à la hausse et que le dollar s’affaiblit, les investisseurs s’inquiètent d’une stratégie américaine qui semble viser la dévaluation plutôt que la stabilité.

« J’aime l’idée d’un dollar fort, mais on gagne beaucoup plus d’argent avec un dollar plus faible. » – Donald Trump

Vendredi, la guerre commerciale a fait son grand retour à la une. CNN rapporte :

« Le Dow Jones chute de près de 900 points après que Trump a relancé la guerre commerciale entre les deux plus grandes économies mondiales. »

Les marchés américains ont clôturé en forte baisse après que le président Donald Trump a menacé d’augmenter les droits de douane sur les importations chinoises, ravivant les craintes d’un conflit commercial qui avait déjà secoué la planète plus tôt cette année.

Fortune précise :

« Trump va augmenter les droits de douane sur les produits chinois à 130 % et imposer des contrôles sur les exportations de logiciels le mois prochain, alors que la guerre commerciale reprend de plus belle, atteignant presque le niveau de la ‘journée de la libération’. »

L’annonce de vendredi a provoqué 2 000 milliards de dollars de pertes pour les investisseurs. Mais pas d’inquiétude : les contrats à terme sur le Dow Jones sont désormais en hausse ce matin. Pourquoi ? Parce que le président américain assure que « tout ira bien avec la Chine ».

« Ne vous inquiétez pas pour la Chine, tout ira bien ! » a déclaré Trump. « Le très respecté président Xi traverse simplement une mauvaise passe. Il ne veut pas de dépression pour son pays, et moi non plus. Les États-Unis veulent aider la Chine, pas lui nuire !!! »

Toute ressemblance entre cela et une gestion économique sérieuse est purement fortuite. La Chine et les États-Unis sont les deux plus grands « commerçants » du monde : l’un exporte, l’autre importe. Toute ingérence dans leurs échanges est une mauvaise nouvelle pour presque tout le monde.

Mais les marchés (du moins ce matin) semblent considérer que la dernière initiative de Trump n’est qu’une mise en scène ou une crise de colère passagère. Beaucoup évoquent le fameux acronyme TACO (Trump Always Chickens Out — Trump se défile toujours) pour interpréter et tirer parti de cette nouvelle explosion. Leur mot d’ordre : « achetez à la baisse ».

Pendant ce temps, ce week-end, nous participions à une conférence financière à Dublin organisée par International Living. À cette occasion, Jeff Opdyke a exposé avec clarté la véritable menace qui pèse sur les investisseurs.

« Le dollar américain a connu en 2025 une chute sans précédent au cours des 50 dernières années », a-t-il déclaré. « La dette américaine a explosé… elle atteint désormais 37 500 milliards de dollars. Et tandis que la dette augmentait, les taux d’intérêt que le gouvernement fédéral devait payer sur celle-ci ont également grimpé. Avec une moyenne de 3,75 %, ils ont doublé par rapport à il y a seulement cinq ans. »

« C’est là le véritable problème pour les États-Unis », affirme-t-il.

L’emploi, l’endettement des ménages, le logement et le dollar lui-même sont tous en baisse. Et à mesure que le dollar s’affaiblit, les prix des importations augmentent.

« Il est impossible que les États-Unis puissent un jour être autosuffisants en bananes, par exemple. Nous devons les acheter à l’étranger. Et nous les payons en dollars. À mesure que le dollar baisse, elles deviennent plus chères. »

L’idée derrière les droits de douane est de rapatrier la production manufacturière aux États-Unis. Mais selon Jeff :

« Vous pouvez oublier l’idée de ramener la plupart des entreprises manufacturières en Amérique. Le salaire horaire moyen au Vietnam est de 3,50 dollars. Il est impossible de rivaliser avec cela. Et, d’ailleurs, nous ne le voulons pas. »

« Le dollar baisse parce que de plus en plus d’étrangers ne veulent plus de cette monnaie. Pour la première fois en 50 ans, les banques centrales étrangères détiennent moins de 50 % de leurs actifs en dollars. Elles vendent des dollars, elles n’en achètent plus. »

Mais selon Jeff, la principale raison de la chute du dollar est que l’équipe Trump souhaite qu’il baisse. Elle estime qu’un dollar plus faible rendrait l’industrie américaine plus compétitive et réduirait la valeur réelle de la dette américaine.

En théorie, l’idée se tient. Mais un dollar plus faible rend aussi plus coûteux le financement de nouveaux emprunts. Les investisseurs étrangers n’aiment pas voir la valeur de leurs actifs diminuer. Ils détiennent des milliers de milliards d’actifs américains — notamment des obligations d’État. Et il semble que l’administration fasse tout ce qu’elle peut, y compris proférer des menaces tarifaires fantaisistes, pour faire baisser la valeur du dollar et des obligations américaines.

« C’est pourquoi l’or est en hausse », explique Jeff.

Les autorités fédérales doivent financer des milliers de milliards de dollars de nouvelles dettes, tout en refinançant d’autres milliers de milliards déjà existants, dans un contexte où le dollar chute et où les taux montent. Quoi qu’elles prétendent, elles n’ont guère d’autre option : imprimer davantage de dollars ou faire défaut. Dans les deux cas, l’or est appelé à grimper.

« Mais ne craignez-vous pas un recul du marché de l’or ? », demanda une voix dans le public.

« L’or atteindra probablement 10 000 dollars avant qu’une correction sérieuse ne se produise », répondit Jeff.

Nous verrons bien.

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